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dimanche 26 décembre 2010

« Culloden » de Peter Watkins (1964)

    L'art de Peter Watkins est décidément étonnant! Sa méthode de reconstitution historique est terriblement efficace tant elle nous replace dans le contexte d'une époque, d'évènements donnés, parmi des hommes qui finalement avaient beaucoup en commun avec ceux d'aujourd'hui : si les acteurs rejouent pour la plupart leur propre histoire, celle de leurs ancêtres, la référence à la guerre du Vietnam est à peine voilée. « Culloden » est comme tout film de Watkins qui se respecte riche en problématiques politiques et sociales encore et toujours d'actualité. L'orientation du récit ne laisse pas vraiment de place au doute : une fois de plus Watkins se place du côté des masses populaires meurtries par la guerre et les exactions qui s'en suivent. Mais si l'on revient au but premier, ou pour le moins apparent de « Culloden », à savoir le récit de la bataille éponyme et de l'affrontement entre les forces anglaises et écossaises l'on ne peut qu'être admiratif du travail fourni et du rendu plus que réaliste : un réalisme à la fois visuel et sociologique donc. On s'amusera par ailleurs des commentaires épinglant l'inaptitude des troupes menées par un prince Charles Edouard Stuart ridicule de fatuité et ses lieutenants pour la plupart à la limite de l'incompétence, et surtout de la bêtise pure. On s'indignera de la cruauté des soldats du duc de Cumberland ou encore de l'indigence dans laquelle vivaient les peuplades des Highlands... Les vertus de ce long métrage sont donc manifestes, mais s'éloignent quelque peu de l'essence artistique, c'est là le principal reproche que je ferais à « Culloden », tout comme à « La Bombe » d'ailleurs. A voir tout de même!

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« La Bombe » (The War Game) de Peter Watkins (1965)

    Il est frappant de constater combien les préoccupations de Peter Watkins quant à l'antagonisme réalité/fiction étaient déjà manifestes bien avant la réalisation de son « Edvard Munch »! Dans « La Bombe » il use de procédés similaires pour nous plonger dans la tourmente d'un état frappé par une attaque thermonucléaire : interviews, images prises sur le vif, « caméra sur l'épaule » avec zooms maladroits,... impossible de savoir si ce qui se trame est vrai, s'il s'est déjà réalisé ou est voué à l'être... Nous sommes au coeur des évènements, alors qu'une voix-off lénifiante nous abreuve de chiffres tous plus alarmants les uns que les autres sur les conséquences d'un conflit nucléaire. L'une des réussites majeures de « La Bombe » est son ultra-réalisme : imaginez l'Angleterre en flammes, des hordes de citoyens ravagés par les flammes et les radiations radioactives d'une guerre atomique ayant embrasé l'occident! Et l'on se croirait face à un véritable documentaire constitué d'images réellement issues du drame supposé se produire : Watkins détourne avec brio les codes du genre et une fois de plus surprend par sa maîtrise du média cinématographique et de son impact sur le spectateur. L'efficacité d'un tel long métrage est donc difficilement contestable, existe-t-il moyen plus persuasif de l'horreur de la course à l'armement que d'en montrer les conséquences purement et simplement? Ainsi « La Bombe » est un film ouvertement politique (ce qui lui vaudra d'être censuré par la BBC) : il prend clairement position, dévoile les opinions édifiantes d'autorités aussi bien ecclésiales qu'étatiques ou militaires, n'hésite pas à souligner son propos par des images et un discours percutants... Si la nature politique de « La Bombe » réduit d'autant sa portée, il n'empêche que sa qualité et sa puissance méritent le coup d'oeil! Toutefois l'on pourra regretter l'orientation certaine de l'oeuvre présente : malgré un point de vue éclaté en apparence, car la parole est donnée aux protagonistes les plus divers qui soient, au final c'est surtout le propos, l'opinion de Watkins qui ressort en filigrane. Un ouvrage brillant donc, mais paradoxalement (car c'est ce qu'il dénonce en partie) pas si loin de la manipulation.

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