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samedi 16 juillet 2011

« Steamboy » (Suchīmubōi) de Katsuhiro Ōtomo (2004)

    Autant « Akira » parvenait en partant d'une situation relativement simple, réaliste et vraisemblable à dire beaucoup de choses tout en faisant preuve d'une admirable virtuosité graphique (malgré ses excès), autant « Steamboy » s'embourbe dans son discours grandiloquent sur les méfaits de la science, sans parvenir le moins du monde à nous toucher avec ses personnages stéréotypés, et surtout à nous émerveiller par sa débauche visuelle d'assez mauvais goût. Contrairement à Miyazaki, Ōtomo ne sait pas doser le mélange entre animation numérique et animation traditionnelle : de très nombreux passages sont laids pour ce qui est des mouvements ou des différents plans de l'image, mal coordonnés. De plus, la colorisation numérique est froide et artificielle au possible, et elle aussi fort disgracieuse, il est donc dommage que le réalisateur japonais ait choisi d'en user aussi souvent. Ajoutons à cela une esthétique ressuscitant un âge d'or industriel fantasmé, plein d'engrenages et de machines à vapeur, mais omniprésents jusqu'à l'indigestion, et nous obtenons un énième dessin animé pompeux et clinquant (c'est paraît-il le film d'animation japonais le plus cher de l'histoire – inutile de préciser que c'est loin d'être le meilleur...) de plus, malheureusement consensuel au possible. Ça explose de toutes parts mais rien n'y fait, on s'ennuie à mourir devant cette histoire mille fois déjà-vue de jeune élu entre les mains duquel repose l'avenir de l'humanité. Le propos sur la science n'est pas inintéressant, mais pas de quoi s'emballer, il reste suffisamment en surface pour demeurer dans la sphère du divertissement dans ce qu'il a de plus basique : des méchants bien méchants, une jeune fille dont le coeur reste à conquérir, des courses poursuites, des fusillades, une musique pompière... Mais tout ça pour rien. Il manque une véritable sensibilité à Ōtomo pour faire de cette rutilante mécanique autre chose qu'un jouet de luxe pour enfant gâté... En somme, une superproduction sans âme de plus...

[0/4]

dimanche 1 mai 2011

« Memories » (Memorîzu) de Kōji Morimoto, Tensai Okamura et Katsuhiro Ōtomo (1995)

    Le problème des films à sketchs, des recueils de courts métrages, c'est qu'ils sont souvent par nature inégaux, et que la comparaison que l'on opère entre les différents segments se fait toujours aux dépens de l'ensemble. Ainsi en est-il de « Memories » : le premier segment et le dernier surtout sont plutôt réussis, mais le second n'étant pas franchement des plus admirables, une fâcheuse impression de déception nous saisit au terme du visionnement du long métrage qu'ils forment à eux trois. Pourtant tous ont un sujet intéressant. Le premier tout d'abord, « Magnetic Rose », est formellement abouti et réserve une atmosphère triste et nostalgique pour le moins touchante. On s'approche de la science-fiction onirique du « Solaris » de Tarkovski, même si bien évidemment la subtilité du segment réalisé par Kōji Morimoto est sans commune mesure avec le film de l'illustre cinéaste russe. Son principal défaut est sa représentation par trop conventionnelle de certains fantasmes typiques du genre. On n'échappe pas non plus à certains clichés de l'animation japonaise, particulièrement quant à sa représentation du « beau », un beau vaguement occidentalisant et d'un goût pas très sûr... Le second segment part d'une bonne idée, évoquant le fantôme de la bombe atomique, ou tout du moins de catastrophes de cette ampleur. Scientifiques et militaires en prennent pour leur grade, et le traitement réservé à l'histoire qui nous est narrée est fort ingénieux et très caustique. Par contre si l'on se met à considérer l'animation en elle-même et la beauté du segment, il apparaît hélas que « Stink Bomb » ne dépasse pas le stade de la bonne idée judicieusement exploitée. Vient enfin le dernier court-métrage, réalisé par Katsuhiro Ōtomo, et c'est celui-là qui a finalement retenu mon attention. Non pas qu'il soit exceptionnel, mais c'est de loin le plus original et le plus abouti : son absurdité feinte et la singularité de l'animation n'y étant pas étrangères. Une atmosphère oppressante nous étreint, tandis que la monotonie, l'inexorabilité des gestes qui nous sont donnés à contempler, ainsi que leur portée effrayante confèrent à ce « Cannon Fodder » une ampleur certaine et au souvenir durable. « Memories » vaut donc le coup d'oeil pour tout amateur d'animation qui se respecte, toutefois il tient plus de la curiosité que du coup de maître.

[1/4]

lundi 18 avril 2011

« Akira » de Katsuhiro Ōtomo (1988)

    « Akira » est un film éminemment moderne, éminemment contemporain même, en ce qu'il constitue une sorte de cri en réponse à l'état actuel de notre monde, et plus particulièrement à celui de sa jeunesse. Notre vie est aseptisée, cordiale, monotone, uniforme? « Akira » est violent, bestial, méchant, démesuré, choquant. Il est parcouru d'une rage diffuse, permanente, que l'on retrouve aussi bien dans ses personnages de voyous frondeurs que dans son intrigue sinueuse. Tout le monde en prend pour son grade, d'ailleurs tout le monde reçoit des coups dans ce long métrage. « Akira » mérite toutefois le coup d'oeil ne serait-ce qu'en raison de sa force, qui va au-delà du simple « choc » (bien qu'il relève quelque peu de cette façon de faire une fois encore significativement moderne) : c'est qu'il parvient à restituer nombre des contradictions de l'existence humaine, sans les résoudre par des simplifications aussi douteuses qu'excessives. Certes la subtilité de ce long métrage est relative, mais le tableau qu'il brosse de la nature humaine est particulièrement convaincant, et si l'on ajoute le fait que la qualité de l'animation est bel et bien au rendez-vous, je ne peux que conseiller ce long métrage au spectateur, averti toutefois. Il faut en effet louer le travail de Katsuhiro Ōtomo, qui m'apparaît comme l'un des seuls réalisateurs japonais de dessins animés capable de rivaliser avec Hayao Miyazaki et Isao Takahata quant à la possession d'un style qui lui soit véritablement propre. La réalisation est diablement inspirée, le character design particulier et réussi, et la plupart des séquences d'« Akira » s'avèrent inoubliables... Sans compter que la musique est excellente! De toute évidence, c'est là la matrice du film d'anticipation apocalyptique (si l'on excepte sa référence manifeste au « Metropolis » de Fritz Lang), et sans doute le seul qui vaille quelque applaudissement au regard de tous ses suiveurs, dont « Ghost in the Shell », qui fait bien pâle figure en comparaison. Pour finir il faut noter la richesse de l'intrigue, qui au premier abord semble relever du cliché inhérent au genre, mais qui me semble surtout constituer une réflexion sur la question du « pouvoir », au sens premier du terme. Et quoi de plus sensé que de faire du héros de cette histoire un adolescent, en lutte contre le monde entier pour affirmer sa propre « puissance »?

[2/4]