Un album de Beirut est toujours agréable, Zach Condon, l’homme-orchestre derrière ce groupe, étant un musicien talentueux. De plus, il a débuté sa carrière avec trois immenses albums, et cet artiste est attachant (il n’hésite pas à montrer sa fragilité, et il est un grand amoureux de la France et de l’Europe), il bénéficie donc toujours d’un grand capital sympathie en ce qui me concerne.
Cela étant posé, je dois bien
dire que j'attendais cet album au tournant. Le précédent opus de Zach, Hadsel,
m'avait déçu, par son ton éthéré et son manque d'inspiration. C'était un album
à part, conçu dans le froid d'un endroit reculé de la Norvège, avec une esthétique
visuelle et sonore complètement à part dans la discographie de Zach. Il avait
un côté plus dépouillé : les cuivres, les nombreux instruments organiques et
les boucles électroniques – véritable signature sonore de Beirut – étant beaucoup
moins présents que d’habitude. Un vrai pas de côté, pas inintéressant, mais
assez mineur.
Avec A Study of Losses, l'artiste américain reprend ses pochettes d'albums énigmatiques, invitant à la rêverie et au voyage. Je pensais donc que celui-ci se placerait dans la lignée de Gallipoli, un album inégal, mais qui voyait Beirut livrer un certain nombre d'excellentes chansons, au gré d'un album cohérent et homogène. Gallipoli faisait suite à No No No, un opus maudit, né dans la douleur et le syndrome de la page blanche, après un divorce et un éprouvant épisode de dépression.
Pourtant, je dois bien dire que je regrette même No No No, qui était encore plus inégal que Gallipoli, mais qui comportait certaines pépites. Dans A Study of Losses, je ne retiens que le single Caspian Tiger pour le moment, qui soit un minimum abouti et réussi. Le reste ressemble à une sorte de remplissage instrumental et ambiant, le tout formant une longue complainte qui fait du surplace…
18 titres, c'est ambitieux ! Mais
encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions... Ce n'est clairement pas le
cas de Zach ici... Il y a trop de chansons monotones et répétitives, qui
ressemblent à des faces B ou C de Gallipoli, ou de sa compilation Artifacts...
On sent le soin apporté au son, mais les grandes absentes ce sont les mélodies,
pourtant imparables par le passé, lors de l’âge d’or du groupe… Ici, Zach fait
plutôt dans la ritournelle qui tourne en rond…
Je compte bien réécouter cet
album, Artifacts avait été un « grower », peut-être en sera-t-il de
même pour A Study of Losses... Mais j'ai tout de même des doutes. Artifacts
balayait l'ensemble de la carrière de Zach, et par le passé il avait produit
beaucoup de superbes chansons.
Aujourd'hui, il semble être l'ombre de lui-même, ce qui fait peine à voir... Ce fut un miracle que je puisse le voir en concert lors de sa tournée faisant suite à la sortie de Gallipoli. Ça a été un des meilleurs concerts de ma vie, mais depuis Zach en a annulé pas mal et ne semble pas prêt à revenir en France de sitôt, lui qui ne vit pourtant pas très loin désormais, à Berlin...
Une fois de plus, je ne peux donc qu'espérer que Zach se ressaisisse, et qu'il retrouve sérénité et inspiration... Il a en lui ce potentiel inouï, le tout est qu'il arrive à le laisser s'épanouir de nouveau...
[2/4]
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