« L'Onde Septimus » est un projet mort-né, tout comme « L'Etrange rendez-vous ». Je serai donc tout aussi catégorique. L'équipe à l’œuvre ici, à l'image de celle de l'opus précédemment cité, ont décidé de sucer jusqu'à la moelle des albums de Jacobs se suffisant à eux-mêmes, pour des raisons de facilité bassement commerciales. Bon sang, pourquoi vouloir donner une suite à « La Marque Jaune », qui compte parmi les albums de la série autonomes, cohérents en diable et d'une grande qualité ? Aura-t-on droit au « Secret de l'Atlantide 2 » ? A « S.O.S. Météores 2 » ? Au « Piège diabolique 2 » ? Surtout que le résultat est très décevant. L'intrigue est brouillonne, pleine d'une familiarité déplacée et d'un langage ampoulé loin de l'efficacité narrative jacobsienne, certes très précise donc longue et fastidieuse, mais jamais gratuite. De surcroît, le rythme est bancal : l'intrigue met du temps à démarrer et aboutit à un final médiocre. Dommage, car quelques pistes étaient bienvenues : l'errance hallucinée d'Olrik notamment, que l'on découvre sous un nouveau jour. Et puis n'oublions pas LA fausse bonne idée de l'opus : cette myriade de Septimus sous leur parapluie... absolument ridicule, pas du tout angoissante, et d'une lourdeur pachydermique. Les auteurs ont voulu faire revivre Septimus. Soit. Mais là il lui enlèvent tout mystère, le galvaudent, et il ne se résume plus qu'à ce qu'il est ici (et à ce qu'est cet album) : un cliché défraichi. Décidément, il paraît bien difficile pour les équipes qui ont repris la série de retrouver le souffle et l'universalité qui parcouraient l’œuvre de Jacobs, loin de la science-fiction de pacotille qui veut se substituer à la flamboyance des Jacobs les plus ambitieux. Le dessin quant à lui est excellent en ce qui concerne les personnages : à l'inverse du trait de Juillard, ici nous avons le droit à une copie conforme du style Jacobs. Et c'est bienvenu. Non pas que que le style Juillard me déplaise : tout comme Ted Benoît, Juillard a su redonner vie aux héros de Jacobs avec un brin d'originalité qui ne nuit pas à la qualité visuelle de la série. Aubin, pour sa part, s'en tire plutôt bien... Car dès que l'on regarde trop l'arrière plan, on sent comme une impression de vide : c'est assez bâclé. Mais le pire se ressent vers la fin de l'album : là tout s'étiole, personnages comme décors. Pressés par un Noël 2013 qui s'approchait à grands pas, les auteurs ont en effet dû mettre les bouchées doubles pour sortir l'album à temps... Aux dépens de la qualité de l'ouvrage. Grande déception donc, que cette « Onde Septimus ». L'avenir de la série n'appartient-il pas à ces tentatives de créer de nouvelles intrigues et de nouveaux personnages sans s’arrimer au passé (tout en respectant l'esprit – et non la lettre – de la bande dessinée originelle), comme dans le cas de « L'Affaire Francis Blake », « La Machination Voronov » ou « Le Serment des Cinq Lords » ? Bref, à véritablement (oser) créer, plutôt que reprendre jusqu'à épuisement des œuvres, elles, accomplies ?
[1/4]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire