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jeudi 2 août 2012

« Les Enfants de Belle Ville » (Shahr-e ziba) d'Asghar Farhadi (2004)

    Un beau film sur le pardon! « Les Enfants de Belle Ville » démontre le savoir-faire d'Asghar Farhadi en matière d'écriture. Il déploie une intrigue qui s'étend à plusieurs niveaux, dont les écheveaux s'entremêlent subtilement, jusqu'à former un nœud douloureux : un véritable dilemme cornélien. Akbar vient tout juste d'avoir 18 ans. Il est prisonnier pour meurtre, et cela signifie pour lui qu'il peut désormais se faire exécuter du jour au lendemain. Son ami Ala tentera alors l'impossible pour pousser le père de la victime à pardonner le meurtrier de sa fille. « Les Enfants de Belle Ville » est un long métrage sur le rachat de sa faute et la miséricorde, voire la miséricorde divine. C'est aussi un tableau saisissant de l'Iran des déshérités, manquant de tout, à la merci du mal, baignant dans le sordide dont ils peinent à s'extirper. Asghar Farhadi nous conte le chemin de croix d'un père anéanti, vivant dans le deuil depuis des années, emmuré dans son chagrin. Il nous conte aussi le destin de deux familles inextricablement mêlées dans une affaire qui les entraîne au plus profond d'eux-mêmes. Firouzeh, la sœur d'Akbar, doit choisir entre son frère et Ala ; Ala doit choisir entre son amour pour Firouzeh et son amitié indéfectible envers Akbar ; le père de la victime doit choisir entre le souvenir de sa fille défunte et la vie, et même celle de son autre fille handicapée... Dommage qu'Asghar Farhadi nous plante là, finissant son film sur ces choix à prendre, que nous ne verrons pas s'accomplir. Car pour le reste il réalise un sans faute, un long métrage brillamment interprété, écrit de main de maître, et joliment réalisé, avec simplicité. Une preuve de plus de la richesse du cinéma iranien.

[2/4]

mercredi 29 juin 2011

« Une Séparation » (Jodaeiye Nader az Simin ) d'Asghar Farhadi (2011)

    D'emblée, Asghar Farhadi nous place en position de juge : au tout début du long métrage, nous sommes au tribunal, le couple des protagonistes principaux nous faisant face, tandis que l'on entend en voix-off parler le magistrat chargé de régler leur différend. Et tout au long du film, nous serons à la fois témoins des événements : que s'est-il passé? disent-ils la vérité? sont-ils sincères? et juges des personnages : qui punir? pourquoi?... « Une Séparation » rappelle à notre bon souvenir « Rashômon » et plus proche encore par bien des aspects « Close up », d'Abbas Kiarostami. Différence de taille : « Une Séparation » accorde moins de place à la beauté de l'image, pour se centrer sur la dramaturgie de l'intrigue, excellente soit dit en passant. De plus, les interrogations qui nous assaillent ne sont pas du même ordre, même si bien des points communs sont dénombrables : les questions relatives à l'homme et à la femme, à l'état, à la justice, à la bureaucratie, au travail, à l'enfance, à la famille, et bien sûr, entre autres, à la vérité sont soulevées, mais surtout pour en faire un état des lieux de l'Iran d'aujourd'hui (par extension, la suggestion étant de mise ici). « Rashômon » et « Close-up » sont des films relativement abstraits, l'un dans le temps et l'autre dans sa narration. Ici Asghar Farhadi nous livre un film extrêmement réaliste quoique pudique, explicitement contemporain, et difficile de ne pas se retrouver parmi tous ces tracas qui accablent les protagonistes, tant la vie d'aujourd'hui n'est guère différente de celle qui se déroule à l'écran. De surcroît le réalisateur se garde bien de tirer des conclusions : les faits parlent d'eux-mêmes, du moins parlent-ils jusqu'à un certain point, et c'est là tout le problème. Je ne sais si « Une Séparation » méritait son Ours d'or, n'ayant pas pris connaissance de la sélection, mais une chose est sûre : il mérite le coup d'oeil. Quant aux interprètes, je ne crois pas non plus qu'ils aient volé leur prix, sans être extraordinaires ils sont très justes!

[3/4]