J'ai eu la chance de retrouver une ancienne édition des aventures du
Capitaine Cormorant chez Glénat (avec la couverture ci-contre) en deux épisodes, le premier ayant fait
l'objet d'une réédition récente chez Casterman (cf. ma critique ici).
Le premier épisode est écrit et dessiné par Pratt en personne, avec une
histoire qui préfigure « La Ballade de la Mer Salée » et le personnage
de Corto Maltese, même si les protagonistes de « Cormorant » diffèrent
sensiblement.
Le héros éponyme est un être épris de liberté, un peu fou en
apparence, mais au fond sûr de lui et de ce qu'il fait (toute
ressemblance avec Corto est fortuite, hum). Rusé, courageux, il réussit à
se frayer un chemin au gré des îles australes et des coutumes locales
pour le moins surprenantes. On retrouve la soif des grands espaces et le
goût pour l'océan de Pratt qui feront tout le sel des aventures de
Corto. De plus, en bon héros « prattien », Cormorant est entouré de
fidèles amis, dont un indigène tatoué que l'on retrouvera peu ou prou
dans des albums ultérieurs, et une femme de caractère, autres indices
des chefs-d’œuvre à venir. « Capitaine Cormorant » est ainsi une
nouvelle graphique accomplie et plaisante.
Le second épisode est dessiné en partie par Pratt, en partie par
Stelio Fenzo, qui achève ainsi les aventures de notre capitaine
malicieux. Le second épisode vient encore enchérir un peu plus dans
l'humour et l'ironie, car nos héros sont pris entre deux feux : une
princesse australe qui veut épouser l'un des personnages principaux, ce
qui laisse augurer une issue funeste si ce dernier n'arrivait pas à la
satisfaire, et des cannibales coupeurs de tête bien décidés à faire de
nos protagonistes leur prochain repas.
Ces deux épisodes, dépaysants et réjouissants, permettent de mieux
apprécier ce goût pour l'aventure typiquement prattien, en annonçant les
pérégrinations d'un certain marin maltais. Deux épisodes relativement
brefs mais parfaitement bien menés, qui nous laissent un peu sur notre
faim tant ces deux récits sont appréciables.
Ce qui est également intéressant dans cette édition, c'est la notice
introductive rédigée par Dominique Petitfaux, spécialiste d'Hugo Pratt.
On apprend ainsi que le dessinateur italien s'est inspiré pour cette BD
de l’œuvre de Franco Caprioli, un compatriote habitué des récits
d'aventures imagés, avec la particularité qu'un certain nombre d'entre
eux se déroulent en Océanie, ce qui est alors nouveau pour l'époque. On
ne peut que remercier ce dernier pour la riche postérité dont il est à
l'origine !
[3/4]
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