« Macbeth » est, de fait, l'une des plus grandes pièces de théâtre jamais écrites. Tout concourt à en faire une œuvre de premier plan : la profondeur psychologique des personnages, la complexité de l'intrigue, des ressorts scénaristiques fantastiques (spectres, sorcières, prophéties,...) qui s'intègrent parfaitement bien au récit,... et surtout une qualité d'écriture sans pareille. La plume acérée de Shakespeare est fleurie à souhaits : très imagée, elle abonde en métaphores et autres figures de style toutes mieux trouvées les unes que les autres, d'une beauté aussi réjouissante que la tonalité de la pièce est sombre. Et puis quelle histoire, tout de même! La tension entre Macbeth et la prophétie auto-réalisatrice est prodigieuse. Et à ce titre, elle trouve sans doute sa meilleure expression dans le fameux film d'Akira Kurosawa, « Le Château de l'Araignée », dominé par un Toshiro Mifune fiévreux, violemment torturé par les révélations sur son avenir exceptionnel. L'imagerie de Kurosawa sied à merveille à l'esprit de la pièce du dramaturge anglais, transposition géniale dans un Japon médiéval d'un terrible conflit moral et humain. Mais il faut dire que même à la simple lecture, « Macbeth » estomaque par la puissance des idées et des évènements qui sont convoqués. Impossible d'oublier le délire public de Macbeth, l'horreur des sorcières ou la folie de Lady Macbeth. Ce sont bien des images littéraires et théâtrales qui font la grandeur de cette pièce. Après avoir évoqué l'adaptation cinématographique de « Macbeth », venons-en brièvement à la traduction. Je dois dire que j'ai eu de la chance de lire la version de François-Victor Hugo (dans la compilation de pièces éditées par GF - Flammarion), certes non versifiée (encore que certaines phrases se fassent écho par de discrètes rimes), mais d'une précision et d'une élégance qui rend hommage au style de Shakespeare. Peut-être existe-il meilleure traduction (par essence imparfaite). Mais pour ma part, je m'estime fort satisfait. En conclusion, pour revenir à « Macbeth », il s'agit là, sans hésitation, d'une œuvre incontournable.
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