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lundi 25 avril 2011

« Marie Antoinette » de Sofia Coppola (2005)

    Vous reprendrez bien un peu de ketchup avec vos macarons? L'histoire de Marie-Antoinette/Sofia Coppola est toute simple, elle s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment, en possession de moyens extraordinaires : ce n'est pas sa faute (sous-entendu qu'elle en ait usé de la sorte). Si je dois concéder une chose à Coppola-fille, c'est que le sujet de son film est limpide et en parfait accord avec lui-même, il constitue le summum du narcissisme artistique et de la frivolité avec ce zeste de mauvais conscience qui épice le tout, histoire de donner du grain à moudre à la critique : ce long métrage est très maladroit, filmé avec les pieds, creux mais un poil touchant (autant que peut l'être une petite fille qui s'amuse avec son jouet) et surtout cohérent, faut-il le descendre ou le louer? Le problème ne se poserait pas si l'on se souvenait que ça n'est pas la cohérence d'une oeuvre qui fait sa richesse, mais sa profondeur. Bref, passons. Ainsi donc elle n'y peut rien. Oui mais qu'elle éloigne son visage du miroir et elle verrait peut-être que personne ne l'y plaque, libre à elle d'agir à sa guise et de proposer véritablement quelque chose de consistant et d'artistique dans un long métrage digne de ce nom... Elle verrait que le mieux à faire était sans doute pour elle, et pour nous,... de ne rien faire, et surtout pas ce film. Décidément « Marie Antoinette » me plaît, car l'on y trouve tous les travers dans lesquels le septième art doit à mon sens se garder de plonger, s'il n'est pas déjà trop tard. Mais allons-y : tout d'abord et surtout, que de puérilité! Vous allez me dire que c'est le sujet. Et je vous répondrai, justement. Une puérilité savamment cultivée, une bêtise même que l'on rencontre partout : dans l'écriture des personnages, dans leur interprétation, dans les thèmes abordés (l'éternel passage à l'acte, l'oisiveté, les paradis artificiels, les excessives bonnes manières,...), mais aussi et en particulier dans la mise en scène du film. Notamment par cet amour du mauvais goût effrontément affiché, de l'anachronisme bien ostensible, rien de plus tendance d'ailleurs! Rien de mieux pour se figurer être une artiste, c'est s'assurer ainsi que les gens glousseront à la fin du film devant de telles bonnes idées! Les premières choses que l'on remarque sont en effet une composition du plan de temps à autres assez soignée et une photographie léchée, soit si l'on ajoute ce goût du pompier et du kitch les plus grossiers, l'équivalent cinématographique de l'« art » d'un certain David Lachapelle, soit un truc immonde assez drôle et ironique, que l'on pourrait prendre pour du « génie » avec un peu de naïveté et d'ignorance, mais qui relève surtout de la blague de potache, de l'enfantillage. Un pastiche divertissant en somme, pour peu que nos attentes frôlent l'herbe la plus rase... Et ça n'est pas fini, tant qu'on y est, puisqu'au cinéma il y a le son, autant faire passer ses chansons préférées du moment! Attends que je sorte mon ipod, hop, et voilà! Et puis autant faire poser, hum, jouer la famille et ses amis, plus on est de fous! Qu'est-ce donc que « Marie Antoinette » au final? Une petite bulle de savon (rose) prête à éclater, un joli cliché tendance, pour l'instant à la mode mais voué à se défraichir bien rapidement dans notre société de l'art consommable/jetable. Juste parce que l'on a tendu une caméra à Sofia Coppola.

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mercredi 20 avril 2011

« Immortel (ad vitam) » d'Enki Bilal (2004)

    Enki Bilal est un excellent dessinateur, malheureusement ça ne fait pas de lui pour autant un bon cinéaste. Tout ce qui constitue l'attrait de ses bandes dessinées : ses personnages, ce monde apocalyptique, complexe, ambigu, son coup de crayon original, tout cela est relégué au second plan dans ce long métrage. Reste l'intrigue, et une horrible impression d'artificialité quasi-constante qui le fait lorgner très franchement du côté du navet de science-fiction pur et dur. Une sorte de mélange entre Besson, Caro et Jeunet, c'est dire! D'autant que manifestement c'est plus Tarkovski que vise Bilal (et hop une petite citation placée ici et là)... Si l'on ajoute pour finir au mélange des dieux égyptiens et Baudelaire, on obtient une mixture qui étonnement sur papier passait tout à fait, mais qui là devient indigeste (surtout par ces références appuyées à Baudelaire). Enki Bilal aurait mieux fait de s'en tenir à la bande dessinée, support de toute évidence bien plus approprié à son inspiration débordante : il permet en effet la suggestion et laisse de la place à l'imagination du lecteur pour concevoir le monde dans lequel il se plonge, au-delà des images (grâce à ces petites bandes blanches qui séparent les vignettes). Au cinéma, du moins avec la façon dont s'en sert Bilal, il faut tout montrer, ce qui du coup matérialise très clairement les limites de l'oeuvre quand celle-ci est trop étriquée. Ainsi en est-il d'« Immortel (ad vitam) », qui relève plus d'une sorte de jeu vidéo à moitié génial à moitié fauché que du septième art proprement dit : tout est pensé, tout est dessiné, mais tout est limité, contrairement à l'oeuvre, tant qu'on y est, disons d'un Tarkovski. Il ne s'agit pas de parler d'« oeuvre ouverte » mais plus simplement de poésie et de vraisemblance, deux qualités qu'avait la bande dessinée originale mais dont ne dispose pas ce film, même s'il n'en constitue pas une adaptation littérale. Malgré tout, malgré ce côté fourre-tout visuel (prises de vues live et animation en 3D se côtoient sans vergogne, mais rarement de façon harmonieuse), ce film possède un certain charme, qui n'est pas étranger au ton de l'oeuvre et à certains de ses personnages, et plus particulièrement Horus, ce dieux mégalomane tour à tour fascinant et détestable. Le problème c'est que les personnages de Nikopol et de Jill, déjà guère extraordinaires dans la BD écopent d'une interprétation fade à pleurer, sans compter leur accent anglais ô combien maladroit (au diapason de la maladresse de tout le reste), et que nombre des séquences de la BD qui faisaient ostensiblement référence au cinéma au départ se retrouvent une fois transposées à l'écran relever du cliché. Il faut bien le dire donc, « Immortel (ad vitam) » est un échec pour Bilal, si du moins son ambition était de réaliser un film au moins aussi réussi que sa bande dessinée.

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« Les Yeux clairs » de Jérôme Bonnell (2005)

    Nous avions Jean Renoir et son « Déjeuner sur l'Herbe » (1959), véritable ode à la sensualité et au désir amoureux. Nous avons eu ensuite en 2006 « Lady Chatterley » de Pascale Ferran (Prix Louis-Delluc), où l'on se plaisait à courir dénudé dans la nature, la sexualité se faisant cette fois explicite. Et peu de temps auparavant, en 2005, sortaient ces « Yeux clairs » (Prix Jean-Vigo). Certes le propos n'est pas vraiment similaire, on en est même assez loin... Sauf que l'on arrive sensiblement au même point : une partie de jambes en l'air en pleine nature, que l'on sent venir à des kilomètres. Différence : l'un aborde cette question avec humour et simplicité, l'autre avec naïveté et un soupçon de niaiserie... ici avec un certain sérieux malgré une relative légèreté de ton, comme si tout le film tendait vers ce moment, voire comme si toute la vie tendait vers l'acte sexuel (du moins la vie de notre jeune héroïne). « Les Yeux clairs » est l'histoire d'une marginale, enfin en apparence. Car tout l'enjeu du film sera de s'interroger jusqu'à quel point l'est-elle? Peut-être tout simplement qu'elle n'est pas à sa place (socialement comme physiquement parlant), peut-être qu'un ailleurs plus heureux l'attend, au fond des bois par exemple... « Les Yeux clairs » est ce que l'on appelle un « film intimiste ». Point positif : il est relativement sobre, les acteurs sont assez bons, l'histoire est plutôt crédible, la réalisation soignée, il est même parfois drôle... Mais je qualifierais plutôt ce film de « naturaliste » : tant d'efforts déployés pour en arriver là! Le propos est décidément tristement trivial... Dommage, car ce film possède une réelle cohérence, et il aurait pu s'avérer bien plus riche en explorant plus profondément le malaise de son personnage principal... Mais non, nous retombons en terrain connu au bout d'un certain temps, celui du cinéma français comme on l'aime : frais, léger,... et creux.

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samedi 16 avril 2011

« Un Prophète » de Jacques Audiard (2009)

    C'est donc ça le Grand Prix de Cannes 2009? Un ersatz des « Affranchis » de Scorsese ou du « Parrain » de Coppola? Soit à peu de choses près un équivalent français des derniers James Gray? Oui, j'en ai bien peur... Pourquoi tant de bruit alors pour si peu? Peut-être car Audiard est l'un des seuls français à avoir su créer le film « à l'américaine » dont tout le monde rêvait depuis des années, un peu comme Melville en son temps, mais en moins bien. Car ce fameux film « à l'américaine » n'est rien d'autre qu'une convention dans laquelle sont embourbés nos amis d'outre-Atlantique, et ce que fait Audiard c'est y sauter allègrement à pieds joints! Contrairement à Melville, Audiard n'a en effet aucune « personnalité cinématographique ». Que faut-il pour réaliser un long métrage « à l'américaine »? Une mise en scène qui ne se voit pas trop mais un peu tout de même (il faut bien donner l'illusion que l'on sert à quelque chose, surtout si ça permet de récolter une statuette), du rythme, de l'action, des personnages de gangsters, une musique homéopathique, une histoire d'ascension et de chute,... Et c'est à peu près tout : cahier des charges dont Jacques Audiard s'est acquitté à merveille. Il est de plus secondé par d'excellents acteurs : Niels Arestrup et surtout Tahar Rahim, belle révélation du film. Il rejoint ainsi la sphère où évolue un certain Jean-François Richet (et ses « Mesrine »), celle du polar français « à l'américaine ». Maintenant est-ce bien de cinéma dont on parle, voire d'art cinématographique? Je n'en suis guère convaincu... Rien de bien original dans le fond ou dans la forme ne vient en effet appuyer la nécessité d'un tel long métrage. Oui c'est plutôt bien joué, oui c'est assez prenant (et encore...), mais non on n'en ressort pas grandi, non ça n'est pas spécialement « beau », non ça ne laisse aucun souvenir impérissable... C'est peut-être tout simplement que Jacques Audiard n'a rien à dire... « Un Prophète » touche quelque peu aux rivalités identitaires, à une sorte de relation père/fils, au parcours initiatique,... Mais ce ne sont que le fruit de conjectures, d'ailleurs fort heureusement Audiard adopte une relative sobriété de ton qui ne fait pas peser l'ensemble d'un côté ou de l'autre... Reste que l'on est dans le conventionnel à tout va, et que je ne peux me résoudre à qualifier d'artistique cet énième film de gangsters palot, surtout si c'est ce conformisme absolu que l'on récompense à Cannes... Complètement anecdotique.

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vendredi 15 avril 2011

« Les Amants du Pont-Neuf » de Leos Carax (1991)

    Le stéréotype du drame misérabiliste français. Exactement ce que l'on est en droit d'attendre du bobo/cinéphile/parisien jusqu'au bout des doigts en manque d'inspiration, ou encore du trentenaire/adolescent attardé qu'était certainement Leos Carax à l'époque où il tournait ce film. Un film qui ne dépareillerait pas aux côtés du fameux « Subway », autre fleuron du cinéma français infantile/rigolo/foufou/criard/nigaud estampillé fin des années 80. Comment un être humain a-t-il pu nous pondre un truc pareil? Tentons de nous mettre dans la peau du bonhomme : j'aime le cinéma et je veux même être artiste, et puis de toute façon je me dis que ça ne doit pas être bien compliqué de faire un film. Oui mais par où commencer? L'art c'est quoi au fait? Bah c'est des émotions, et puis c'est joli aussi! Tiens si je racontais l'histoire émouvante de deux clodos dont l'une a un oeil en moins et dont l'autre voit son pied se faire  écraser en direct par une voiture alors qu'il se racle la tête contre le bitume... Où se tiendrait l'histoire? Tiens attends que je regarde à ma fenêtre : le Pont-Neuf, parfait, on s'y bourre la gueule le samedi soir entre potes et j'y viens quand j'ai un chagrin d'amour. Bon maintenant que va-t-elle raconter cette histoire? Elle va parler d'amour bien sûr! Et de la dureté de la vie! Donc oui la vie c'est dur, l'amour c'est beau. Une fois qu'il nous l'a fait comprendre Carax se gratte la tête, que dire? Le marteler, encore et toujours plus. Plus de dureté, plus d'amour, du choc, de la merde, du vomi, et des pleurs. Ah oui un peu d'automutilation et de claques dans la tronche aussi... Mince, que dire d'autre... Ah oui pour vivre il faut de l'espoir! Mmm, que dire encore... Euh, les parents c'est chiant! Bon, et ensuite, qu'est-ce qu'ils vont faire alors les personnages? Bah ils vont courir et sauter partout quand ils sont contents, et puis ils vont se taper la tête contre les murs quand ils seront pas contents. Ah tiens je l'avais pas déjà fait ça? En bref, l'écriture y est d'une médiocrité confondante : Besson n'a qu'à bien se tenir! Carax est un torturé, alors il fait subir à ses personnages les pires atrocités physiques. Il ne sait pas pour autant nous les rendre sympathiques, il les filme juste d'un point de vue extérieur, niveau primaire de l'art cinématographique. 95% du film est filmé de la même façon : au premier degré. Tout est au premier degré : les dialogues, l'humour, l'interprétation... D'ailleurs c'est à peine si Binoche croit à son rôle... Elle qui était si belle, à croire que Carax avait une dent à son encontre, j'ai honte pour elle tant son rôle est à pleurer... Et je ne parle pas de la séquence sur la plage, inoubliable, avec Denis Lavant à poil en contre-jour... Très charmant! Et puis le troisième personnage principal, Paris bien sûr! Et Paris c'est quoi? L'accordéon, les bistrots, la Seine, la peinture, le musée... et le Pont-Neuf! En somme, le film que j'aurais réalisé à 12 ans. Heureusement pour tous, je ne l'ai pas fait, malheureusement Carax a osé...

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mardi 12 avril 2011

« Interstella 5555 » de Leiji Matsumoto (2003)

    Si j'étais indulgent, je dirais qu'« Interstella 5555 » est à réserver aux fans de Daft Punk, et je m'arrêterais là. Mais je ne le serai pas. Pour être honnête, le présent « long métrage » est proche de l'arnaque : si vous connaissiez déjà les clips des titres phares de l'album « Discovery » sorti en 2001, alors vous avez presque tout vu du « film » dont il est question, si l'on peut qualifier de « film » ce vague prétexte consistant en l'histoire mise en images de la capture d'un groupe de rock extraterrestre par un manager démoniaque... Avec un peu de bonne volonté on pourrait y voir une métaphore du « star-system »... Mais au vu de la piètre qualité de l'ensemble, musique comme animation, difficile d'y voir grand chose tout court. Je m'abstiendrai par ailleurs de parler des paroles, et me refuserai à les traduire en français, par respect pour le lecteur. Que reste-t-il donc d'« Interstella 5555 » une fois qu'on l'ait soumis à un sommaire examen critique? Rien. Il s'agit juste d'un clip étiré plus que de raison, d'une boutade, d'un « rêve de gosse » enfin réalisé. En effet, à 10 ans il est possible que l'on soit fasciné par cette musique mi-rock, mi-électro, mi-disco, avec beaucoup (euphémisme) de samples et d'idées « piochées » à droite à gauche. On a ainsi l'impression d'écouter de la musique de grands, et Daft Punk ratisse tellement large qu'on écoute un peu de tout à l'occasion... On peut aussi écouter « Discovery » en boîte, à la boum de son anniversaire, en concert : parfait! En réalité, le film est à l'image de l'album : un mélange de mauvais goût, qui passe encore les premières fois qu'on y goûte (à 10 ans en somme), mais qui retourne l'estomac assez rapidement... Le gros point fort de Daft Punk est finalement leur image, mais cette fois-ci en tant qu'image marketing : leurs tenues robotiques leur donnent l'allure qui manque à leur musique, et donnent une « cohérence » (comprendre une portée artistique) à tout ce qu'ils touchent. Il ne manquait plus qu'un mangaka japonais pour asseoir leur réputation et fasciner les geeks du monde entier, et voilà de quoi assurer leur succès. Chose faite avec « Interstella 5555 ». Quant à parler de cinéma...

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mercredi 9 mars 2011

« Shutter Island » de Martin Scorsese (2010)

Le conformisme absolu érigé en manière cinématographique. Et qu’on ne vienne pas me parler « d’hommage » au cinéma américain de Lynch ou de Kubrick (version « Shinning »), car le film de Scorsese non seulement ne propose rien mais ne dit même rien sur ses références (ce qui éventuellement serait l’intérêt de ce fameux hommage). « Shutter Island » est un film qui ne sert à rien (même pas à divertir), déjà fait avant d’être tourné, déjà vu avant d’être projeté. Scorsese réalise ici un film paresseux, rassurant pour le spectateur en cela qu’il ne lui demande aucun investissement et qu’il lui permet de se retrouver dès les premières minutes en terrain connu. Même dans ses références, Scorsese reste très frileux et bien peu aventureux, comme s’il digérait enfin, avec 20 à 30 ans de retard, les propositions cinématographiques de ses contemporains américains (Lynch par exemple, dont on en vient à regretter qu’il n’ait pas réalisé ce film, preuve s’il en est de notre désœuvrement). Si l’on demandait à Scorsese de nous parler de l’art contemporain, peut-être nous parlerait-il du cubisme et de Picasso… Je serai même plus intransigeant encore en disant que tout est pitoyable dans « Shutter Island » : les scènes oniriques nous font soupirer d’exaspération (avec les pétales de fleurs qui tombent au ralenti, avec le faux réveil dans le rêve), le traitement de l’image par filtres rappelle Amélie Poulain (sous ma plume, cette référence est une insulte), le twist final est prévisible au bout d’une heure de film et ne parvient en aucun cas à sauver l’incohérence de l’ensemble, les quelques incursions de Scorsese dans le numérique sont d’une laideur très datée, qu’on aurait pu penser dépassée depuis belles lurettes… Si vous voulez voir ce qu’est devenu le « grand » cinéma américain (n’oublions pas que Scorsese a de hautes prétentions artistiques, ou, en tout cas, la critique les lui attribue), alors observez le spectacle attristant proposé par ce film mièvre qui illustre à merveille cette asphyxiante médiocrité de cœur et d’esprit qui caractérise le cinéma made in USA. J’avais déjà eu une impression quasi similaire en voyant le film qui signait le retour de Coppola, « L’homme sans âge », mais à l’époque j’avais eu un peu de peine pour le cinéaste ce qui m’avait permit d’éviter le sentiment d’agacement. Je pourrai en dire de même du dernier Polanski, « The Ghost Writer », et je suis sûr que si j’étais un peu plus spectateur de ce cinéma-là, la liste pourrait être longue. Ces films sont tous les mêmes et sortent tous du même moule : celui d’un cinéma en roue libre qui a abandonné toute réflexion sur lui-même (cela pourrait être une définition de la mort du cinéma). Je le disais en introduction, c’est un cinéma conformiste. Ce qui est déprimant, c’est qu’il est en cela conforme aux attentes du public…

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samedi 11 décembre 2010

«Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain» de Jean-Pierre Jeunet (2001)

    L'art comme mensonge, ou plutôt comme illusion permettant de maquiller le réel (et les-petits-tracas-du-quotidien), voilà peu ou prou la conception de Jean Pierre Jeunet semble-t-il en la matière. Mais est-ce vraiment de l'art qu'il nous offre avec son « Amélie Poulain »? La question se pose tant l'on frise la surenchère d'effets visuels et numériques des plus vilains, d'humour gras et facile, de péripéties larmoyantes et autres moyens au ras des pâquerettes destinés à faire décoller une histoire qui n'a pas grand chose pour elle... « Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain » c'est un peu comme un hamburger indigeste à qui l'on aurait injecté une substance anti-vomitive, en l'occurrence la musique de Yann Tiersen. Oh certes ça n'est pas de la grande musique, mais elle est simple et jolie, et les seuls moments où l'on se sent un chouilla touché par le film c'est en présence des mélodies du breton. Pour le reste, je dois dire que je suis consterné. Tant de bêtise, tant de vulgarité... C'en est à pleurer! Dire que des jeunes (et des moins jeunes) un peu partout dans le monde fantasmeront sur une telle idée de la France et de son cinéma... Il n'y aurait pas de quoi crier au loup si l'on se souvenait encore aujourd'hui de ce qu'étaient le Réalisme poétique ou la Nouvelle Vague (pour comparer ce qui est comparable – et encore!)... Non décidément, une telle niaiserie qui s'affiche sans rougir, une telle autosatisfaction, une telle complaisance de la part de Jeunet, envers ses personnages régressifs et sa vision rétrograde du monde ou de l'art, c'en est trop pour moi. Juste une dernière remarque sur les similitudes que partage ce long métrage avec le « Good Bye, Lenin! » de Wolfgang Becker : même compositeur, même nostalgie passéiste, même recherche surfaite de spontanéité (ambition vaine et à la mode, tout autant dans les clips musicaux d'ailleurs – et « Amélie Poulain » tient certainement plus du clip que du cinéma)... Mais le film du réalisateur allemand avait ce je ne sais quoi en plus... Peut-être est-ce sa façon amusante de détourner les signes du communisme qui faisait mouche... Ou peut-être est-ce tout simplement l'« exotisme » est-allemand, auquel cas j'en viens à me demander si nos amis germaniques ne ressentent pas la même exaspération envers ce long métrage que moi-même envers « Amélie Poulain » et l'énormissime cliché qu'il représente... Je croyais que Luc Besson était le seul cinéaste français à avoir fait de l'infantilisme son fonds de commerce, je concède m'être lourdement trompé.

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