« La Maison dorée de Samarkand » est l'une des grandes aventures de Corto Maltese, qui le mènera de Rhodes à la République socialiste soviétique autonome du Turkestan, actuel Ouzbékistan. On ne sait pas trop si c'est à la recherche de l'or perdu du roi perse Cyrus ou de son étrange « ami » Raspoutine, emprisonné dans une prison sordide, que Corto s'engage (toujours cette indécision de l'auteur entre le cynisme et la bonté d'âme)... Toujours est-il qu'il traversera des territoires déchirés par la guerre et la plus grande confusion, entre idéaux trahis, désir de vengeance, soif de pouvoir... Une situation à l'image du début du XXème siècle. Comme à son habitude, Corto ira de rencontres en rencontres : derviches tourneurs, aventuriers sans foi ni loi, espionnes, comédiens défraichis, révolutionnaires... et même son double maléfique! Sans oublier le fidèle Raspoutine, toujours aussi brutal, méchant, terre à terre et opportuniste. Le contraire même de Corto Maltese, (anti)héros romantique et rêveur, perdu dans un passé dont on ne sait rien, ou presque. « La Maison dorée de Samarkand » est d'ailleurs particulièrement marqué par le rêve et l'incertitude, entre la nuit, les songes et les volutes de fumée de haschich. L'onirisme n'est jamais bien loin, et annonce l'orientation que prendra l'œuvre d'Hugo Pratt par la suite, de plus en plus détachée de toute réalité, du moins en ce qui concerne les aventures de notre marin maltais. Un album parfois un peu confus, mais faisant la part belle à l'aventure et à une certaine poésie (même si Pratt a fait encore mieux dans le domaine).
[3/4]
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