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samedi 16 avril 2011

« Un Prophète » de Jacques Audiard (2009)

    C'est donc ça le Grand Prix de Cannes 2009? Un ersatz des « Affranchis » de Scorsese ou du « Parrain » de Coppola? Soit à peu de choses près un équivalent français des derniers James Gray? Oui, j'en ai bien peur... Pourquoi tant de bruit alors pour si peu? Peut-être car Audiard est l'un des seuls français à avoir su créer le film « à l'américaine » dont tout le monde rêvait depuis des années, un peu comme Melville en son temps, mais en moins bien. Car ce fameux film « à l'américaine » n'est rien d'autre qu'une convention dans laquelle sont embourbés nos amis d'outre-Atlantique, et ce que fait Audiard c'est y sauter allègrement à pieds joints! Contrairement à Melville, Audiard n'a en effet aucune « personnalité cinématographique ». Que faut-il pour réaliser un long métrage « à l'américaine »? Une mise en scène qui ne se voit pas trop mais un peu tout de même (il faut bien donner l'illusion que l'on sert à quelque chose, surtout si ça permet de récolter une statuette), du rythme, de l'action, des personnages de gangsters, une musique homéopathique, une histoire d'ascension et de chute,... Et c'est à peu près tout : cahier des charges dont Jacques Audiard s'est acquitté à merveille. Il est de plus secondé par d'excellents acteurs : Niels Arestrup et surtout Tahar Rahim, belle révélation du film. Il rejoint ainsi la sphère où évolue un certain Jean-François Richet (et ses « Mesrine »), celle du polar français « à l'américaine ». Maintenant est-ce bien de cinéma dont on parle, voire d'art cinématographique? Je n'en suis guère convaincu... Rien de bien original dans le fond ou dans la forme ne vient en effet appuyer la nécessité d'un tel long métrage. Oui c'est plutôt bien joué, oui c'est assez prenant (et encore...), mais non on n'en ressort pas grandi, non ça n'est pas spécialement « beau », non ça ne laisse aucun souvenir impérissable... C'est peut-être tout simplement que Jacques Audiard n'a rien à dire... « Un Prophète » touche quelque peu aux rivalités identitaires, à une sorte de relation père/fils, au parcours initiatique,... Mais ce ne sont que le fruit de conjectures, d'ailleurs fort heureusement Audiard adopte une relative sobriété de ton qui ne fait pas peser l'ensemble d'un côté ou de l'autre... Reste que l'on est dans le conventionnel à tout va, et que je ne peux me résoudre à qualifier d'artistique cet énième film de gangsters palot, surtout si c'est ce conformisme absolu que l'on récompense à Cannes... Complètement anecdotique.

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