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samedi 13 mai 2017

« Taipei Story » (Qīngméi Zhúmǎ) de Edward Yang (1985)

    « Taipei Story » est un film davantage sociologique qu’à haute teneur artistique. Non pas qu’Edward Yang délaisse ici toute mise en scène. La qualité de la photographie, des cadrages, de l’ambiance, ne laisse aucun doute : ce long métrage est construit, finement poli, ouvragé. Mais Yang ne met pas l’accent sur l’esthétique, qui sert le propos et demeure assez convenue. Il ne met pas non plus l’accent sur un message particulier, « Taipei Story » est plutôt un film vaporeux, lent, qui dépeint le Taipei des années 80 par petites touches, que ce soit par des plans extérieurs de la vie urbaine ou par des personnages paumés et désabusés. A ce titre on a du mal à s’identifier à eux et à leurs choix pour le moins déconcertants. Mais là n’est sans doute pas le but d’Edward Yang. Ses personnages sont très réalistes, voire naturalistes. Des jeunes gens à l’avenir incertain et qui tentent de surnager dans un entre deux : une demie misère sociale et sentimentale, avec cependant dans les deux cas de quoi vivre (ou survivre). Rien de vraiment tranché. Les personnages hésitent : à s’engager, à partir vers les États-Unis et un monde qu’ils espèrent meilleur, à s’aimer… Hou Hsiao-Hsien est l’un des acteurs principaux de ce long métrage, et il se débrouille très bien. C’est aussi l’un des scénaristes, aux côtés d’Edward Yang, et on reconnaît sa patte : « Taipei Story » tient plus du constat, de la photographie d’une situation donnée. C’est sa force et sa faiblesse. Les scénaristes ne jugent pas les personnages. Mais ils en restent comme à la surface. Pas de recul, pas d’approfondissement de leur mal-être. Dès lors, comment ne pas y voir un simple objet visuel, à l’image de « Millenium Mambo » de Hou Hsiao-Hsien, qui poussera encore plus loin le truisme cinématographique ultra esthétisé ? Dommage que « Taipei Story » n’ait pas davantage de corps et d’intérêt… Quand on sait qu’Edward Yang a été capable de nous offrir la petite merveille qu’est « Yi Yi », on ne peut qu’être déçu par ce long métrage quelque peu brouillon. Un Yang mineur.

[2/4]