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jeudi 9 juin 2016

« Courrier sud » d'Antoine de Saint-Exupéry (1929)

    Premier roman de Saint-Exupéry, « Courrier sud » est peut-être aussi la plus mélancolique de ses œuvres. Récit kaléidoscopique de la vie de Jacques Bernis, pilote de l'aéropostale, c'est aussi une plongée dans le paradis perdu de l'enfance, dans un monde de souvenirs qui n'est plus. La frontière entre le monde des enfants et celui des adultes est perméable, et on ne sait jamais si ce sont les enfants qui grandissent trop vite ou les adultes qui ne le deviennent jamais complètement. Histoire terriblement humaine, de regrets, « Courrier sud » est également le récit d'une certaine nostalgie de l'idéal, de mondes irréconciliables : celui d'un homme et d'une femme que tout oppose. Jacques et Geneviève ont grandi ensemble aux côtés du narrateur. Le premier, de condition modeste, est devenu pilote ; la seconde, d'ascendance plus aisée semble-t-il, s'est mariée à un bourgeois vaniteux et cuistre, mariage de raison... ou folie ? Quand Jacques veut l'arracher à ce mari pesant, tout vacille... Alternant le temps de l'aviateur, dans son avion, ou de ses coéquipiers et amis, suivant à terre son périple, et le temps des souvenirs, les conversations avec Geneviève, les échappées le temps d'une escale, le narrateur nous perd quelque peu et tout se mélange. On est comme la tête emplie de pensées, entre l'ici et maintenant et l'ailleurs, le passé. Peu ou pas de futur, tout est nostalgie. En cela, « Courrier sud » est un roman tragique, le récit d'un manque, d'une paix impossible. Usant d'une langue riche et simple à la fois, Saint-Ex narre avec talent les aventures de ces personnages, cet homme et cette déesse inatteignable, lointains et proches à la fois. Notons l'acuité avec laquelle l'auteur dépeint des sentiments subtils et complexes, sans psychologisme de bas étage, avec une grâce et une profondeur sans pareils. Un très beau roman, très triste aussi.

[3/4]

dimanche 1 mars 2015

« Vol de Nuit » d'Antoine de Saint-Exupéry (1931)

    « Vol de Nuit » est un roman extraordinaire. A partir de l'aviation, et plus précisément d'une nuit au temps capricieux, Saint-Exupéry nous dit tout de la vie. Certes, d'abord, de la vie des pilotes de l'Aéropostale, et de leurs proches, toujours dans l'appréhension d'un accident mortel. Mais aussi de la hiérarchie de cette organisation, faite de chefs courageux et rudes, de pilotes jeunes et téméraires, et de bureaucrates ratés. Et enfin de cette joie de voler dans les airs, de quitter la terre pour mieux la rejoindre le temps d'une escale brève mais salutaire, de frôler les nuages, de saluer les étoiles,... Ce sentiment de liberté qui étreint les pilotes, nous le ressentons intensément grâce au talent de conteur de Saint-Ex, qui sort sa plus belle plume pour rendre hommage à ses amis pionniers. La poésie est omniprésente dans cet ouvrage, notamment dans ces descriptions magnifiées du ciel et de la nature, belle mais farouche. Mais aussi dans la description de la psychologie et des sentiments des personnages. Le passage sur la femme du pilote est à tomber. Je n'ai rien lu d'aussi beau, sensuel et subtil à la fois. Les personnages sont toujours complexes chez Saint-Ex, car riches de contradictions, comme tout être humain qui se respecte. Ainsi en va-t-il de la figure tutélaire de Rivière, ce chef intraitable, prêt à sacrifier ses hommes pour sa cause, ou plutôt une cause qui les dépasse tous : aller au-delà de ses limites physiques et psychologiques pour servir l'humanité. Toutefois pas de doute, il aime ses hommes, et s'il est particulièrement sévère, c'est parce qu'il veut les préserver de l'erreur funeste. Car dans le ciel, le moindre écart peut signer la fin de l'équipage. Mais Saint-Ex ne nous dépeint pas un chef aride, suffisant : Rivière doute. Qu'est-ce qui vaut plus que la vie humaine ? Qu'est-ce qui vaut que l'on décolle la nuit pour arracher à la pesanteur le courrier, symbole de la vie d'un continent ? Pourquoi vivre, et pourquoi vivre ainsi ? Tant de questions qui restent (apparemment) sans réponse, mais dont Saint-Ex nous fournit, discrètement, des propositions merveilleuses : le courage et l'espérance ne sont pas vains. Et ça, c'est une certitude.

[4/4]

samedi 1 novembre 2014

Citation du samedi 1er novembre 2014

« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »

Antoine de Saint-Exupéry
(Citadelle, 1948)

jeudi 7 août 2014

« Terre des hommes » d'Antoine de Saint-Exupéry (1939)

    « Terre des hommes » est un livre somme, qui rassemble plusieurs aventures de l'auteur, Antoine de Saint-Exupéry, célèbre père du Petit Prince. Et de ces expériences hors du commun, se dégage en fait une quête spirituelle. Saint-Exupéry ne chante pas les merveilles de son avion, sa carlingue, ses ailes. Non. Il chante la beauté du monde, et surtout des hommes et des femmes qui le peuplent. La beauté d'une nuit passée à contempler les étoiles. La beauté de l'amitié humaine. La beauté du courage. L'aviation n'est qu'un moyen nous dit Saint-Ex. Un pont qui relie les hommes. La seule chose qui compte c'est l'amour. C'est ce bédouin qui sauve nos aviateurs tombés dans le désert, à la limite de la mort de soif et de faim. C'est Guillaumet, ce héros qui s'est écrasé dans les Andes, et qui, envers et contre tout, a marché, pour les siens, par responsabilité envers ceux qu'il aime, pour être sauvé. « Terre des hommes » est un livre somme, mais court, et d'une densité incroyable. Nulle place pour la pose ou l'affèterie. Le langage de Saint-Exupéry est simple, clair comme de l'eau de source, et surtout d'une beauté... Nul doute, c'est un poète. Son langage imagé fait mouche à chaque fois. Mais ce qui reste et qui demeure, qui imprègne tout le livre, c'est cette humanité de l'auteur. Sa propension à voir le bien et l'espoir dans les plus grandes difficultés, à rendre humain l'homme le plus humilié. Oui, « Terre des hommes » est un grand, grand livre. Et Saint-Exupéry l'un des plus grands auteurs du XXème siècle. Car lire ce livre (comme nombre de ses livres) vous grandit.

[4/4]

Citation du jeudi 7 août 2014

« Ce qui se transmettait ainsi de génération en génération, avec le lent progrès d'une croissance d'arbre, c'était la vie mais c'était aussi la conscience. Quelle mystérieuse ascension ! D'une lave en fusion, d'une pâte d'étoile, d'une cellule vivante germée par miracle nous sommes issus, et, peu à peu, nous nous sommes élevés jusqu'à écrire des cantates et à peser des voies lactées. »

Antoine de Saint-Exupéry
(Terre des hommes, 1939)

lundi 6 mai 2013

« Le Petit Prince » d'Antoine de Saint-Exupéry (1943)

    Avec « Le Petit Prince », Antoine de Saint-Exupéry nous propose un récit onirique d'une grande poésie. L'auteur met en scène son jeune héros dans une sorte de voyage initiatique : ce dernier, partant de son petit astéroïde perdu dans l'espace, rencontrera en effet nombre d'êtres saugrenus, que ce soit un renard, une rose, un roi ou un business man. On sent poindre chez l'auteur une légère ironie envers ces adultes affairés, vaniteux, absurdes, en face desquels le Petit Prince, plein d'aplomb avec ses questions incessantes, fait fière figure. Auréolé de ses cheveux blonds, c'est une sorte d'ange tombé du ciel qui confie au narrateur (l'aviateur/Saint-Exupéry) le fil de ses aventures, avant tout humaines. Car bien que le Petit Prince se retrouve confronté à des animaux ou des plantes, c'est toujours un comportement humain qui l'anime : il fait tout simplement l'apprentissage de la vie, il découvre le goût des autres et de l'effort, la bonté, l'amour, le beau... Mais aussi le mal, quoique l'auteur le dépeigne toujours comme une absence de bien, et donc bien faible en comparaison. Pour autant, on sent une certaine gravité dans cet ouvrage. Le Petit Prince, ou le bien, l'innocence, semble perdu dans l'immensité du monde et de l'espace. Les deux guerres mondiales sont passées par là. Toutefois l'espoir demeure, et bien qu'il disparaisse, le Petit Prince se fond dans les étoiles, qui illuminent la Terre et les hommes, leur laissant un souvenir impérissable. Retenons donc cet élan plein d'espérance de l’œuvre la plus connue du célèbre aviateur écrivain.

[4/4]

jeudi 4 avril 2013

Citation du jeudi 4 avril 2013

« On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. »

Antoine de Saint-Exupéry 
(Le Petit Prince, 1943)