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samedi 28 avril 2018

« Virtue » de The Voidz (2018)

    « Virtue » est une vraie bonne nouvelle en ces temps de rock moribond, à une époque où les charts sont gangrenés par le rap et une immonde soupe commerciale diffusés sur tous les supports possibles et inimaginables. Qui plus est, The Voidz et plus précisément Julian Casablancas font figure de revenants. On pensait que leur premier album « Tyranny » n'était qu'une insolite parenthèse pour un Casablancas fatigué, lassé des Strokes, s'aventurant dans un bruitisme et un lâcher prise total, comme un défouloir, un essai récréatif, un retour aux sources d'un rock'n'roll crasseux, les Strokes étant devenus presque trop lisses et convenus. De fait, « Tyranny» était signé « Julian Casablancas+The Voidz », ces derniers semblant cantonnés au rôle de simple backing band sans importance, le tout jouant une musique difficilement écoutable, même si sous le verni hardcore on sentait poindre de belles mélodies. 4 ans plus tard, la surprise est totale, « Virtue » sonne comme un nouvel album des Strokes (version bad boys humoristique), gorgé de mélodies imparables et The Voidz apparaît comme un vrai groupe, cohérent et talentueux en diable.

The Voidz se paient même le luxe de prendre de sérieux risques... gagnants. « QYURRYUS » en est le parfait exemple : une mélodie totalement improbable, entre techno, métal et bad trip noisy avec un soupçon d’auto-tune réjouissant. Sur le papier ça fait peur et on n'a qu'une envie : fuir. Dans les faits, c'est une chanson géniale, mi sérieuse à l'excès, mi drôlatique, profondément originale, bien trop courte hélas. Et sur scène les Voidz semblent s'en donner à cœur joie pour l'interpréter, avec ce qu'il faut de théâtralité rock, comme dans leur passage au « Late Late Show with James Corden », visible sur Youtube ici. Et tout l'album alterne entre titres relativement difficiles d'accès, rappelant « Tyranny », et chansons mélodieuses, sortes de tubes immédiats. De plus, « Virtue » comporte 15 titres, et il est très rare (les connaisseurs ne devraient pas me contredire) de trouver des albums réussis avec autant de morceaux. Ici il n'y a guère de remplissage, les Voidz sont véritablement inspirés, et c'est tant mieux !

Nul doute que « Virtue » est voué à devenir un classique tant la plupart de ses titres sont réussis, avec des mélodies accrocheuses qui restent en tête. J'ai ma petite préférence pour Permanent High School, avec ses paroles désenchantées et surtout son refrain final digne des meilleurs chansons des Strokes, typique de cet art de la mélodie mélancolique et virtuose à la fois, comme si Casablancas était une sorte de Jean-Sébastien Bach du rock (j'exagère un peu... mais pas tant que ça). D'autres grands titres parcourent cet album : Leave It in My Dreams, tout à fait « strokien », QYURRYUS donc, le politique Pyramid of Bones, le vaporeux ALieNNatioN, Pink Ocean et la voix haut perchée de Casablancas, Lazy Boy, et j'en passe...

Bien évidemment « Virtue » est moins mainstream que les albums des Strokes et ne plaira pas à tout le monde. Toutefois il est bien plus accessible que « Tyranny » et conserve tout du long une qualité et une cohérence dans la diversité qui forcent le respect. C'est pour moi un vrai bon album de rock, avec une personnalité propre, un disque qui vaut largement bien des classiques du genre. Je fais le pari qu'on n'a pas fini d'entendre parler de Casablancas, alors qu'on ne pouvait pas en dire autant il y a quelques années. Et cette résurrection du chanteur new-yorkais n'est pas pour me déplaire...

[3/4]

samedi 20 février 2016

« Painting With » d'Animal Collective (2016)

    La première écoute de « Painting With » déroute. Le son est dur, aride, et plein de bruits intempestifs gâchent le plaisir auditif. On les entend beaucoup, et même beaucoup trop : et pour cause, le « reste », ou plutôt l'important à mes yeux, à savoir les mélodies, ont disparu corps et biens... Je dirais même corps et âme... Ce qui ressort de cette première écoute, c'est un sentiment de mollesse mélodique, de vacuité, comme un essai vain, qui n'apporte pas grand chose au schmilblick. Tout comme certains groupes (Radiohead pour ne pas le citer), on commence depuis plusieurs albums à relever des tics récurrents de composition chez Animal Collective (mais aussi dans les albums solo d'Avey Tare et Panda Bear, chacun ayant les siens), et bien évidemment des tics de « mauvaise composition » si j'ose dire, des tics de facilité. Mais ce qui déconcerte le plus, c'est l'absence d'audace dans cet album. Il ne faut pas se fier aux apparences, la structure des morceaux est très convenue, tout comme les mélodies tristement banales, et la production au premier abord « expérimentale » n'est en réalité que poudre aux yeux, je vais y revenir. Car l'expérimentation au service d'un « beau mélodique » (j'y tiens) n'est hélas pas au rendez-vous. 

Et d'ailleurs les membres d'Animal Co ne me semblent pas au rendez-vous non plus, comme s'ils étaient fatigués, usés par le temps et leurs excursions en solo. Comme si l'album avait été sorti en urgence, comme s'ils ne savaient pas quoi en faire et voulaient s'en débarrasser. On sent comme un déséquilibre. Et de fait, « Painting With » est un peu ou prou un album de Panda Bear, Boys Latin servant de matrice à la plupart des morceaux du présent album. On se demande d'ailleurs où est passé le talent d'Avey Tare (si déterminant dans les productions signées conjointement sous le nom d'Animal Collective). La confrontation des deux têtes pensantes Avey Tare et Panda Bear avait jusque là (ou jusque « Centipede Hz ») fait des merveilles. Mais là ils semblent tourner à vide. Car oui la production est riche, très riche... mais trop riche, puisqu'aux dépens de la mélodie, du fond dirais-je (autant que je puisse exprimer avec des mots ce que je ressens). Animal Collective devient presque un groupe d'ambiant, là où leur force, à mon sens, résidait dans des mélodies très très belles, en creusant sous le vernis « foufou » auquel on les résume (et réduit) trop souvent. Cf. l'EP extraordinaire « Fall Be Kind » où chaque chanson est géniale, et surtout d'une grande beauté mélodique. Ici, le trop plein de production masque le manque d'inspiration me semble-t-il. 

Après le décevant « Centipede Hz », de la musique du groupe new-yorkais, il ne reste plus que les zigouigouis... Je dirais d'ailleurs la même chose du dernier Panda Bear. Où sont passées les mélodies « à la Panda Bear » (comme je les appelais il fut un temps qui me paraît loin, aux alentours de 2009 - 2011) ? Les Rosie Oh ? Les I Think I Can ? Les Screens ? La moitié de « Centipede Hz » était réussie, l'autre ratée. De tout « Painting With »... je ne retiens que On Delay, ou plus précisément le morceau à partir de 2 min... le moment où il décolle vraiment, avec un piano magnifique (gâché par un bruit inutile au passage)... et une envolée « à la Panda Bear ». Le mot est galvaudé, mais une envolée... magique. Alors certes, quelques chansons ici et là (Bagels in Kiev, FloriDada, Golden Gal) valent le détour, mais rien ne vaut ce passage... qui ne vaut pas un dixième de « Fall Be Kind » (ou des autres grands albums du groupe : « Feels »,  « Strawberry Jam », « Merriweather »...). 

Je commence à ne plus croire en ce groupe et en sa capacité à se renouveler, à produire encore de la musique de qualité, passionnante ou ne serait-ce qu'intéressante, et ça me fait bien de la peine de le dire...

Note: je n'ai écouté que 3-4 fois l'album, avec le temps mon avis évoluera peut-être en bien comme pour « Centipede Hz »... mais là ils partent de beaucoup plus loin (plus bas), donc pas sûr que je révise mon jugement...

[2/4]

samedi 8 juin 2013

« Modern Vampires of the City » de Vampire Weekend (2013)

    Dans une époque en quête de héros, Vampire Weekend figure (pour le moment) au firmament de la critique musicale indie/hipster/bobo/cool du jour. Mais que vaut vraiment « Modern Vampires of the City », au-delà de sa pochette à la photographie énigmatique ? Malheureusement, pas grand chose... voire rien du tout. A l'image de tout un pan de la musique d'aujourd'hui, le dernier album de Vampire Weekend est d'une fadeur sans nom. Pale resucée de la pop des 60 dernières années, leur « art » n'a rien digéré. Il recrache des tics (ici une ligne de batterie copiée-collée de U2, là des vocalises africaines), des attitudes, pose, mais ne propose rien de musicalement consistant. Mélange disgracieux d'influences plus ou moins avouables, musique sans goût et sans force, horriblement molle et consensuelle, la façon de faire d'Ezra Koenig et compagnie ne restera pas dans les annales. A vrai dire le seul moment réussi et admirable de leur dernier opus est cette marche harmonique, directement inspirée de l'illustre Jean Sébastien Bach, dans le morceau Ya Hey. Mais... cette chanson est horriblement laide avec ces voix trafiquées de bébé que l'on étrangle... A l'image de la musique des New-yorkais, c'est d'un goût plus que douteux. Quel dommage que leur paresse musicale! Ils se contentent vraiment du strict minimum. Et que dire des paroles! Vampire Weekend est juste un groupe de bobos mondains blasés de la vie à même pas 30 ans... Ils n'ont strictement rien à dire, et l’étalent 40 minutes durant dans leurs chansons. Tristement insignifiant.

[0/4]

samedi 30 mars 2013

« Amok » d'Atoms For Peace (2013)

    Depuis plus de 10 ans, et le basculement de Radiohead dans la musique électronique avec « Kid A », Thom Yorke use jusqu'à la corde une esthétique désincarnée. Épurant toujours plus sa façon de faire, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des « blips blips » synthétiques en guise de mélodie, sur fond de percussions tout aussi artificielles, le tout rehaussé par des miaulements dépressifs, ayant pris la place de toute voix humaine... En solo, accompagné d'un super-groupe (comme c'est ici le cas), ou avec Radiohead, la musique de Thom Yorke perd année après année en âme et en consistance, pour s'enfermer dans des tics et l'auto-parodie la plus crasse. L'oxfordien ne surprend plus, malgré ses tentatives avant-gardistes. Il avait pourtant un certain talent, que l'on retrouve dans telle ou telle ligne mélodique (bien évidemment ensevelie sous un amas électronique d'un goût plus ou moins sûr), tel ou tel rythme décalé (Stuck Together Pieces, seule chanson où l'on perçoive la présence d'un réel musicien, en l'occurrence un percussionniste latino-américain), ou une chanson comme Before Your Very Eyes (le titre inaugural d'« Amok », et de loin le meilleur). Les singles ayant précédé la sortie de l'album (Default, Ingenue et Judge Jury and Executioner) sont d'une banalité affligeante. Le reste n'est peu ou prou que remplissage (Dropped, Unless, Reverse Running, Amok). Et que dire des paroles, tristes et absconses à mourir... Serait-il temps pour l'ami Yorke de quitter la scène musicale ?

[0/4]

dimanche 3 mars 2013

« October » de U2 (1981)

    La musique de U2 a progressivement perdu sa qualité (et il faut bien le dire son âme) à mesure que le groupe a gagné en influence sur la scène internationale. « October » n'est que le deuxième album du groupe irlandais, mais pourtant il est avec « War » (encore plus abouti, et parsemé de succès planétaires) à mon sens le meilleur album de U2. Empli d'un souffle et d'une spiritualité peu communs alors pour un groupe rock (encore plus aujourd'hui), « October » comporte d'excellentes chansons tout en restant homogène. Au premier rang desquelles Gloria, qui ouvre majestueusement l'album. Bono chante avec sincérité et exaltation le Seigneur, dans l'un des tous meilleurs titres de sa carrière. Les paroles sont merveilleuses... et l'on peut en dire de même pour le reste de l'album. S'ensuivent I Fall Dawn et I Threw a Brick Throuh a Window, de très bonnes chansons. Rejoice est énergique, et annonce Fire, l'un des sommets de l'album. La musique est envoûtante, à la fois menaçante et mystérieuse, tandis que les paroles sont empreintes d'une poésie presque apocalyptique. Tomorrow est une chanson plus apaisée et personnelle, dédiée à la mère, décédée, de Bono. October est elle aussi une chanson calme, mélancolique, avec peu de paroles, mais ô combien déchirante. With a Shout (Jerusalem), est tout comme Gloria une chanson exaltée, habitée par la voix de Bono, au texte ouvertement chrétien. Stranger in a Strange Land comporte quant à elle des paroles plus sombres, évoquant la solitude la plus noire. Scarlett est évanescente, diaphane, énigmatique. Is That All, enfin, clôt l'album avec panache, chantée toujours avec la même foi par Bono. « October » est donc un albums accompli, à la fois sincère, profond et contrasté. Et tout simplement beau.

[4/4]

samedi 5 janvier 2013

« Angles » de The Strokes (2011)

    A la première écoute, j'ai trouvé que « Angles » était un album très moyen, pour ne pas dire raté. Mais j'ai peu à peu révisé mon jugement, au fil des écoutes. A vrai dire, il est très différent de ce qu'avait réalisé le groupe new-yorkais jusque là. Beaucoup moins « fun », beaucoup plus théâtral et tourmenté, plus mûr également. Quelques chansons sortent particulièrement du lot par leur cohérence et leur niveau d'aboutissement mélodique : You're So Right et son atmosphère étouffante, Games, assez inventive et bourrée d'électro utilisée, une fois n'est pas coutume, à bon escient, et Metabolism et son ambiance de fin du monde (ou presque). L'ensemble des chansons, tantôt (faussement ?) enjouées, tantôt sombres à l'excès, semblent marquer un tournant dans l'esthétique du groupe. En effet, « Angles » marque par son ton désenchanté et mélancolique. « Living in an empty world », répète Julian Casablancas dans Games, « I wanna be somebody / Wanna be somebody like you  / Like you, like you / Like you, instead of me » chante-t-il dans Metabolism... « Angles » est certainement l'album le plus torturé (aussi bien au niveau de la musique que des textes) du groupe, mais c'est ce qui lui donne une certaine saveur, bien plus marquante que le long et qualitativement dilué First Impressions of Earth.

[3/4]

samedi 29 septembre 2012

« Centipede Hz » d'Animal Collective (2012)

    Un album décevant car par trop inégal. Il débute d'ailleurs par une chanson totalement anecdotique et assez horripilante : Moonjock. « Centipede Hz » est toutefois parcouru par quelques réussites : le single Today Supernatural, énergique en diable! Puis, et surtout Rosie Oh, superbe essai signé Panda Bear, tout à fait typique de ses meilleures compositions. Son talent mélodique est bien présent, au gré de ruptures harmoniques et d'une inventivité jamais prise en défaut. Une très belle chanson, peut-être la meilleure de l'album. Puis vient Applesauce, une jolie chanson signée Avey Tare. Wide Eyed s'ensuit. C'est une chanson de Deakin, assez laide, il faut bien le dire. Rien à voir avec la réussite Country Report, du mini album Keep. Father Time, d'Avey Tare est l'archétype de la chanson faible qui plombe un album. Totalement insipide et assez énervante avec son rythme bizarroïde. New Town Burnout est quant à elle typique des moins bonnes compositions de Panda Bear. Un rythme simpliste répété sans relâche, une voix elle aussi répétée à l'envie sur 2-3 hauteurs de notes. L'animal ne s'est pas foulé! On retrouve ses tics de composition hélas trop présents sur son album solo « Tomboy ». Monkey Riches est à peu de choses près du mauvais Avey Tare. Au contraire de Mercury Man, du plutôt bon Avey Tare cette fois.  Viennent ensuite deux chansons totalement anecdotiques chantées par Avey Tare : Pulleys et Amanita. En résumé, un opus bien plus faible que l'excellent « Merriweather Post Pavilion », ou le non moins excellent EP « Fall be kind ». Le groupe peine à se renouveler, ne surprend plus, et est clairement sur une pente descendante depuis le décevant « Oddsac », même si ses meilleures chansons restent bien au-dessus de la concurrence. Dommage.

[2/4]