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dimanche 1 août 2021

« Peppermint Candy » (Bakha Satang) de Lee Chang-dong (2000)


    « Peppermint Candy » est un film difficile mais nécessaire, où Lee Chang-dong met en scène un anti-héros dont l'histoire personnelle fait écho à l'histoire récente de la Corée du Sud (du début des années 1980 à la fin des années 1990).

Un personnage qui sera broyé par des évènements terribles, qui ont façonné la Corée et en ont fait un pays meurtri, à l'image de ce personnage qui a perdu à jamais son innocence et en souffrira toute sa vie.

Le scénario de Lee Chang-dong, construit à rebours, est ingénieux et nous fait remonter dans le passé de Yongho, pour mieux appréhender comment il en est arrivé là, mais aussi pour comprendre en parallèle ce qui s'est passé en Corée pour influer à ce point sur sa vie.

Ce n'est clairement pas un film léger, il est parfois brutal, souvent désespéré, mais il contient aussi un idéal, une certaine idée de dignité perdue, notamment à travers le personnage de Yun Sunim, l'amour de jeunesse de Yongho.

« Peppermint Candy » est un véritable cri du cœur qui permet de mieux connaître et comprendre le passé tragique de la Corée du Sud. C'est une œuvre qui permet d'ailleurs d’obtenir des clés pour décrypter d'autres films du Pays du Matin Calme, dans lesquels l'histoire de la Corée est parfois tue mais présente, l'air de rien, en arrière-plan, comme par exemple dans « Memories of Murder ».

Il s’agit d’un long métrage ambitieux sur le fond et sur la forme, avec un scénario très bien écrit, des personnages fouillés et qui ne se résument pas à des idéaux-types en deux dimensions, mais aussi une esthétique maîtrisée et de belles prises de vues, Lee Chang-dong ne sacrifiant aucune des composantes de son film et arrivant ainsi à créer une belle harmonie d’ensemble.

Signalons enfin des interprètes magistraux (comme souvent en Corée), notamment ceux qui incarnent les deux « héros », Sol Kyung-gu (Kim Yongho) en tête, capable de passer par toutes les émotions et de jouer avec brio différents âges de la vie, et Moon So-ri (Yun Sunim), en jeune femme simple et courageuse, animée par une force admirable, compte tenu de la situation difficile dans laquelle elle vit.

Si vous êtes intéressés par la Corée du Sud et son cinéma, il me semble donc indispensable de découvrir ce long métrage, à la fois œuvre de mémoire, œuvre politique, sociale et œuvre pivot, réalisée alors que le cinéma coréen allait conquérir le monde entier.

[3/4]