mercredi 20 avril 2011

« Les Yeux clairs » de Jérôme Bonnell (2005)

    Nous avions Jean Renoir et son « Déjeuner sur l'Herbe » (1959), véritable ode à la sensualité et au désir amoureux. Nous avons eu ensuite en 2006 « Lady Chatterley » de Pascale Ferran (Prix Louis-Delluc), où l'on se plaisait à courir dénudé dans la nature, la sexualité se faisant cette fois explicite. Et peu de temps auparavant, en 2005, sortaient ces « Yeux clairs » (Prix Jean-Vigo). Certes le propos n'est pas vraiment similaire, on en est même assez loin... Sauf que l'on arrive sensiblement au même point : une partie de jambes en l'air en pleine nature, que l'on sent venir à des kilomètres. Différence : l'un aborde cette question avec humour et simplicité, l'autre avec naïveté et un soupçon de niaiserie... ici avec un certain sérieux malgré une relative légèreté de ton, comme si tout le film tendait vers ce moment, voire comme si toute la vie tendait vers l'acte sexuel (du moins la vie de notre jeune héroïne). « Les Yeux clairs » est l'histoire d'une marginale, enfin en apparence. Car tout l'enjeu du film sera de s'interroger jusqu'à quel point l'est-elle? Peut-être tout simplement qu'elle n'est pas à sa place (socialement comme physiquement parlant), peut-être qu'un ailleurs plus heureux l'attend, au fond des bois par exemple... « Les Yeux clairs » est ce que l'on appelle un « film intimiste ». Point positif : il est relativement sobre, les acteurs sont assez bons, l'histoire est plutôt crédible, la réalisation soignée, il est même parfois drôle... Mais je qualifierais plutôt ce film de « naturaliste » : tant d'efforts déployés pour en arriver là! Le propos est décidément tristement trivial... Dommage, car ce film possède une réelle cohérence, et il aurait pu s'avérer bien plus riche en explorant plus profondément le malaise de son personnage principal... Mais non, nous retombons en terrain connu au bout d'un certain temps, celui du cinéma français comme on l'aime : frais, léger,... et creux.

[0/4]

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