dimanche 16 janvier 2011

« Un Condamné à Mort s'est Échappé » de Robert Bresson (1956)

    Un film fiévreux, acéré, sombre, puissamment poétique, tout en émotion contenue, comme tous les films de Robert Bresson d'ailleurs. « Un Condamné à Mort s'est Échappé » c'est bien évidemment un long métrage relatif à l'évasion d'un résistant français d'une prison tenue par les allemands durant la seconde guerre mondiale, donnant lieu à de fameuses scènes de suspense servies par une esthétique ascétique extraordinairement suggestive. Mais c'est avant tout la métaphore de la vie même, du combat qu'il faut mener face à l'oppresseur, face à ses camarades qui flanchent, face à son corps qui lentement dépéri, face à son esprit qui cesse de croire en l'impossible. « Un Condamné à Mort s'est Échappé » est un vibrant plaidoyer pour la liberté et le salut de l'homme, rendus possible à force de détermination, de courage, de ténacité. « Un Condamné à Mort s'est Échappé » c'est le triomphe de la volonté sur la matière et l'esprit : il n'y a qu'à voir comment les autres prisonniers vivent au rythme des tentatives d'évasion des uns et des autres, la fuite de l'un leur redonne espoir, l'échec d'un autre les désespère... Et pourtant Fontaine est tout sauf un « surhomme » ou un saint, il est profondément humain : il hésite, se trompe parfois et surtout doit tuer pour s'enfuir! Bresson sait donc ménager des parts d'obscurité dans son long métrage. Pour le reste son film est vraiment admirable, visuellement certes mais tout autant d'un point de vue sonore : rarement les sons auront été aussi importants, il faut peut-être retourner à Fritz Lang et aux débuts du parlant pour retrouver une telle pureté dans leur emploi! « Un Condamné à Mort s'est Échappé » est peut-être la meilleure porte d'entrée pour le cinématographe de Bresson, si sa maîtrise n'est pas encore totale (bien qu'elle soit considérable : Mozart ne sert pas à grand chose ici tant l'art de Bresson est fort), c'est l'un de ses rares longs métrages à suivre une trame narrative « classique », à savoir la chronologie d'une évasion, des plus petits préparatifs aux doutes ou aux obstacles qui l'entravent. On suit donc avec le plus grand des intérêts la folle aventure du lieutenant Fontaine, mais l'on peut tout autant s'attarder sur les autres niveaux de lecture du long métrage, ce qui en fait une œuvre qui comblera les attentes de tous les types de spectateurs à mon sens. L'un des premiers grands chefs-d'oeuvre du maître du cinéma français.

[4/4]

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