Une pure merveille, de la première à la dernière seconde. A la fois très
poétique, bourré d'humanité et proche de l'avant-gardisme (nombreuses
sont les expérimentations sonores et visuelles), « Les Ailes du Désir »
constitue le sommet de l’œuvre de Wim Wenders. Toute son équipe était
alors en état de grâce. La photographie d'Henri Alekan est au-dessus de
tout éloge, sa participation au long métrage étant essentielle. On peut
dire qu'il est véritablement l'âme du film tant il sublime la réalité :
sa maîtrise est ahurissante, que ce soit pour les séquences en noir et
blanc ou en couleurs. Bruno Ganz est lui aussi tout à fait remarquable.
Malgré ou plutôt grâce à un jeu d'acteur très épuré, il lui suffit d'un
regard, d'un sourire pour donner vie à l'émotion la plus franche. Je suis d'ailleurs longtemps resté marqué par son sourire, tant il incarne à merveille la bienveillance, d'une façon totalement désarmante. Les
autres acteurs, de Peter Falk à Solveig Dommartin, sont tout autant
dignes de louanges. Et puis Wim Wenders. Sa caméra virtuose est
absolument incomparable. Sans compter tout ce qu'il a apporté au film,
étant à l'origine du projet. Parler de Berlin, du mur, de l'Allemagne,
de son histoire... mais aussi parler de lui, de son enfance,... et même
de la vie, de l'humanité... Rien que ça. Pourtant tout se tient, ça
marche, son film est d'une richesse, visuelle comme thématique, peu
commune! Et ce sans jamais se départir de son humilité et de sa
simplicité exemplaires, malgré l'audace de l'ensemble. On peut aussi
évoquer la musique magnifique de Jürgen Knieper, le travail époustouflant sur la bande sonore, ou encore le génie des textes de
Peter Handke et Rainer Maria Rilke (grande influence de Wenders).
« Paris, Texas » était déjà un film exceptionnel, avec « Les Ailes du
Désir » Wim Wenders a réussi à faire encore (et largement) mieux. Ça
semblait impossible, et pourtant... Inutile de préciser combien il
serait triste de passer à côté d'une telle splendeur. Un des plus grands chefs-d’œuvre des années 80. Et du 7ème art.
[4/4]
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