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jeudi 28 juin 2012

« Elena » (Елена) d'Andreï Zviaguintsev (2012)

    Andreï Zviaguintsev nous dresse là un beau portrait de femme. « Elena » c'est l'histoire d'une épouse, et surtout d'une mère exemplaire, courageuse et aimante, bien que sa famille ne lui montre pas toujours de la reconnaissance à hauteur de son engagement pour ses proches. C'est en effet l'occasion pour le cinéaste russe de nous brosser le tableau d'une Russie chancelante, ayant perdu ses repères et ses valeurs. Les jeunes ne songent plus qu'à jouer aux jeux vidéos, à boire ou à se battre, leurs parents étant au chômage, tandis que leurs ainés leur reversent chaque mois une part de leur maigre pension. Elena est pauvre, c'est une ancienne infirmière, et elle donne le maximum de son revenu à son fils oisif. Son mari, Vladimir, est riche quant à lui. Il a toujours travaillé et ne comprend pas comment sa fille a pu se débaucher à ce point. Elena et Vladimir se sont mariés voici deux ans, chacun perçoit comme un échec l'éducation de son enfant, et réprimande l'autre contre la mauvaise conduite de sa progéniture. Mais un jour un évènement vient changer la donne, le couple uni d'Elena et Vladimir commence à se fissurer. La mise en scène est bonne, sobre, pudique. Les acteurs sont excellents. Et la musique lancinante, signée Philip Glass, vient rehausser le tout. « Elena » ne possède pas la puissance du « Retour » ou du « Banissement ». C'est donc une légère déception. Mais c'est tout de même un joli film, sur l'amour invincible d'une mère.

[2/4]

vendredi 3 février 2012

« Le Banissement » (Izgnanie) d'Andreï Zviaguintsev (2008)

    Un drame familial d'une grande profondeur. Andreï Zviaguintsev approfondit la figure du père que l'on retrouvait dans « Le Retour », son film précédent. Ici, le cinéaste russe nous présente un couple rongé par le doute et l'absence, au cœur d'une nature magnifiquement photographiée, et de grands espaces qui ajoutent un peu plus au vide que ressentent les personnages. La retenue avec laquelle filme Zviaguintsev est fort appréciable de nos jours, et lui permet de ne pas tomber dans un misérabilisme hâtif ou dans le psychologisme de bas étage que l'on serait en droit d'attendre d'une histoire pareille en France. Il s'inscrit dans la droite lignée du cinéma de Tarkovski, moins onirique et moins puissant, mais tout aussi captivant malgré de longs silences. Il est vrai qu'Andreï Zviaguintsev peine encore à trouver un ton et une esthétique qui lui soient propres, en revanche il fait montre d'une indéniable maturité artistique. L'histoire qu'il nous conte s'avère déchirante, et fait résonner en nous bien des choses. Il parvient en effet à alterner moments de grâce, sous un soleil lumineux, et moments tragiques, sous une pluie drue. Il alterne entre la campagne et la ville, industrielle et triste, avec un grand talent. Bref, un excellent film.

[3/4]