mardi 2 août 2011

« Notre musique » de Jean-Luc Godard (2004)

    Et bien finalement, la chose dont Godard parle le mieux... c'est peut-être bien l'amour. « Notre musique » est décevant, d'autant plus qu'il débute par un feu d'artifice visuel laissant pantois! Nous retrouvons le Godard des grands jours, son incontestable maîtrise du montage s'exprimant pleinement : c'est comme s'il revenait à ses débuts, où il se débrouillait pour monter des images qui n'étaient pas les siennes, afin d'en faire autre chose que ce qu'elles étaient supposer devenir. La première partie du film est donc un grand moment de cinéma, et nous interpelle même en mélangeant images « documentaires » et de « fiction », suscitant immanquablement la réflexion sur l'horreur (de la guerre) et sa représentation. Puis viennent les deux autres parties, et là hélas nous retombons en terrain connu, celui de la routine godardienne dans ce qu'elle a de plus exaspérant : politique, citations à n'en plus finir, images plates, musique affectée couvrant le tout... Reste donc l'exercice de pensée politique, mais il se sert toujours chez les mêmes... Difficile donc de se contenter de ce côté-là... On se satisfera plutôt du souvenir de la première partie du film, et des pistes de réflexions amenées ici et là, par la parole, les images, les sons, la structure du long métrage... Et l'on essaiera, tant bien que mal, d'oublier tous ses défauts.

[2/4]

6 commentaires:

  1. Tu n'as donc pas accroché...

    Pour moi, il s'agit simplement de l'un des 3 ou 4 meilleurs Godard, et de l'un des 10 meilleurs films de ces dernières années. Il y a probablement dans ce film les séquences les plus poétiques jamais tournées par le cinéaste.

    J'aime également beaucoup "Eloge de l'amour" mais ce "Notre musique" lui reste supérieur. Je me suis retrouvé envoûté par ces 2 films, impression que Godard ne m'avait encore jamais fait ressentir. Il y a dans ces 2 films une douce poésie qui, à mon sens, balaie complètement "le discours politique" ou la manie discursive du cinéaste.

    J'y reviendrai à l'occasion, sous réserve d'en avoir le temps, pour défendre un peu ces 2 grands films.

    A+

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  2. Et à mon sens, la première partie n'est pas la meilleure. Elle est plus "facile" disons, jouant sur des émotions assez directes. Godard nous prouve justement par le suite qu'il peut dépasser ça, et que finalement, il n'excelle pas dans le patchwork (ce que l'on pouvait légitimement penser depuis les Histoires...).

    Si tu as apprécié la première partie du film, tu devrais aimer son court "Dans le noir du temps", visible sur internet.

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  3. Je te rejoins quand tu dis que la première partie est la plus facile : elle atteint directement le spectateur, pour faire simple le choque. Mais au-delà de la signification des images, c'est le montage, le mouvement qui traverse ces images par les formes et les couleurs qui m'a bluffé. Même si l'on ne peut pas réellement faire abstraction du sens des images...

    Là où j'ai été déçu, c'est dans cette représentation de l'au-delà que n'aurait pas renié Malick... Cela vient aussi du fait que mon attention n'ait pas su rester totale durant les deux dernières parties : les tics de réalisation de Godard me font réagir de façon épidermique malheureusement, de plus j'avoue n'avoir pas tout suivi (et pas tout compris) de ce qu'il nous dit tout au long du film...

    J'ai trouvé plus de cohérence dans « Eloge de l'amour » (le patchwork n'est décidément pas mon truc), plus de simplicité (relative) aussi, à moins que ce ne soit le sujet qui m'ait davantage parlé...

    Bref, n'hésite surtout pas à défendre ces deux films, je les reverrai surement pour affiner mon impression :-)!

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  4. Ça y est, j'ai vu « Dans le noir du temps »! Et je n'ai pas apprécié... Il me fait dire que décidément le patchwork n'est pas mon truc, et que voir Godard en compilateur/DJ d'images ne contribue pas à le rendre estimable à mes yeux... J'ai d'autant plus l'impression que la carrière de Godard n'est qu'un immense malentendu, et que ses meilleurs films sont bien ses premiers... Le doute subsiste toujours cela étant dit, et je suis toujours aussi curieux de voir le reste de sa filmographie! On peut bien parler de « cas Godard » en somme : le temps tranchera peut-être...

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  5. Le cinéma est un art terriblement complexe et les raisons d'aimer ou de ne pas aimer un film sont très diverses, voire contradictoires ... À cet égard, pour éviter les dialogues de sourds, je pense qu'il faut s'efforcer, même si ce n'est pas simple, de dire précisément les raisons de ses affections ou de ses désaffections. Je comprends sans peine l'agacement que vous éprouvez face aux prétentions «philosophiques» de Godard (largement relayées et exagérées par ses commentateurs, il faut l'avouer), à cet art discutable de la citation qu'il manie avec une absence totale de rigueur, à cette rhétorique dont il alourdit la plupart de ses films ... Pourtant, je rejoins totalement Maxime quand il estime qu'il s'agit peut-être de deux des meilleurs films du réalisateur. J'ai été très touché par ces deux films! Au delà de la rhétorique, au delà de l'art du Patchwork, «Éloge de l'amour» et «Notre musique» suggèrent des choses profondes et cet art de la suggestion mérite le nom de poésie. Alors je vous concède sans peine que je suis vague et qu'il faudrait mettre des mots sur ces choses. Et j'avoue qu'il faudrait que je revoie les deux films (que pour ma part je ne hiérarchise pas) pour être capable d'en dire davantage. Mais je ne peux que vous inviter à ne pas vous satisfaire d'un premier visionnage. Je dois constater, d'expérience, que les revisionnages sont souvent favorables aux films de Godard et que les agacement épidermique, et d'ailleurs parfaitement justifiés (parce que Godard est agaçant! :-) ) qu'il suscite au premier abord, cachent souvent des trésors!

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  6. Vous avez raison, il me faut revoir ses films! Tant de choses tournent autour de Godard, qu'il me faut oublier l'homme pour appréhender sans (trop d')a priori ses films... Le problème c'est que lorsque j'entends l'une de ces citations dont il est si friand, je « vois » la personne dont elle émane et plus le long métrage (cela dit c'est peut-être fait exprès)...

    Je crois en la force de l'image, et surtout de l'image « neuve », fruit d'une recherche et d'une sensibilité, ainsi qu'en la force de l'image « seule », simple, dénué d'effets, de sons, etc... C'est-à-dire en ce cinéma qui consiste à fabriquer de A à Z l'image et le film, à donner vie et corps à une vision, à la rendre réelle puisque fabriquée, jouée, mimée, éprouvée, et ensuite filmée. Et Godard vient tout « gâcher » (avec son ironie et son intelligence, sa bêtise aussi) en mélangeant des images qui ne sont pas de lui, et en mettant des sons et un sens parfois disgracieux dessus (ce qui est de surcroit à la mode de nos jours)... Mais ainsi il nous pousse à réfléchir sur le cinéma, ce qui n'est pas la moindre des choses! Et je dois dire qu'étant encore bien jeune, mon avis évoluera peut-être par la suite d'une autre façon, d'autant que le ressenti que l'on éprouve à la vision d'un film est fonction de son état d'esprit du moment, et pas forcément des qualités réelles du long métrage...

    Je crois que ce qui fait le charme de ses films les plus récents, c'est qu'ils cachent peut-être (volontairement ou non) sous un amas d'images et de paroles la sensibilité de Godard, et qu'il s'avèrent d'une grande tristesse... Mais je me trompe peut-être... J'ai tendance à trouver de plus en plus dérisoire son style et son « aura » d'artiste de génie, mais c'est peut-être aussi ce qui fait son charme, cette fragilité derrière un vernis tape-à-l'oeil... Dans tous les cas je n'en ai pas encore fini avec lui :-)!

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