mardi 27 septembre 2011

« Fleur d'équinoxe » (Higanbana) de Yasujirō Ozu (1958)

    « Fleur d'équinoxe » est un film d'une facture remarquable, comme bien des oeuvres de Yasujirō Ozu sinon toutes. Le soin apporté au cadrage fait de chaque plan un saisissant tableau du Japon d'après-guerre, les teintes automnales renforcent le charme suranné de l'ensemble, la mise en scène est dépouillée à l'extrême et pourtant fait montre d'une richesse d'expression étonnante... Il faut dire que c'est avant tout la capacité d'Ozu à saisir les sentiments les plus retenus, cachés, dédaignés, qui donne à sa filmographie cette saveur si particulière, caractérisée par une cohérence thématique et formelle sans pareille. Ici il est question de la difficulté d'un père à laisser sa fille se marier avec l'homme de son choix : histoire fort commune, mais traitée avec une douceur et une mélancolie des plus touchantes. Ozu parvient en effet à retranscrire la douleur du temps qui passe sans jamais le montrer de façon ostensible, toujours dans cet état d'acceptation à regrets de l'évolution des sentiments et de ce moment où les enfants doivent quitter leurs parents... La cellule familiale est en effet une fois de plus au coeur des préoccupations du cinéaste, dépeinte comme à son habitude avec tendresse et pudeur. Toutefois, on pourra objecter que ce n'est pas le long métrage le plus dense du cinéaste japonais, ni le plus original : si tous ses films se ressemblent à peu de choses près, forme et fond se rejoignent avec plus de bonheur dans des films comme « Il était un père » ou le célèbre « Voyage à Tokyo ». Ici, l'humour ne fait pas toujours mouche et les interprètes ne s'avèrent pas tellement inoubliables... Si l'on excepte le fidèle Chishū Ryū, toujours aussi simple et émouvant.

[3/4]

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