lundi 18 avril 2011

« Akira » de Katsuhiro Ōtomo (1988)

    « Akira » est un film éminemment moderne, éminemment contemporain même, en ce qu'il constitue une sorte de cri en réponse à l'état actuel de notre monde, et plus particulièrement à celui de sa jeunesse. Notre vie est aseptisée, cordiale, monotone, uniforme? « Akira » est violent, bestial, méchant, démesuré, choquant. Il est parcouru d'une rage diffuse, permanente, que l'on retrouve aussi bien dans ses personnages de voyous frondeurs que dans son intrigue sinueuse. Tout le monde en prend pour son grade, d'ailleurs tout le monde reçoit des coups dans ce long métrage. « Akira » mérite toutefois le coup d'oeil ne serait-ce qu'en raison de sa force, qui va au-delà du simple « choc » (bien qu'il relève quelque peu de cette façon de faire une fois encore significativement moderne) : c'est qu'il parvient à restituer nombre des contradictions de l'existence humaine, sans les résoudre par des simplifications aussi douteuses qu'excessives. Certes la subtilité de ce long métrage est relative, mais le tableau qu'il brosse de la nature humaine est particulièrement convaincant, et si l'on ajoute le fait que la qualité de l'animation est bel et bien au rendez-vous, je ne peux que conseiller ce long métrage au spectateur, averti toutefois. Il faut en effet louer le travail de Katsuhiro Ōtomo, qui m'apparaît comme l'un des seuls réalisateurs japonais de dessins animés capable de rivaliser avec Hayao Miyazaki et Isao Takahata quant à la possession d'un style qui lui soit véritablement propre. La réalisation est diablement inspirée, le character design particulier et réussi, et la plupart des séquences d'« Akira » s'avèrent inoubliables... Sans compter que la musique est excellente! De toute évidence, c'est là la matrice du film d'anticipation apocalyptique (si l'on excepte sa référence manifeste au « Metropolis » de Fritz Lang), et sans doute le seul qui vaille quelque applaudissement au regard de tous ses suiveurs, dont « Ghost in the Shell », qui fait bien pâle figure en comparaison. Pour finir il faut noter la richesse de l'intrigue, qui au premier abord semble relever du cliché inhérent au genre, mais qui me semble surtout constituer une réflexion sur la question du « pouvoir », au sens premier du terme. Et quoi de plus sensé que de faire du héros de cette histoire un adolescent, en lutte contre le monde entier pour affirmer sa propre « puissance »?

[2/4]

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