La vie est belle, très, très belle. Elle est aussi simple, limpide. Oh, bien sûr, la vie est aussi complexe, parfois trop, mais pas d'une complexité irrémédiable, funeste. Non, complexe car dense, riche. Tout comme le dernier long métrage d'Hayao Miyazaki, à la fois triste et solaire, et d'une évidence sans pareille. « Le Vent se lève » est un film qui pose la question peut-être la plus importante de toute vie humaine. Qu'est devenu(e) le petit garçon, ou la petite fille que nous étions ? La vie est certes difficile parfois, souvent même. Mais nous, que faisons-nous de cette vie qui nous est donnée ? Jiro a choisi de concevoir des avions, les plus beaux qu'il puisse imaginer. Enfant rêveur mais déterminé, doué, il deviendra le créateur des chasseurs Zéro, les terribles engins volants des kamikazes japonais, durant la Seconde guerre mondiale. La vie et son lot de circonstances auront ainsi rattrapé le rêve d'un jeune homme épris d'aviation. « Le Vent se lève » est donc un film tout à fait ancré historiquement. Hayao Miyazaki ne fait pas de mystère sur les temps obscurs que furent pour le monde et l'humanité l'impérialisme allemand et japonais. Mais l'intérêt du long métrage n'est pas là. Il est dans cette soif de grands espaces, ce rêve tout humain de défier l'apesanteur – et joie – de voler ! Il réside aussi dans cette soif d'idéal, d'absolu. L'absolu de l'amour, de la bonté, de la beauté, du courage, de la ténacité. Hayao Miyazaki n'est pas seulement un dessinateur ou un réalisateur de talent. C'est aussi et avant tout un véritable et grand artiste, car il a des choses à dire. Et ce qu'il a à dire est immense. Comment contenir en une œuvre seulement ce souffle de vie, ce désir de vivre, de s'épanouir, de grandir avec l'autre, et les autres ? Bien sûr, tout n'est pas parfait dans ce film. Mais les moments les plus beaux sont extraordinaires. Bouleversants. Rares sont les longs métrages, ou même les œuvres autres que cinématographiques, à diffuser des émotions si subtiles et fortes à la fois. Rares sont les films, d'aujourd'hui mais aussi d'hier, à donner corps à une telle foi dans la vie et dans l'humanité. Rien ne semble altérer cet espoir, ni le temps, ni la guerre, ni le mal, ni la maladie. Rien ne peut altérer, diminuer cette confiance rayonnante dans le fait que les êtres humains peuvent se surpasser avec bienveillance, et s'accomplir dans le regard aimant de l'autre. Amour et travail, amour du travail, éloge de l'amour (car c'est toujours lui qui a le dernier mot), c'est ainsi que prend fin – peut-être – la carrière du Miyazaki réalisateur de longs métrages. Pouvait-il achever son œuvre et quitter sa table de travail d'une plus belle façon ? Difficile de l'imaginer.
[4/4]
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