dimanche 17 octobre 2010

« Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) » (Lung Boonmee raluek chat) d'Apichatpong Weerasethakul (2010)

    Un beau film, une Palme d'Or tout à fait méritée, même si en dépit de qualités certaines elle ne restera peut-être pas dans les annales. Apichatpong Weerasethakul maîtrise parfaitement son matériau, seulement à l'instar de plusieurs de ses confrères est-asiatiques de talent et loués par une partie de la critique, il peine à donner à son long métrage un souffle, une portée de plus grande envergure. Toutefois ne boudons pas notre plaisir, il s'agit là d'un film pleinement abouti, réservant de vrais moments de poésie, même si celle-ci se fait parfois un peu maladroite. On parle aussi beaucoup de cinéma sensoriel au sujet de l'art du cinéaste thaïlandais, pourtant je dois le concéder, la manière (souvent frontale) dont il filme la jungle n'arrive pas à m'impliquer « sensoriellement »... Je dois dire que son cinéma m'intéresse plus par son côté fantastique, par ses incursions dans l'onirisme qui se font ici plus que jamais d'une façon étonnement « naturelle »! C'est sans doute pour cela que je préfère « Tropical Malady » à « Blissfully Yours » : « Oncle Bonmee » est pour moi une sorte de frère jumeau du premier! Pour le reste c'est une oeuvre admirable sur la mort et les derniers instants d'un homme, un film calme, serein et pudique, à l'image de ses personnages. Les apparitions fantomatiques ont été accompagnées de rires dans la salle, mais je crois que c'est en raison du naturel, de la naïveté presque enfantine qui les meuvent (véritablement désarmants, comme l'est d'ailleurs le cinéma de M. Weerasethakul) qui ont du en gêner plus d'un... De sorte que parler d'hermétisme à son encontre tient du non-sens, même s'il est évident que ceux qui formulent de tels reproches ne savent rien du cinéma, ou du moins ne connaissent que la conception hollywoodienne héritée de Griffith... Quelqu'un qui veut détester ce film trouvera du grain à moudre en le visionnant, mais pour reprendre ce que certains ont pu dire avec raison, il faut s'abandonner à ce long métrage (comme à tout long métrage)!

[2/4]

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