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samedi 12 janvier 2013

« Épouses et concubines » (Da hongdenglong gaogao gua) de Zhang Yimou (1991)

    Un film très beau... et terrible à la fois! Zhang Yimou dénonce dans ce long métrage l'horreur de la condition des femmes chinoises au début du XXème siècle. Songlian est une jeune fille pauvre de 19 ans, qui a dû quitter l'université, où elle n'a étudié que six mois, faute d'argent. Elle choisit alors de se marier à un homme riche, et devient... sa quatrième épouse. Elle découvre un monde clos sur lui-même, étouffant (l'impression d'enfermement est renforcée par la mise en scène très insistante du réalisateur chinois), alors que les manœuvres de ses rivales pour s'approprier les faveurs du maître des lieux lui mènent la vie dure. Baigné par le rouge des lanternes, qui annoncent la favorite du seigneur et celle qui peut gouverner pour un moment les serviteurs de la maisonnée, « Épouses et concubines » brille par la beauté de sa réalisation. Les cadrages sont méticuleux, les plans choisis avec soins, évitant tout superflu, tout en suggérant avec une économie de moyens remarquable le drame intérieur de ces femmes livrées au bon vouloir d'un homme qui les possède et les rend folles de jalousie. Car ce que dépeint avant tout Yimou, c'est la bassesse des sentiments humains dans une situation où l'amour se marchande. Il y a bien peu d'espoir dans cette demeure où l'on ne sort jamais : les plans aériens de ces cours enserrées par les toits finissent par donner la nausée. D'ailleurs, pour renforcer ce sentiment d'abandon et d'humiliation, on ne voit jamais le visage du maître, toujours filmé de loin ou de dos. Il est ainsi proprement inhumain, comme l'est en un sens « Épouses et concubines », tant sous l'éclat de sa mise en scène il donne à voir une noirceur insoutenable. Notons pour finir la beauté de la musique qui accompagne l'image!

[3/4]