Affichage des articles dont le libellé est Godard Jean-Luc. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Godard Jean-Luc. Afficher tous les articles

mercredi 19 juin 2013

« La Chinoise » de Jean-Luc Godard (1967)

    Gloire à Mao, le Grand Timonier ! ¡ Viva la revolución ! Qu'est-ce que « La Chinoise », sinon un petit cours de marxisme-léninisme à usage d'étudiants en mal de sensations et dont la vie semble dénuée de sens ? Sinon un petit pamphlet juvénile d'un bourgeois qui culpabilise de sa situation pour le moins aisée (Godard pour ne pas le citer) ? Si Tonton Jean-Luc dénonce avec raison la société de consommation (ou « de prostitution » comme il l'appelait dans « 2 ou 3 choses que je sais d'elle »), que dire de sa pensée plus qu'étriquée dans son carcan politico/économico/social d'un rouge sanglant ? Je ne peux résister à la tentation de vous offrir un florilège de la pseudo-pensée du pseudo-penseur qu'est « le plus con des Suisses pro-Chinois » (ce n'est pas de moi), c'est-à-dire des extraits des pseudo-dialogues du film. « On est obligé de chercher notre idéal à des milliers de kilomètres, à Pékin »... « Les universités qui sont fermées [en Chine], moi je trouve ça formidable! […] Pour le moment les étudiants sont aux champs et font des travaux manuels »... « Tous les chemins mènent à Pékin »... Le tout avec la chanson « Mao Mao » en fond sonore et le Petit Livre rouge en 10 000 exemplaires dans la bibliothèque de Wiazemsky, en arrière plan la moitié du long métrage. Si on n'avait eu vent des horreurs du régime communiste chinois, ou même du régime soviétique russe, et si la majeure partie de l'intelligentsia française de l'époque n'avait cautionné les atrocités de tels gouvernements, on pourrait presque en sourire... Même Godard doute de sa démarche, et laisse Francis Jeanson dire à Anne Wiazemsky, qui veut fomenter un attentat : « à quoi ça sert d'aller tuer des gens si tu ne sais pas ce que tu feras après ? ». Un des très rares éclairs de lucidité qui traversent le film. Parce qu'à un autre moment (chassez le naturel il revient au galop), Godard a grand peine à concéder que la mort de Staline fut une libération... Un peu fort de café, non ? « Mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? Parce que je n'existe pas », se répondent deux voix. Mais si devrait dire Dieu (selon Godard), j'existe, mon nom est Mao! Oh oui Mao, toi le pur parmi les purs, le Rouge parmi les Rouges! Et toi, Sade, ô toi le parangon même de la vertu, ressuscite donc d'entre les morts! Et toi, Jean-Paul (Sartre pour les intimes), ô toi grand génie stérile (le stérile c'est de moi), viens illuminer mon cerveau de ta pensée! Voilà ce que crie Tonton Jean-Luc à travers ses images, d'ailleurs, criardes. Mais rien ne sourd d'autre que le vide, le néant, tant du film que de la pensée de Godard. Finalement, comme ce volet qui se referme de l'intérieur à la fin du long métrage, l'art de Godard aboutit à une impasse, il n'ouvre sur rien d'autre que lui-même et le nombrilisme aigu de son auteur.

[0/4]

mardi 4 septembre 2012

« Je vous salue Marie » de Jean-Luc Godard (1985)

    Dans ce patchwork d'images et de sons, seules quelques photogrammes sont beaux, quelques (très) rares interprètes ont la grâce. C'est bien peu. Le reste est vulgaire, incohérent, et surtout très laid. D'une modernité poussée au paroxysme, complètement désincarnée. Comme du sérialisme cinématographique raté, dans tous ce qu'il a de pompeux et d'inhumain. Dans tout ce qu'il a d'anti-cinématographique, par son jusqu'au-boutisme revendiqué. Ne parlons pas de toutes ces voix qui se télescopent, qui ne veulent plus rien dire, elles aussi d'une triste vulgarité. De la philosophie au rabais. Agrémentée de musique classique (Bach entre autres, rien que ça), de temps en temps poussée à fond. Des citations en veux-tu en voilà. Et Marie dans tout ça? L'Annonciation se fait sur le parking d'une station service. Marie joue au basket, elle se fout à poil (elle n'est pas la seule à se trimbaler nue on ne sais pourquoi d'ailleurs...). Joseph? Un rustre, un idiot pour tout dire. Une vraie tête à claques. L'univers de Jean-Luc Godard est peuplé de ces paumés qui fument, comme pour mieux passer leur temps alors qu'ils n'ont plus aucune étincelle de vie, et mieux se meurtir. L'art – mais peut-on encore parler d'art ? – de Jean-Luc Godard est complètement sclérosé. Il recycle de vieilles méthodes, n'a plus rien à dire, reformule des choses qu'il ne sait plus exprimer... Le néant. Ce film n'est même pas un film, il s'autodétruit sous nos yeux, il n'est même pas construit. C'est une suite d'essais, de bouts de pellicules sans aucun intérêt, avec de temps en temps une parole, un son, une image qui ressort. Et encore, je suis bien généreux. Que retenir de tout ça? Que l'on a perdu son temps, que Godard a gâché de la pellicule, qu'il ne reste plus rien de la Nouvelle Vague et que son héritage est mortifère (voir Desplechin, Honoré et tous ces réalisateurs dans une impasse). Zéro pointé.

[0/4]

jeudi 10 mai 2012

« Paris vu par... » de Jean Douchet, Jean Rouch, Jean-Daniel Pollet, Eric Rohmer, Jean-Luc Godard et Claude Chabrol (1965)

    « Paris vu par... » est l'occasion de rassembler les cinéastes en vogue de la Nouvelle Vague pour 6 sketches de qualité inégale, comme c'est souvent le cas de ce genre d'exercices. Commençons par celui de Jean Douchet : assez amusant, il rappelle les premiers courts métrages de Godard, sur ces amourettes sujettes à quiproquos. Mais rien de bien exceptionnel. Le court métrage de Jean Rouch est quant à lui le meilleur de tous. Bien interprété, bien scénarisé, bien filmé, il démontre que le cinéaste-ethnographe français a une certaine qualité d'écriture, et un regard assez profond sur la vie humaine. Le court métrage de Jean-Daniel Pollet fait dans le décalé, un burlesque « à froid ». Rien de renversant. Le film d'Eric Rohmer est bien plus intéressant, il laisse place au suspense, sur une histoire tout ce qu'il y a de plus banale. Une fois de plus rien d'extraordinaire, mais parmi les sketches du lot, c'est sans doute le deuxième meilleur. Vient ensuite le court métrage de Jean-Luc Godard. Comme de coutume, nous avons droit à des disputes conjugales, avec toutes sortes de noms d'oiseaux qui volent à la face de notre héroïne. Décevant. Et pour finir, nous avons le droit à un sketche de Claude Chabrol, qui dépeint une fois de plus de façon acerbe les mœurs de la bourgeoisie. Vulgaire et raté. Résultat des courses : un long métrage en demi-teinte, qui a plutôt vieilli, et mal. Je retiens tout de même l'essai de Jean Rouch, plein d'une poésie inattendue, que l'on ne remarquera peut-être pas au premier coup d'œil.

[2/4]

mardi 2 août 2011

« Notre musique » de Jean-Luc Godard (2004)

    Et bien finalement, la chose dont Godard parle le mieux... c'est peut-être bien l'amour. « Notre musique » est décevant, d'autant plus qu'il débute par un feu d'artifice visuel laissant pantois! Nous retrouvons le Godard des grands jours, son incontestable maîtrise du montage s'exprimant pleinement : c'est comme s'il revenait à ses débuts, où il se débrouillait pour monter des images qui n'étaient pas les siennes, afin d'en faire autre chose que ce qu'elles étaient supposer devenir. La première partie du film est donc un grand moment de cinéma, et nous interpelle même en mélangeant images « documentaires » et de « fiction », suscitant immanquablement la réflexion sur l'horreur (de la guerre) et sa représentation. Puis viennent les deux autres parties, et là hélas nous retombons en terrain connu, celui de la routine godardienne dans ce qu'elle a de plus exaspérant : politique, citations à n'en plus finir, images plates, musique affectée couvrant le tout... Reste donc l'exercice de pensée politique, mais il se sert toujours chez les mêmes... Difficile donc de se contenter de ce côté-là... On se satisfera plutôt du souvenir de la première partie du film, et des pistes de réflexions amenées ici et là, par la parole, les images, les sons, la structure du long métrage... Et l'on essaiera, tant bien que mal, d'oublier tous ses défauts.

[2/4]

lundi 1 août 2011

« Eloge de l'amour » de Jean-Luc Godard (2001)

    Un internaute suggérait de regarder ce long métrage en coupant le son : la prochaine fois que je le visionnerai je ne manquerai pas de le faire. Il est vrai qu'en essayant de le voir de la sorte quelques minutes durant, j'avais l'impression d'être face à un autre film... Comme d'habitude chez Godard, on trouve du bon, voire du très bon... et du moins bon. Pour un résultat moyen en somme. Et là encore, comme d'habitude, cela vient de son goût pour la réflexion à prétention philosophique pas toujours du meilleur aloi, et de cette logorrhée usante... D'autant qu'une fois de plus (encore une habitude chez notre ami cinéaste), nombre des aphorismes qui émaillent son long métrage ne sont pas de lui, mais de prédécesseurs divers et variés! Bref Godard sans le son, c'est une délivrance, et même une joie tant il est vrai qu'il a le sens du cadre et du montage, et qu'il sait filmer les êtres avec grâce. Mais tout compte fait, Godard est-il vraiment un cinéaste? N'est-ce pas plutôt un écrivain qui s'est trompé de muse? Ou un sociologue, ou encore un anthropologue, voire un historien? Il est peut-être un peu tout cela à la fois, et je dois dire que si son « Eloge de l'amour » n'est sans doute pas ce qu'il a fait de mieux, c'est en revanche un film intéressant, profond, et étrangement poétique, c'est vrai. On sent une espèce de désenchantement dans ces images et ces pensées qui nous ramènent toujours à l'Histoire. Car ce qui est étonnant, c'est que plus que d'amour, c'est d'histoire que semble nous parler Godard. A moins qu'il ne nous conte l'histoire de l'amour, ou l'amour dans l'Histoire... Mince voilà que je pense comme lui! Dans tout les cas le travail sur l'image et la photographie est remarquable, et l'envergure de cet opus est pour une fois digne de la flatteuse réputation du cinéaste franco-suisse : la nostalgie qui l'emplit émeut quelque peu, chose que je ne pensais plus pouvoir dire d'un de ses films... Son art en effet ne tient qu'à un fil, mais c'est certainement cette fragilité qui lui donne tout son charme.  Et même si je pense qu'on surestime parfois la façon de faire de Godard, « Eloge de l'amour » ne manque pas de qualités, le rendant supérieur à une bonne part de sa filmographie (militante).

[2/4]

jeudi 30 juin 2011

« Week-end » de Jean-Luc Godard (1967)

    Hum... Que dire devant ce véritable suicide cinématographique? Je ne sais même pas si ça vaut la peine que j'en parle, il faut le regarder, tout simplement : le voir pour le croire. Ce n'est ni bon ni mauvais, ou plutôt si, c'est à la fois bon et extrêmement mauvais, et le résultat est à peine moyen. Mais on rit beaucoup, c'est déjà ça! On retrouve tout l'humour godardien, se jouant des codes sociaux comme cinématographiques dans un esprit résolument régressif. « Week-end » est une plaisanterie adolescente, mais quelle plaisanterie! Une sorte de mauvaise farce rimbaldienne, trainant avec elle son lot de tics exaspérants, de bêtise insondable... et de moments réjouissants, et même touchants (bien qu'ils soient rares, je le concède). Je vois dans ce film l'équivalent soixante-huitard (à peu de choses près) du « 99 Francs » de Jan Kounen. Un truc à la fois d'un mauvais goût savamment cultivé, fascinant et vomitif à la fois, et d'une justesse certaine, dans sa capacité à capter l'esprit d'une époque dans ses pire défauts et apparences, et à en faire quelque chose... d'aussi contradictoire. Bon, ce quelque chose vaut ce qu'il vaut, mais malgré tout (et surtout malgré lui) il invite quelque peu à la réflexion, notamment sur ce qui nous entoure et la société dans laquelle on vit : « Week-end » est encore d'actualité, c'est étonnant à quel point, et je ne sais pas s'il faut s'en réjouir... Bref, dans « Week-end » Godard s'amuse comme un sale gosse, et on le suit la plupart du temps. Certains passages sont vraiment ratés, et laissent entrevoir les rouages de la mécanique godardienne (le côté improvisation théâtrale qui n'a rien à dire et fait tout pour attirer l'attention du spectateur. Horrible). D'autres par leur répétition viennent amoindrir la puissance du film (pourquoi cette manie de répéter des passages qui ont bien marché au début du film? C'est une énigme pour moi...). Et puis d'autres encore, sont tout bonnement irrésistibles. C'est loin d'être le meilleur Godard, mais il vaut le coup d'oeil! Attention à l'indigestion toutefois...

[2/4]

mardi 14 juin 2011

« Une femme est une femme » de Jean-Luc Godard (1961)

    A vouloir à tout prix casser les codes de la narration cinématographique et proposer autre chose qu'un récit, Godard n'offre finalement qu'une suite de gags d'une teneur assez variable... La façon dont il se joue du cinématographe est certes fort appréciable et souvent réjouissante. Il parvient tant bien que mal à s'en sortir en conférant tout de même un minimum de cohérence à l'ensemble, et en osant s'aventurer relativement loin des sentiers battus, ce dont on lui saura gré. Mais Godard se répète dans les clins d'oeil au spectateur : la distanciation a ses vertus, ses limites aussi, qu'il franchira allègrement par la suite et déjà en quelque sorte ici. Il faut dire que le genre auquel se prête au premier abord « Une femme est une femme », soit la comédie, est rarement l'occasion de faire montre de profondeur, en tout cas la façon dont Godard s'y attaque n'arrange pas les choses. Du moins du point de vue « contenu », si tant est que l'on puisse le détacher de la forme, car « Une femme est une femme » n'est rien moins qu'un pur exercice de style. En ce sens il est plutôt réussi, une fois de plus les idées de mise en scène abondent, Godard s'amusant complètement avec sa technique fétiche : l'association d'idées, qu'il traduit visuellement (« littéralement » pourrait-on dire). De plus s'il se réfère plus ou moins explicitement à la comédie, en réalité Godard brouille tellement les pistes qu'il est réducteur de l'associer au seul genre. C'est bien l'expérimentation cinématographique qui l'intéresse, et briser les normes traditionnelles : chose faite. Quant au résultat, il laisse plus circonspect... Oui cinématographiquement parlant « Une femme est une femme » vaut le coup d'oeil, mais d'un point de vue plus large, artistique ou autre, il s'agit là d'un film assez anecdotique. Un Godard mineur en somme.

[1/4]

mardi 7 juin 2011

« Bande à part » de Jean-Luc Godard (1964)

    Il est de notoriété publique que « Bande à part » n'est pas vraiment le film préféré de Jean-Luc Godard. En effet, ce n'est pas son meilleur. Mais c'est peut-être pour cela qu'il est aujourd'hui si appréciable, car à l'époque Godard s'y montrait tel qu'il était : un jeune auteur à l'esprit de contradiction et en quête d'inspiration, amoureux fou du cinéma et de la littérature, éternel hyperactif de la trouvaille cinématographique (pas une seconde sans qu'une idée de mise en scène ne traverse le plan)... Et il ne se posait pas tant de questions sur le cinéma (du moins ne l'affichait-il pas encore trop). Il semblait tourner comme il respirait, c'était juvénile, impertinent, frondeur, léger, maladroit, superficiel mais touchant... Pas de politique, pas de verbiage, quelques citations mais plutôt bien intégrées... Et une simplicité salvatrice. Certes, Anna Karina n'y est pas franchement étincelante ni à son avantage, de surcroît le scénario relève clairement de la série B... qu'importe, la photographie de Raoul Coutard est magnifique, Claude Brasseur et Sami Frey sont éminemment antipathiques et sympathiques à la fois, la voix-off de Godard dépareille avec l'ensemble mais ce n'est pas grave, ça tient! Miraculeusement, sans doute en raison de la foi inébranlable du Godard d'alors, impossible de résister à son long métrage. Oui il comporte nombre de défauts, mais ce sont les défauts d'un artiste jeune et sincère. Pour le reste le rythme s'avère trépidant, la musique de Michel Legrand demeure fort appréciable, et Paris est une fois encore sublimée par l'esthétique à l'arrachée de la Nouvelle Vague, loin des clichés de carte postale (même si ce mouvement a engendré des épigones ayant tristement terni son ambivalent héritage). C'est que ce long métrage est « juste », comme s'il vivait de lui-même : est-ce l'histoire de jeunes oisifs ne sachant pas trop quoi faire de leur peau, mais tentant de réaliser un « joli coup »? C'était certainement l'état d'esprit du Godard d'alors, du moins c'est ainsi que je vois « Bande à part », et c'est ainsi que j'explique mon engouement. Un film qui rend terriblement nostalgique...

[2/4]