« Le Retour du héros » part d'une, voire de plusieurs bonnes idées. Tout d'abord, dépeindre la lâcheté, personnifiée par un anti-héros, au début du XIXème siècle, pendant les guerres napoléoniennes. Le sujet est original : l'époque est d'habitude le théâtre de grandes fresques romanesques et romantiques, très premier degré (ce qui n'est pas forcément un mal), avec des héros flamboyants, des intrigues tortueuses, des scènes de batailles épiques, un amour passionné ou impossible, etc. C'est du reste la deuxième bonne idée de ce film : proposer une parodie plus ou moins déguisée (volontaire ou non) des romans de Jane Austen. D'ailleurs, l'héroïne s'appelle ici Elisabeth, tout comme le personnage principal d'« Orgueil et Préjugés ». Coïncidence ? Peut-être pas.
Dans tous les cas, Laurent Tirard raille dans ce long métrage l'héroïsme, les grands sentiments, qui s'ils sont convoqués par certains personnages, ne servent qu'à mieux dissimuler veulerie et bassesse. Le « couple » de personnages principaux est à ce titre assez bien trouvé, pour une fois Mélanie Laurent reste relativement sobre et rend plutôt crédible son personnage de jeune femme intelligente et insolente. Jean Dujardin, égal à lui-même, incarne à merveille ce héros de pacotille, pathétique et ridicule, qui finit même par devenir inquiétant.
Le problème, c'est qu'on retrouve en fait dans ce film... OSS 117. Oui, Dujardin fait du OSS 117 à 200%, il reprend son personnage à la fois drôle et lourdingue d'Hubert Bonisseur de la Bath, à l'époque de Napoléon donc. Ce qui veut dire un jeu tout sauf naturel et sincère, fait de sourcils levés, de sourires ravageurs et de rires gras. Ce qui fait encore sourire à certains moments, mais lasse quelque peu.
L'autre problème, c'est que le film peine à se trouver, on ne sait jamais s'il s'agit d'une vraie comédie, d'une comédie virant au drame psychologique, d'une parodie... Loin d'être le reflet d'une supposée complexité, à l'image du scénario qui réserve certains errements et autres temps morts, cette indécision manifeste me fait dire que Laurent Tirard ne semble pas toujours savoir où il va.
Tout comme une bonne partie des seconds rôles d'ailleurs. Noémie Merlant et Christophe Montenez en font des tonnes, la première en névrosée (même si elle se révèle assez drôle à la fin) et le second en falot timide maladif. En fait, rares sont les seconds rôles à réellement exister et à être crédibles. En revanche, Christian Bujeau et Évelyne Buyle sont parfaits en parents intéressés, tout comme Féodor Atkine en général éreinté par la guerre.
Et pour finir, tant de veulerie finit par écœurer un peu, une fois le film fini, laissant un goût amer, on ne peut que se remémorer les meilleurs films de Philippe de Broca et de Jean-Paul Rappeneau en se disant qu'un peu de finesse et de panache n'auraient pas été de trop...
[1/4]
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