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jeudi 25 décembre 2014

« Le Bâton de Plutarque » d'Yves Sente et André Juillard (2014)

    Un album à destination hautement... commerciale. Je ne vois pas d'autre explication possible à sa raison d'être. « Le Bâton de Plutarque » fait partie de ces albums de bande dessinée qui sucent jusqu'à la moelle d'autres albums d'envergure. Qui n'hésitent pas à reprendre des personnages qui n'ont vocation qu'à apparaître une seule fois et disparaître dans l'ombre pour faire place à de nouvelles aventures (et ouvrir le champ à l'imagination féconde de tout artiste digne de ce nom, pour le plus grand bonheur des spectateurs/lecteurs). Ici, rien de nouveau. L'histoire prend place juste avant « Le Secret de l'Espadon », peut-être la plus grande réussite de feu Edgar P. Jacobs (qui doit se retourner dans sa tombe), et assurément l'une des plus grandes aventures du neuvième art. Et paresseusement, l'intrigue sommaire (digne d'un collégien de classe de troisième), déroule maladroitement ses entrelacs pour ouvrir sur le grand récit bien connu de tous les aficionados de « B & M ». Le problème est que tout est bancal. On repère la taupe de l'histoire à des kilomètres à la ronde. Les péripéties semblent cousues de fil blanc, tout est mécanique et semble creux, factice, juste bon à servir de prétexte. Le scénario est soporifique, et seule l'arrivée d'un personnage clé de l'univers jacobsien vient pimenter le tout. Mais lui aussi fait de la figuration, il a bien plus d'allure et d'épaisseur dans la suite des aventures de Blake et Mortimer, surtout sous le crayon de Jacobs en personne. Je l'ai déjà évoqué, le problème des aventures de B & M postérieures au maître est qu'elles doivent remplir un cahier des charges bêtement établi. On ne rend pas hommage à l’œuvre d'un artiste en la copiant fidèlement (et c'est vrai pour tout art et toute époque), mais en créant quelque chose de tout à fait neuf tout en s'en inspirant avec parcimonie. Et de fait, les meilleurs albums post-Jacobs (à savoir « L'Affaire Francis Blake » et « La Machination Voronov ») sont excellents parce qu'ils osent tout. Tout reprendre à zéro, tout remettre en question, changer totalement de cadre et proposer autre chose. Le pire cauchemar de tout artiste ou créateur est (ou devrait être) de s'enfermer dans des tics et une expression auto-référentielle des plus nombrilistes, pauvre et stérile au possible. Dans une parodie sans âme qui ne fait rire personne. Malheureusement, il semble que les continuateurs de B & M s'enfoncent de plus en plus dans cette direction...

[1/4]

dimanche 29 décembre 2013

« Le Serment des Cinq Lords » d'Yves Sente et André Juillard (2012)

    Voici donc le 21ème album des aventures de Blake et Mortimer. Après être passée par des hauts (la majorité des albums de Jacobs, « L'Affaire Francis Blake » ou « La Machination Voronov ») et des bas, voire des très bas (le scénaristiquement très paresseux « Etrange rendez-vous » ou l'insipide « Sanctuaire du Gondwana »), la série repart de plus belle, et voilà nos héros britanniques prêts à combattre de nouveau le crime. Fort heureusement, le résultat est assez probant : « Le Serment des Cinq Lords » est un album au scénario bien construit, ménageant du suspense, autour d'une intrigue crédible (une fois n'est pas coutume), laissant une part de mystère environner le tout pour donner une relative dimension à l'histoire qui nous est contée. Le dessin de Juillard est, comme d'habitude pour cette série, élégant et original à la fois. Et les couleurs de Madeleine de Mille sont là aussi, comme d'habitude, bien belles. Le contrat est donc rempli : malgré des circonvolutions et des facilités narratives, Sente et Juillard ont réussi leur pari de donner vie une fois de plus à des personnages archi-connus, et de façon pertinente. Oui : cela vaut le coup de lire « Le Serment des Cinq Lords », hourra! Ce n'est certes pas un grand album, loin de là. Car c'est là le revers de l'une de ses qualités : l'histoire est tellement prometteuse que l'on aurait voulu qu'elle soit plus développée, elle semble trop étriquée et le soufflet retombe trop vite pour donner l'impression que l'on a eu affaire à un opus de choix. Pour autant, Sente et Juillard n'ont pas à rougir de leur effort, cet ouvrage vaut bien (voire dépasse) à mon sens « L'Affaire du Collier ». Soit l'un des plus mauvais Jacobs à mon goût (trop quelconque, trop banal, en réaction à la fantaisie du « Piège diabolique »). Mais un Jacobs tout de même.

[2/4]