Bien que manquant parfois de subtilité (à mon sens), « Le Septième Sceau »
est une réussite indéniable de la part d'Ingmar Bergman, surtout quand
on connait la rapidité d'exécution et le peu de moyens dont bénéficiait
ce film. C'est sans nul doute l'un des plus personnels du cinéaste
suédois, agrégeant ses préoccupations et ses interrogations les plus
fortes à travers les divers personnages. En premier lieu vient Antonius
Block, parfaite incarnation de la détresse existentialiste de Bergman :
il a cherché Dieu jusqu'en Terre Sainte mais l'absence de ses réponses
lui fait craindre son absence tout court, et c'est finalement la Mort,
seule certitude ici-bas, que le chevalier va rencontrer. Dépeinte avec
humour, la Mort s'avère triomphatrice à tous les coups mais n'en demeure
pas moins ignorante de ce qui attend les hommes après, raison
supplémentaire de ne pas la craindre puisque finalement il s'agit plus
d'une sorte d'« exécutant » que d'une entité toute-puissante. L'écuyer est
quant à lui le parfait opposé du chevalier, plus terre à terre, sans
manières et sans illusions, aimant les plaisirs simples de la vie quand
son maître semble évoluer dans un autre monde : il est une autre facette
de la personnalité de Bergman, celle qui aspire à prendre la vie comme
elle vient, avec plus de simplicité mais non sans lucidité. La troisième
et dernière principale personnification de Bergman se retrouve dans
l'artiste ambulant et sa famille, persécuté par les ignorants
n'entendant rien à son art, mais étant cependant incapable de vivre un
seul jour sans l'exercer. Parcouru d'images inoubliables, « Le Septième
Sceau » constitue l'un des films les plus accessibles de Bergman pour
découvrir son œuvre, l'un des plus vivants aussi, et surtout l'un des
plus représentatifs de son auteur.
[4/4]
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