dimanche 10 juillet 2016

« Rio Bravo » de Howard Hawks (1959)

    « Rio Bravo » est un classique indéniable. De ceux qui vous font vous sentir chez vous dès les premières secondes. Le scénario est limpide comme de l'eau pure, les acteurs semblent plus vrais que nature, malgré la patine du Technicolor et un jeu millimétré, et la caméra sait se faire discrète, tout en rendant chaque plan évident. Tout cela permet de nous servir l'intrigue sur un plateau d'argent : un duel à mort entre un shérif consciencieux et une fratrie de riches personnages véreux. Chaque grande séquence est d'anthologie. Tout commence dans un bar : un homme dont on ne sait rien se fait humilier. Quelqu'un vient à son secours, hélas pour lui, car il se trouve dans le bar de son ennemi juré. Tout est dit en quelques regards, quelques gestes : une attitude arrogante, et l'on sait que l'on a affaire au pourri de l'histoire. Une attitude franche et courageuse, on sait qu'on a affaire au héros de l'histoire. Une attitude hésitante, meurtrie, mais là on ne sait pas encore qu'on a affaire à l'un des personnages principaux, déchiré, tiraillé entre un passé douloureux et un présent de rédemption. Hawks nous offre ainsi toute une galerie de personnages, aux personnalités plus ou moins tranchées, des plus fourbes aux plus héroïques. Si certains sont stéréotypiques, mais dans le bon sens du terme, comme dans un mythe (de l'Ouest), certains sont génialement complexes, à l'image du pistolero joué par Dean Martin, donc, ou de la jeune femme mystérieuse, récemment arrivée dans la ville. « Rio Bravo » est une sorte de western métaphysique, contemplatif, lent, qui privilégie la psychologie de personnages richement écrits à l'action, qui se fait rare et sèche, brève, incisive. « Rio Bravo » est une aventure humaine, une histoire d'amour et de camaraderie, une histoire de dépassement de soi dans l'épreuve, de pardon et de rachat. Une aventure tellement riche qu'un seul ou même plusieurs visionnages ne suffisent certainement pas à épuiser tout ce que contient ce film. Dans ces conditions, comment ne pas y voir un chef-d’œuvre ?

[4/4]

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