lundi 26 mars 2012

« L'Ange ivre » (Yoidore tenshi) d'Akira Kurosawa (1948)

    Une fois de plus, voilà un remarquable long métrage de la part d'Akira Kurosawa. Il explore les bas-fonds du Japon d'après-guerre, en dépeignant la misère d'un cloaque putride et des baraquements qui le bordent, dans lesquels officie un médecin alcoolique. Ce dernier, joué par Takashi Shimura, tentera tant bien que mal de soigner un jeune yakuza, magistralement interprété par le bouillonnant Toshiro Mifune. Mifune que l'on croise pour la première fois dans un film de Kurosawa, début d'une longue et fructueuse collaboration qui nous offrira nombre de pépites cinématographiques. Pour l'heure, parlons de « L'Ange ivre ». C'est un film de jeunesse pour Kurosawa : le huitième sur une longue série d'une trentaine de longs métrages. Mais Kurosawa n'est plus un débutant depuis longtemps (à vrai dire dès son premier long métrage l'on sentait une puissance d'expression sans pareille), et « L'Ange Ivre » bénéficie d'une réalisation au cordeau, sous haute influence expressionniste. Les cadrages sont soignés, les lumières sculpturales, les angles de vues osent des plongées et contre-plongées... Kurosawa se permet même une incursion dans l'onirisme. Mais avant tout, « L'Ange ivre » est une histoire digne de Dostoïevski, l'histoire d'un médecin au grand coeur qui se prendra d'affection pour un yakuza égoïste, fier et querelleur. Notons que le personnage du médecin préfigure la figure de Barberousse, du film éponyme de Kurosawa. Pour finir, il s'agit donc d'un excellent film, comme tout long métrage du Sensei qui se respecte.

[3/4]

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