«
Gladiator » est peu ou prou mon premier choc cinématographique, en tout
cas le premier film que j'ai vu au cinéma au sortir de l'enfance : je
devais avoir 11 ans et bravais donc avec un peu d'appréhension
l'indication « déconseillé aux moins de 12 ans ». Longtemps ce film est
resté pour moi une référence, comme pour beaucoup d'autres personnes
j'imagine. Puis je l'ai renié en développant mon goût pour le Septième
Art, dans mon souvenir il se rapprochait trop d'un « 300 » sans que je
l'y compare totalement (vu la bêtise sans nom qu'est le long métrage de
Zack Snyder et Frank Miller), « Gladiator » devenant pour moi synonyme
de virilité mal placée, « force et honneur », Maximus par ci Maximus par
là, tout ça tout ça... Une caricature en somme. Mais finalement j'ai
toujours gardé un attachement particulier à ce film. Et il y a peu, je
me suis dit qu'il fallait que je le regarde de nouveau pour me faire un
avis construit, la dernière fois que je l'ai vu remontant à une bonne
dizaine d'années minimum.
Ce
fut donc chose faite, je me suis replongé dans la Rome antique de Marc
Aurèle, et tout m'est revenu : la bande son chaleureuse et prenante ;
Maximus, ce héros sans tache, fidèle, courageux et obstiné, incarné
magistralement par Russel Crowe qui « est » littéralement Maximus : un
héros humain, presque poétique avec ces scènes magnifiques où il passe
sa main dans les blés ; le tragique de la Rome éternelle, ses complots,
la dureté de certains personnages, tous droits sortis de la BD « Alix »
de Jacques Martin ; l'impression d'être à Rome, au cœur de l'arène ou du
Colisée, mais aussi au cœur des combats contre les barbares Germains...
Et beaucoup d'autres éléments que je n'avais pas décelé alors,
notamment le fait que si certains personnages sont noirs, fourbes
(Commode, un « méchant » particulièrement ignoble, terrifiant de
froideur et de monstruosité, très bien choisi pour faire face à Maximus,
le traître Quintus ou le perfide Falco), d'autres sont droits,
exemplaires (Maximus donc, Gracchus, Cicéron, Juba...) quand bien même
certains sont plus nuancés, plus complexes, même si finalement plus
proches de la lumière que de l'ombre (Lucilla, Proximo). En bref, nous
ne sommes pas encore dans le cliché tenace aujourd'hui d'une Rome
totalement dévoyée, que l'on retrouve dépeinte à gros traits dans la
série TV éponyme de 2005. Ce que je veux dire, c'est que dans «
Gladiator » il y a une sorte d'espoir, que la justice triomphera, et que
se battre pour le Bien vaut la peine.
Cela
peut sembler dérisoire, mais je comprends aujourd'hui que c'est la
force de ce long métrage et ce qui fait qu'il a tant passionné les
spectateurs, outre ses qualités visuelles pour le moins
impressionnantes. Maximus est un vrai héros comme on n'en fait plus,
auxquels des millions d'enfants se sont identifiés. Je me rends compte
également qu'à l'instar de « Blade Runner », autre chef-d’œuvre de
Ridley Scott, « Gladiator » a lancé une mode, ou du moins est resté –
j'y reviens – une référence de film historique, et plus particulièrement
de péplum « moderne ». C'est peu dire qu'il a été mainte fois imité,
mais rarement, voire jamais égalé, même par Ridley Scott en personne.
Tous les « Troie », « Alexandre », « 300 » et je passe tous les films de
série B réalisés dans son sillage, n'arrivent pas à sa cheville, ne
parvenant pas à retrouver l'alchimie qui a fait de « Gladiator » une
indéniable réussite. Certes il comporte une violence un peu gratuite,
pas forcément indispensable, qui là aussi a dégénéré chez ses suiveurs
en goût pour les bains de sang. Certes, Ridley Scott est plus un génial
chef opérateur qu'un véritable auteur, du moins que quelqu'un qui aurait
une vraie pensée à partager. « Gladiator » n'est donc pas un
chef-d’œuvre absolu, loin de là. Pour autant il s'agit à mon sens d'un
grand film, une vaste fresque épique avec un souffle remarquable, digne
héritier d'un « Ben-Hur ». En tout cas, il reste pour moi un très beau
souvenir de cinéma, avec le recul je peux dire qu'il mérite son
statut de film culte... et que j'ai eu beaucoup de plaisir à le revoir !
[4/4]
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