« Boudu sauvé des eaux » est un film étonnant, inclassable. Sorte de fable sociale anarchiste, c'est un bel écrin pour le jeu totalement imprévisible (et très physique) de Michel Simon. Un clochard, Boudu, se jette dans la Seine après avoir perdu son chien. Un bourgeois le voit dans l'eau depuis son appartement parisien, et décide de sauter dans le fleuve pour lui venir en secours. Il le ramène chez lui, et l'habille comme l'un des siens. Mais la nature anticonformiste de Boudu ne s'adapte guère à la bienséance (toute relative) des mœurs de la famille Lestingois. Ce dernier est en effet un bourgeois libéral et généreux, qui entretien une liaison avec sa bonne, à l'insu de sa femme. Comme dans une pièce de vaudeville, l'arrivée de Boudu dans la famille vient rebattre les cartes des liaisons amoureuses et tout faire voler en éclat, engendrant de savoureux quiproquos. Il vient surtout remettre en cause les principes de Lestingois : l'hospitalité, la générosité, la croyance dans la bonté humaine. La séquence finale est extraordinaire : complètement inattendue, elle révèle toute l'ambivalence de la nature de Boudu, qui décidément, ne veut se raccrocher à rien d'autre qu'à sa liberté. Notons que la mise en scène de Renoir est d'une grande qualité, nous avons droit à de beaux travellings, et surtout à de magnifiques prises de vue en extérieur, notamment sur les bords de Seine. Un film assez déroutant, mais typique de l'art conjugué de Jean Renoir et Michel Simon, et à ce titre qui mérite largement le coup d’œil.
[3/4]
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