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lundi 6 février 2012

« Finis Terrae » de Jean Epstein (1929)

    Un beau film, qui fait oublier sans peine qu'il est muet. Il convient de saluer la science du cadrage de Jean Epstein. Il confère en effet à ses images une force sans pareille grâce à sa maîtrise du plan. « Finis Terrae » tient presque du documentaire ethnographique en ce qu'il restitue les conditions de vie des marins de l'archipel d'Ouessant. L'intrigue, fort simple, est illustrée par de magnifiques prises de vues de la mer et des plages de granit bretonnes. Ce type de film rappelle en un sens « Terre sans pain » de Buñuel, faux documentaire tout aussi austère. « Finis Terrae » est toutefois plus réaliste que « La Chute de la maison Usher », surtout par son sujet, bien qu'il soit filmé dans la même veine, plus simplement par le même réalisateur, avec sa sensibilité si particulière. A voir pour les amateurs du cinéma français du début du XXème siècle.

[2/4]

samedi 20 novembre 2010

« La Chute de la Maison Usher » de Jean Epstein (1928)

    Un admirable film français, assez unique dans l'histoire de notre cinéma : imaginez la rencontre entre Edgar Allan Poe, l'expressionnisme et l'impressionnisme cinématographique... Singulier mélange me direz-vous! Le côté fantastique du film, les symboles employés, l'usage de la photographie ou des décors rappellent l'art de nos amis d'outre-Rhin, mais la façon de filmer tout à fait particulière d'Epstein est bien de chez nous, si j'ose dire (d'autant qu'elle n'appartient certainement qu'à lui). Par des travellings audacieux, parfois subjectifs, par des ralentis, des effets de surimpression, il parvient à dire autre chose, à faire sentir le drame intérieur des personnages et le tragique de leur histoire. L'expressionnisme est une fois encore bien présent, mais cette recherche de la sensation, cette autre façon d'impliquer le spectateur est typiquement impressionniste, pour autant que cet adjectif soit réellement pertinent. Il est toujours délicat de regrouper des artistes, et surtout des oeuvres sous telle ou telle catégorie de l'intellect, et je vais donc m'arrêter là dans cet essai de présentation de la « façon de faire » d'Epstein. Cette version de « La Chute de la Maison Usher » est basée en réalité sur deux nouvelles de Poe, mais ne les ayant pas lues, je m'abstiendrai d'évoquer leur adaptation cinématographique. Par contre il m'est aisé de relater mon ressenti quant à l'émotion que dégage ce long métrage, quant aux images,... qui sont pour le moins étonnantes! Ce film regorge d'idées de mise en scène, Jean Epstein a su faire sien le langage cinématographique et à ce titre mérite bien des éloges. Je serai plus circonspect quant à la forme « globale » du long métrage, son rythme surtout, l'enchaînement de ces séquences hautement inspirées : il manque peut-être la cohérence d'un Murnau ou d'un Dreyer pour faire de ce long métrage un chef-d'oeuvre absolu. Toutefois sa puissance et sa poésie sont indéniables, rares sont les films français - ou mondiaux - de cette envergure! « La Chute de la Maison Usher » est un long métrage prodigieusement évocateur même si son achèvement s'avère (relativement) imparfait, un grand film, d'une beauté mystérieuse et envoûtante!

[3/4]