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samedi 3 janvier 2015

« Entre elle et lui » de Nathalie Dessay et Michel Legrand (2013)

    Je le concède, les premières fois que j’ai écouté cet album, j’étais déçu par la production ultra léchée et la voix presque mécanique de Nathalie Dessay. Difficile de ressentir la moindre émotion, avec un essai qui me semblait presque factice, forcé. Mais bien malgré moi, à force d’éprouver l’envie de réentendre cet opus et au fil des écoutes, il s’est imposé à moi comme un magnifique aperçu de ce que sait faire de mieux Michel Legrand : des chansons aux mélodies riches et limpides à la fois. Car finalement Nathalie Dessay reste en retrait, et c’est la formidable musicalité des chansons de Legrand qui ressort, leur génie musical (n’ayons pas peur des mots) demeurant un régal sans pareil. Si l’on sent une patte, voire quelques « tics » de composition, force est de reconnaître que l’inspiration de Legrand semble sans limite. Certaines de ses œuvres sont déjà des classiques, et cet album est l’occasion de se rendre compte combien il a su composer des mélodies originales et se forger un style qui n’appartient qu’à lui. Un style qui ravira tout autant les adeptes de musique classique, les amateurs de jazz et les fans de comédies musicales. Le style de Legrand est protéiforme et s’abreuve aux meilleures sources qui soient. Et le tout, loin d’être indigeste, coule comme de l’eau de source, pure et claire. A tel point que je me suis surpris plusieurs fois à écouter le disque en boucle en le relançant une fois fini. Un disque que je recommande donc à tous, inconditionnels de Legrand ou simples amoureux de belle musique.

[3/4]

samedi 23 novembre 2013

« Messe de Requiem » de Gabriel Fauré (1888)

    Le « Requiem » de Fauré compte parmi les plus belles messes des morts jamais écrites. La vision de la mort chez Fauré est très apaisée, très douce. Pour lui, il s'agissait plus d'une transition heureuse vers un au-delà (bien qu'il n'était pas croyant) qu'un passage douloureux, dont on pouvait craindre le surgissement. Son « Requiem » est donc radicalement opposé à celui d'un Verdi. Alors que l'Italien offre une vision grandiloquente et théâtrale de la mort, le Français propose une partition toute en sérénité et délicatesse, personnelle, profondément intimiste, comme nombre d’œuvres françaises de l'époque. Les mélodies de Fauré, celles du « Requiem » j'entends, sont très finement sculptées dans le matériau sonore, et proprement inoubliables. L'Introït, et surtout le Kyrie est extraordinairement beau. Profondément original, il inaugure le parti pris musical de ce requiem. Le Sanctus prolonge l'impression de douceur sans pareille qui émane de la musique de Fauré : il est magnifique. Mais le sommet absolu de cet opus est le fameux Pie Jesu, qu'un garçon ou une femme peuvent chanter. Saint-Saëns ne s'y trompait pas : la postérité retiendra cet air, et en fera peut-être bien LE seul Pie Jesu. Le reste de l’œuvre conserve la même qualité d'écriture. L'Agnus Dei, le Lux Aeterna, le Libera Me sont de bien belle facture. Et la messe s'achève sur un In Paradisum angélique. Après l'indétrônable « Requiem » de Mozart, celui de Fauré figure en très bonne position parmi les réussites magistrales du genre, non loin de celui tellement différent de Verdi. Je vous conseille d'écouter le « Requiem » de Fauré dans sa version enregistrée par Philippe Herreweghe et La Chapelle Royale en 1988... car le Pie Jesu chanté par la soprano Agnès Mellon est d'une rare beauté. Sa voix très claire et très pure sied à merveille à ce chef-d’œuvre de sensibilité. Ceci dit, le reste de l'interprétation, instrumentale comme vocale, est d'un niveau comparable. C'est-à-dire excellent.

[4/4]

samedi 12 janvier 2013

« Messa da requiem » de Giuseppe Verdi (1874)

    Une œuvre imposante ! Le « Requiem » de Verdi, composé en l'honneur de la mort de son compatriote, le poète Alessandro Manzoni, est très impressionnant. Notamment par le déchaînement des éléments dans son célèbre Dies Irae, qui chante la fin du monde et le jugement dernier. Dans un déferlement de voix menaçantes, de cuivres, de cordes et de percussions, Verdi nous fait dresser les cheveux sur la tête ! Cet air est tout à fait caractéristique de cet opus qui se démarque par sa théâtralité. Certains ont parlé d'opéra religieux à son propos, ils n'ont pas tort. Surtout quand on sait que Verdi était athée. Il semble donc que le compositeur italien ait mis tout son talent à faire briller de mille feux sa messe des morts. Car le Dies Irae n'est pas le seul morceau de bravoure, le Tuba Mirum, avec ses trompettes dissimulées dans les coulisses, puis sonnant héroïquement la résurrection, est lui aussi particulièrement marquant. Tout comme le Rex Tremendae Majestatis (qui porte bien son nom). La théâtralité de ces passages rappelle d'ailleurs celle de certains airs du « Requiem » de Mozart. Néanmoins on ne retrouve pas l'intériorité de l'œuvre de l'autrichien, sa finesse délicate. Pourtant, le « Requiem » de Verdi comporte des moments plus apaisés, comme ce joyeux Sanctus, dont la légèreté annonce presque le « Gloria » de Poulenc, et son malicieux Laudamus Te. D'une grande qualité, bien qu'on puisse regretter un manque certain de sincérité, la messe des morts de Verdi s'achève en beauté par un Libera Me majestueux, autre sommet de l'œuvre. Un classique qu'on savourera de préférence dans la bien belle version de Carlo Maria Giulini, passionnée et pleine de relief.

[4/4]