Affichage des articles dont le libellé est Resnais Alain. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Resnais Alain. Afficher tous les articles

samedi 18 décembre 2010

« Les Herbes Folles » d'Alain Resnais (2009)

    Resnais brasse beaucoup d'air pour un résultat décevant. Il fut un temps un « grand » du septième art : en visionnant « Les Herbes Folles » il n'est pas permis d'en douter. Mais tant de talent employé à une tâche aussi... futile (le mot est lâché), c'est bien regrettable. Non pas que ce film soit mauvais, ou tout du moins complètement raté : il est suffisamment étrange et singulier pour mériter le coup d'oeil, sa forme est suffisamment virtuose (ces jeux de couleurs, ce montage aérien, ces rebondissements incessants, cet art de l'ellipse,...) pour mériter quelque applaudissement! Il réserve souvent des respirations fort appréciables, et atteint même à certains moments un lyrisme cinématographique assez grisant. Oui mais tout cela reste d'une lourdeur! On frise l'indigestion tant ça clignote de partout, tant le long métrage est boursoufflé d'humour facile, de personnages caricaturaux, de bons sentiments passéistes, de photographie baveuse, de mouvements d'appareil à n'en plus finir... L'esthétique forcenée des « Herbes Folles » est parfois étonnamment bien maîtrisée, mais de temps à autre elle ploie sous son poids excessif : la mécanique est certes (trop?) bien huilée, Sabine Azéma est décidément attachante (Resnais en est complètement amoureux, c'est aussi frappant que lorsque Godard filmait Anna Karina), la fantaisie du cinéaste est touchante... Mais qu'est-ce qu'on manque d'air! Heureusement donc qu'Alain Resnais relâche régulièrement la pression grâce à ses diverses digressions. Par ailleurs les clins d'oeil sont légions, Resnais revisite le septième art et sa filmographie par la même occasion, mais ce serpent qui se mort la queue possède ce je ne sais quoi d'agaçant, peut-être l'« indécence » d'une autosatisfaction ostensiblement affichée en dépit d'attentes pas vraiment comblées, du moins en ce qui me concerne. D'autant que les vertus réellement poétiques du film le disputent trop souvent à une certaine « poésie du pauvre », qui n'a malheureusement de poésie que le nom. A ce titre les liens qui rapprochent Resnais de Desplechin ne sont peut-être pas anodins : ils partagent ce même goût pour la citation, pour un certain marivaudage, pour un formalisme au mieux mallarméen au pire digne de Jeunet... Un film qui en somme ravira sans aucun doute certains cinéphiles (les adeptes d'Hitchcock, ou encore ceux qui raffolent des jeux de comparaison), mais qui en laissera d'autres sur leur faim. Je finis juste sur une note négative puis une autre plus positive : la musique de Marc Snow est insipide et grossière au possible, l'affiche de Blutch est jolie et vraiment réussie! Et dernière question, enfin, pour répondre à une préoccupation essentielle et de taille débutant le long métrage : Resnais aurait-il perdu tout bon goût?

[1/4]