Une belle BD de plus à mettre au crédit de Lele Vianello ! Scénarisée par François Corteggiani (dont je viens d’apprendre le décès récent…), elle est toutefois un peu plus mineure à mon sens que les autres albums édités chez Mosquito de l’ancien assistant d’Hugo Pratt.
Pour une fois, nous avons le droit à un album de Vianello en couleur, ce qui est assez surprenant. Les teintes sont vraiment belles, sans doute en couleurs directes (on voit les traces de crayon papier). Je regrette un peu le noir et blanc prattien... En même temps, les nuances automnales magnifient les paysages canadiens et je suis ravi que Vianello tente autre chose.
Pour ce qui est de l'histoire, elle est solide et nous emmène une fois de plus dans l'Amérique des Amérindiens, au 19e siècle, sujet cher à Pratt et plus largement aux grands auteurs italiens et sud-américains de bande dessinée. Elle est tout de même peut-être un peu trop rapide et prévisible pour m'enthousiasmer pleinement, mais j'apprécie beaucoup le classicisme (dans le bon sens du terme) de l'ensemble.
A ce titre, le personnage principal, le Sergent Keller, est un héros comme je les aime : intègre, rusé... et non dénué d'humour. Pratt ne l'aurait sans doute pas renié, notamment dans sa grande période plus classique, avant sa série phare, même si Keller fait preuve également d'un flegme à la Corto Maltese. En tout cas, on sent que Vianello et Corteggiani ont du métier, c'est vraiment agréable.
Au total, il s'agit d'une bande dessinée réussie. Si elle ne figure pas tout à fait dans ce que ses auteurs ont fait de mieux, elle dispose de suffisamment de qualités pour mériter la lecture. Et elle confirme un peu plus combien Lele Vianello est un des meilleurs auteurs et dessinateurs de bande dessinée d'aujourd'hui. Sans doute l'un des derniers représentants de l'âge d'or du neuvième art...
[3/4]
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