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dimanche 16 septembre 2018

« Le Magnifique » de Philippe de Broca (1973)

    J'ai découvert « Le Magnifique » il y a presque une dizaine d'années, et ce film m'était apparu un peu bancal et outré, limite de série Z, malgré d'indéniables qualités, en somme j'étais passé à côté et je l'avais oublié. L'ayant revu il y a peu, je révise complètement mon jugement, il s'agit peut-être du meilleur film réalisé par Philippe de Broca et du plus attachant long métrage où figure Jean-Paul Belmondo. Complètement loufoque et délirant, mais aussi réaliste en un sens, c'est un film multiple. Qui ne s'est jamais rêvé aventurier, héros sans peur et sans reproche ? C'est le cas de François Merlin, écrivain fauché et raté, auteur des aventures de Bob Saint-Clar, sorte de James Bond parodique, double fantasmé de notre anti-héros et véritable alter ego de fiction de notre Bébel national.

Les aventures de Saint-Clar sont bien évidemment hautes en couleurs, l'amenant à courir le monde et à déjouer les pièges de ses ennemis, au premier rang desquels l'ignoble Karpov, double de Charron, l'odieux éditeur de Merlin. D'innombrables péripéties donnent l'occasion à Belmondo de jouer les cascadeurs téméraires, comme à son habitude, et de distribuer coups de poings et rafales de mitraillettes.

Mais « Le Magnifique » ne serait pas ce qu'il est sans la présence de la lumineuse Jacqueline Bisset, incarnant à la fois la belle Christine, voisine de Merlin, étudiante en sciences sociales, et la fougueuse Tatiana, la partenaire de Bob Saint-Clar. Tout l'attrait de ce film réside dans l'opposition et les ressemblances entre la vie réelle de François Merlin et la vie fantasmée de Bob Saint-Clar, faisant du « Magnifique » une sorte de « film pop », de bande dessinée filmée. Si Saint-Clar est un héros stéréotypé, charmeur, bagarreur, courageux voire inconscient du danger, Merlin est un homme banal, peu sportif, mais aussi sensible, bref l'anti Saint-Clar. Et si Tatiana est éprise de Saint-Clar, c'est peu dire que Christine ne l'est pas de Merlin ! Tout l'enjeu du long métrage est donc de savoir si François Merlin arrivera finalement à séduire Christine.

Et c'est là que réside peut-être encore plus l'âme de ce film : cette histoire d'amour naïve et bon enfant entre ce loser magnifique et cette femme inaccessible. On y retrouve les relations hommes-femmes typiques du cinéma de Philippe de Broca, mi macho mi courtoises, cette image fantasmée et sublimée de la femme, ce jeu de l'amour dans toute sa fraicheur. Je vois ainsi « Le Magnifique » comme un film poétique, juvénile, rieur, au charme durable. Un summum du pastiche qui évolue mille lieues au-dessus des « OSS 117 » bas du front signés Hazanavicius, confondants de bêtise crasse, qui s'inspirent clairement du présent long métrage sans en retrouver la légèreté et le pétillant. Jean-Paul Belmondo et Jacqueline Bisset sont rayonnants et touchants... Jean Dujardin et Bérénice Bejo ou Louise Monot non, ce ne sont que des caricatures en deux dimensions.

Car en plus, « Le Magnifique » est très drôle, il enchaîne les gags improbables, les références, les irrévérences, les invraisemblances typiques des films à la James Bond, les mots d'esprit, tout en ayant un vrai scénario (là encore à l'inverse des « OSS 117 »), avec un but, une tension, du suspense. Bref, il s'agit là d'un long métrage accompli, qui possède un attrait indéniable, un charme désuet et à la française qui en font une œuvre séduisante et intemporelle. A ne pas manquer !

[4/4]

dimanche 11 janvier 2015

« L'Homme de Rio » de Philippe de Broca (1964)

    Le mètre-étalon de la comédie d'aventure moderne. Librement inspiré des Aventures de Tintin (en pagaille : L'Oreille cassée, Le Secret de la Licorne, Les 7 Boules de cristal,...), à l'origine des futurs Indiana Jones et autres OSS 117 signés Hazanavicius, « L'Homme de Rio » parvient à concilier grand spectacle et divertissement de haute volée, grâce à l'interprétation pour le moins excellente de Belmondo (qui réalise seul ses cascades, toutes plus improbables les unes que les autres) et de la regrettée Françoise Dorléac, qui portent à eux deux le film : Bebel (Adrien) en jeune homme athlétique et jamais à cours de ressources, embarqué malgré lui dans des aventures extraordinaires, et Dorléac (Agnès) en jeune femme impertinente, un brin agaçante (c'est ce qui fait son charme), objet de la quête de son compagnon, qui ira la chercher jusqu'au fin fond de l'Amazonie. Tout est réjouissant dans ce long métrage : le charme juvénile des deux principaux acteurs, un méchant machiavélique, les péripéties incroyables et les rebondissements incessants, les vues extraordinaires de la forêt amazonienne ou de Brasilia, encore vide et en construction à l'époque... mais surtout l'humour ravageur qui règne tout au long du film. La façon dont les héros ne se prennent pas au sérieux restera inimitable (excepté justement dans les Indiana Jones, et peut-être dans les 2 ou 3 premiers Pirates des Caraïbes), et confère au long métrage une fraicheur inaltérable : même s'il fait aujourd'hui très daté, « L'Homme de Rio » est toujours aussi bon... comme les Tintin ! Intemporel en somme, ce qui, pour un film de divertissement, sonne comme une réussite rare et appréciable ! Daniel Craig et Matt Damon, remballez vos affaires, rien ne remplacera un bon vieux Bebel, prêt à assommer une douzaine de brutes patibulaires à main nue ou à passer d'un immeuble à l'autre suspendu à un unique câble, à 30m de hauteur, pour sauver sa belle des griffes d'un odieux personnage, et ce à l'autre bout de la planète !

[3/4]