dimanche 27 septembre 2015

« Miss Hokusai » (Sarusuberi Miss Hokusai) de Keiichi Hara (2015)

    Quand on regarde un dessin animé japonais, on est tout de suite tenté de le comparer à l’œuvre d'Hayao Miyazaki… Le problème est qu'à mon sens, seul Isao Takahata arrive à faire aussi bien. « Miss Hokusai » ne peut donc que pâtir de la comparaison. Pourtant c'est un long métrage honorable : relativement bien dessiné, soigneux, parfois même émouvant, il remplit son cahier des charges, à savoir rendre compte de la vie du grand peintre japonais Hokusai par l'intermédiaire de sa fille, O-Ei. L'héroïne est même dotée d'un caractère propre, et a sa propre vision des choses : elle se révèle bien plus courageuse que son père, obsédé par la peinture au point d'oublier son devoir paternel, notamment en refusant d'aller visiter son autre fille, aveugle de naissance, jeune et fragile. Malgré tout, Hokusai paraît humain, car plein de défauts. Humain car lâche, égoïste, vaniteux… Le réalisateur évite donc le film hagiographique lisse et plat. Quant à O-Ei, personnage central du long métrage, elle parvient à peindre parfois mieux que son père, et à rester généreuse en même temps, humaine car vertueuse, et non pas faible (en un sens) comme peut l'être son père. Les personnages sont donc plutôt finement brossés. Pourtant, il manque un supplément d'âme à ce film pour convaincre complètement. En dehors des trois personnages principaux, le monde ne semble pas exister, il n'y a pas cette poésie du quotidien et de l'indicible que l'on retrouve chez les plus grands. Les décors… restent des décors. Et les personnages secondaires sont désespérément plats. Sans compter cette faute de goût révélatrice de la qualité relative de « Miss Hokusai » : quand une guitare électrique à la AC/DC commence à se faire entendre, doublée d'une batterie tout aussi anachronique, on ne peut qu'être étonné par ce choix pour le moins disgracieux. Quelques dialogues tout aussi ratés complètent le sentiment de déception que l'on peut ressentir à la fin du long métrage, dont le scénario (l'enchaînement des séquences) est maladroitement construit. « Miss Hokusai » est donc un film moyen : fort de certaines qualités, mais limité par ses défauts et ce manque d'âme qui limitent sa portée artistique. Un long métrage à réserver aux fans d'Hokusai, car il décevra les admirateurs du Studio Ghibli.

[2/4]

« Love Is All You Need » (Den skaldede frisør) de Susanne Bier (2012)

    « Love Is All You Need » est un long métrage simple et beau, modeste et touchant. Vu par hasard, je n'y aurais certainement pas prêté attention autrement. Fort d'excellents comédiens (Trine Dyrholm en tête, mais Pierce Brosnan n'est pas en reste), il raconte le combat d'une femme, Ida, contre le cancer, et qui, sur le chemin de la guérison, se fait tromper par son rustre de mari, et devant ses yeux ! Le mariage de sa fille en Italie est le prétexte à une rencontre avec Philip, un riche chef d'entreprise, veuf, qui noie son chagrin en se surinvestissant dans son travail. Or il se trouve que c'est le fils de Philip qui se marie avec la fille d'Ida, ce qui va rapprocher leurs parents respectifs. Le mariage sert donc de cadre à cette histoire plus riche qu'il n'y paraît. D'une part car les personnages sont très fouillés, avec chacun leur combat à mener. D'autre part car les thématiques abordées, notamment la maladie, le courage, l'amour, l'engagement, sont brillamment incarnées par les personnages et leurs choix. Susanne Bier parvient à parler de beaucoup de choses, et surtout des choses les plus importantes de la vie d'un homme ou d'une femme, le tout avec beaucoup d'humour et de finesse. Vraiment, ce film m'a impressionné par son humanité et sa force, malgré une grande simplicité formelle et une grande sobriété du jeu des acteurs. Comédie romantique d'une grande profondeur, « Love Is All You Need » mérite assurément le coup d’œil, divertissant et émouvant à la fois. Je recommande vivement !

[3/4]

jeudi 27 août 2015

« Au plaisir de Dieu » de Jean d'Ormesson (1974)

    « Au plaisir de Dieu » est sans aucun doute la pièce maîtresse de l’œuvre de Jean d'Ormesson. Cet ample récit fictif, mais à forte connotation autobiographique, dépeint le long de 600 pages (qui se lisent d'une traite) le destin malheureux d'une famille d'aristocrates battue en brèche par le temps et la révolution des mœurs. Tout tourne autour de la figure du grand-père paternel : Sosthène. Profondément réactionnaire et humain, il est le témoin impuissant, avec le narrateur, de la ruine de sa famille et de ses idéaux. Je pensais que cet ouvrage serait une chronique familiale, vivante, enjouée... En fait c'est plus subtil, il s'agit d'une étude historique, sociologique et sentimentale d'une famille aristocratique à cheval sur le XIXème et le XXème siècle. Jean d'Ormesson use d'un langage simple mais bien tourné, dans un style alerte et agréable, avec un humour qui contrebalance la noirceur, il faut bien le dire, du destin brisé de ses proches. Véritable paradis perdu, le château de Plessis-lez-Vaudreuil réunit toute la famille, brillant par les personnalités les plus diverses et opposées qu'elle rassemble sous un même toit. Chronique implacable car objective, jamais mièvre ni cruelle, « Au plaisir de Dieu » raconte l'évolution de la famille, du grand-père mélancolique, de la tante à l'avant-garde de l'époque, des cousins tantôt fascistes tantôt communistes, des histoires d'amour déçues en passant par les gloires de cinéma. Il faut reconnaître à Jean d'Ormesson, outre son style plaisant, son absence de jugement sur des personnages qui sont pourtant au cœur de son récit. Car si l'intrigue, ou plutôt l'histoire (avec ou sans majuscule), déroule ses entrelacs au gré d'évènements majeurs tels que les deux guerres mondiales, jamais l'auteur et le narrateur (qui ne font qu'un) ne jugent les positions des principaux protagonistes, on ne peut plus contradictoires car humaines. Mieux, d'Ormesson réussit à transcrire toute la complexité d'alors, et de tout être humain qui se respecte. Tout lecteur de ce livre me comprendra. Et je dois dire que finalement, c'est ce qui fait toute sa force. Avec une franchise qui force le respect, d'Ormesson raconte des temps qui nous paraissent bien loin, des façons de penser d'alors, des comportements disparus, et se fait donc le meilleur témoin possible de tout un pan de l'histoire de France et de l'Occident du XXème siècle. Rien que ça. Sans être un chef-d’œuvre de la littérature, « Au plaisir de Dieu » est un excellent roman, et c'est déjà beaucoup, doublé d'un formidable travail de reconstitution, s'attardant sur l'essentiel (l'humain, la pensée et le vécu) et non sur les détails (la couleur du costume de monsieur untel ou des tuiles du château). Je salue donc l'ouvrage de Jean d'O, d'autant plus estimable en ces temps de révisionnisme acharné.

[3/4]

vendredi 21 août 2015

« La Jeunesse de Corto Maltese » de Hugo Pratt (1983)

    « La Jeunesse de Corto Maltese » est un sympathique album, court, cédant un peu à la mode du préquel, mais habilement scénarisé par Hugo Pratt pour faire apparaître Corto suffisamment tard dans l'histoire pour laisser intact le « mythe ». En effet, tant qu'à dévoiler la jeunesse de Corto (en partie), autant conserver une dose de mystère ! Hugo Pratt réussit donc son pari de donner à ses fans un os à ronger sans pour autant dévoyer sa célèbre série et son héros éponyme. Comme toujours on retrouve un arrière plan historique très intéressant (la guerre russo-japonaise de 1904-1905) et des héros ayant vraiment existé, tels que Jack London, ce qui permet de crédibiliser la série et de donner une certaine aura à notre ami Corto, décidément témoin de toutes les folies de ce début de XXème siècle. Le dessin se libère : Pratt est à son apogée picturale. Pour une fois les couleurs de Patrizia Zanotti ne desservent pas trop le fameux noir et blanc du dessinateur italien : on apprécie d'autant mieux les uniformes, les flammes, le ciel... Même si le noir et blanc reste inégalable. Mon principal reproche va au scénario beaucoup trop centré sur Raspoutine, l'alter ego à moitié (voire complètement) fou de Corto. Sa folie meurtrière n'est pas des plus intéressantes, mais comme je l'ai précisé en introduction, la présence en retrait de Corto est une bonne idée. Jack London est bien plus captivant, héros on ne peu plus « prattien » : américain pacifiste, perdu au milieu d'une guerre qui n'est pas la sienne, il préfigure son ami Corto, avec ce courage désintéressé qui le caractérise. On sent tout de même que Pratt est sur un pente relativement déclinante : depuis « Fable de Venise », Pratt se recentre sur son univers, réutilise beaucoup de personnages, et surtout les dialogues perdent de leur consistance, et pour tout dire de leur saveur. Les personnages échangent des banalités... Le Corto de « La Ballade de la mer salée », de « Sous le signe du Capricorne » ou des « Celtiques », mélange d'aventurier pur jus et de héros romantique (sans en avoir l'air) s'efface au profit de personnages secondaires plus désenchantés et sombres... Bien sûr de beaux restes subsistent dans « La Maison dorée de Samarkand » notamment, mais il y a comme quelque chose de perdu... « La Jeunesse » donne néanmoins le change, et figure encore dans les aventures de Corto qui me semblent (à mon humble avis) dignes de ce nom, grâce à cette ambiance si particulière que Pratt réussit à installer. Un album à lire, mais qui parlera plus aux fans de la série.

[3/4]

jeudi 20 août 2015

« Fort Wheeling » (Wheeling) de Hugo Pratt (1976-1995)

    « Fort Wheeling » est une pièce maîtresse de l’œuvre d'Hugo Pratt. Pour tout dire, c'est l'un de ses plus grands récits, des plus amples et des plus complexes. C'est aussi un sommet graphique, pour la majeure partie dessiné selon sa façon la plus classique, des années 60, avant les débuts de Corto Maltese. « Wheeling » voit se nouer et se dénouer la trame des amitiés, sur fond de guerres amérindiennes et d'indépendance entre Britanniques et Américains. Condensant le bruit et la fureur de la conquête de l'Amérique, faisant état des atrocités de part et d'autres, commises tantôt par les colons, tantôt par les Indiens, « Wheeling » est aussi et avant tout un vibrant plaidoyer pour la paix. Les vrais héros de ce récit prônent l'amitié entre les peuples et la compréhension mutuelle, dans un respect qui devrait être éternel, même s'il est, hélas, utopique… De malentendus en malentendus, d'outrages en haches de guerres déterrées, c'est une effroyable machine qui se met en marche : la guerre. Détruisant tout sur son passage : les vies, les familles, les amitiés, l'honneur, la paix… Pourtant dans ce marasme surnagent quelques individus : certains sont un peu fous et cherchent à se venger sans savoir s'arrêter, ivres de douleur. D'autres sont tout aussi fous (du moins le croit-on) : ils rêvent d'un avenir joyeux, apaisé. C'est notamment le cas de Criss Kenton, le jeune héros de « Fort Wheeling », patriote à la recherche de sa belle, balloté par les évènements au gré des flots de l'histoire. Son courage et sa ténacité viendront à bout de bien des péripéties, et c'est lui qui porte sur ses jeunes épaules la plus grande part d'humanité de ce récit, qui bien que terrible et sombre se révèle à de nombreux moments très émouvant. Une histoire massive, servie par un beau crayonné : nous ne sommes pas loin du chef-d’œuvre. Mais, car il y a un mais, c'est sans compter sur la fin abrupte et tristement décevante. Écrit et dessiné pour l'essentiel dans les années 60 et 70, « Wheeling » est à 90% un chef-d’œuvre digne de ce nom. Mais la toute fin, réalisée dans les années 90, à la fin de la vie et de l’œuvre de Pratt est horrible. Pratt s'englue dans ses défauts du moment : des personnages grossiers et une vulgarité crasse des plus décevantes… Comme dans les derniers Corto Maltese ou « Cato Zoulou ». Il détruit méticuleusement ses héros dans un geste nihiliste qui dénote avec la beauté de « Wheeling » et de ses personnages humains, magnifiquement humains. C'est assez incompréhensible… D'autant que le style graphique, lui, épuré à l'extrême, se libère et brille par son originalité et son éclat… Quel dommage ! « Fort Wheeling » Tome 1 compte donc parmi les 4 ou 5 meilleurs albums de Pratt. Le Tome 2 (surtout la fin) parmi les 4 ou 5… pires.

[3/4]

mardi 18 août 2015

« Numéro 9 » (9) de Shane Acker (2009)

    « Numéro 9 » est un beau film d'animation, qui malheureusement n'exploite pas tout le potentiel qu'il semble promettre dès le début. Les toutes premières secondes sont décidément très belles, une merveille d'animation : le jeu des mouvements, de la lumière et du temps, qui s'écoule lentement, la qualité et la beauté de l'image... Et l'histoire se révèle émouvante : 9 faibles créatures, amas de chiffons et de fermetures éclairs, boutons et autres épingles à nourrice sont éveillées à la vie par un créateur un peu fou, et doivent se débattre dans un monde apocalyptique qu'elles doivent sauver de la destruction. A l'aide de ces 9 créatures de bric et de broc, les scénaristes dépeignent toute une palette de sentiments, chaque personnage ayant son caractère, ses forces et ses faiblesses, représentant en quelque sorte les différentes facettes de l'humanité. Car dans un monde sans humains, peuplé de machines infernales, ce sont finalement ces 9 poupées de chiffons qui restent seules à porter le peu d'humanité qu'il reste. Je dois donc dire que le concept, l'idée de base du film est très originale, et pour tout dire très bonne. C'est seulement le traitement, le déploiement de cette idée qui reste décevant. Car si l'on excepte ces 9 personnages et la raison (touchante elle aussi) de leur existence, bref le cadre et le fond de l'histoire, le déroulement des péripéties est on ne peut plus linéaire, et relativement prévisible. On reste dans le film d'aventure initiatique type outre-Atlantique... Je n'ai pas vu le court métrage à l'origine de ce film, mais on sent qu'il s'agit d'une idée étirée bien plus qu'une histoire suffisamment riche pour se suffire à elle-même 1h30... Mais ne boudons pas notre plaisir, ça nous change des « Cendrillon 3 - Le Retour » en pilotage automatique ! Un film à voir, mais peut-être un peu sombre pour les jeunes enfants : à réserver aux adolescents et aux adultes.

[3/4]

samedi 4 juillet 2015

« Mes Voisins les Yamada » (Hōhokekyo tonari no Yamada-kun) de Isao Takahata (1999)

    Tout comme pour Miyazaki, l’œuvre d'Isao Takahata est un singulier mélange d'influences japonaises traditionnelles et occidentales. On connaît l'attrait particulier qu'a Takahata pour la France, et dans le domaine du cinéma, pour le réalisme poétique des années 1930. Et de fait, toute son œuvre se caractérise par ce réalisme saupoudré d'une poésie tantôt magnifique tantôt comique et exubérante. Là où l’œuvre de Miyazaki baigne dans le fantastique tout en touchant à l'universel, l'universalité de l’œuvre de Takahata vient de ce goût pour la représentation du réel, de la beauté du réel, à la manière d'Ozu (comme Miyazaki ressemble fort à Kurosawa). Ce réel peut être difficile et triste à pleurer (« Le Tombeau des lucioles »), terrible, inhumain (« Le Conte de la princesse Kaguya »), nostalgique (« Souvenirs goutte à goutte »), mais aussi drôle (« Pompoko »)... voire franchement comique : et nous arrivons à « Mes Voisins Yamada ». Derrière le graphisme humoristique, proche de la caricature, tout comme la psychologie des personnages, archétypiques de la famille japonaise moderne, voire occidentale, se cache en fait une ode à la vie humaine, foncièrement imparfaite, et c'est tant mieux ! Derrière tous les défauts de la famille Yamada et leurs péripéties qui n'ont rien à envier aux nôtres (dans la « vraie » vie), se cache en effet la célébration de l'humanité dans toute ses contradictions. Tout comme « Kaguya » est un plaidoyer (en filigrane) pour une vie simple, proche des gens, humaine en somme, « Mes Voisins les Yamada » montre que même la vie de tous les jours est haletante, et qu'en définitive, créer un foyer et bien conduire sa barque sur les flots incertains de la vie est plus difficile qu'on ne le croit, et en même temps l'affaire de l'humanité depuis des millénaires. C'est donc possible ! Et même souvent très drôle, comme les innombrables (més)aventures des Yamada. Entre le père chef de service harassé par son travail et la vie de famille, la mère guère douée pour le ménage, la grand-mère acariâtre, le fils fainéant et la fille témoin de tout ce qui se passe, voilà un portrait tendre et amusé d'une famille on ne peut plus universelle. On se retrouve dans bien des situations, et on rit de bon cœur à toutes ces péripéties bon enfant. Saluons également la technique de l'animation, qui sert tout à fait le propos, et qui mine de rien tient de la prouesse graphique, voire de la franche innovation. En somme, un Ghibli très original et très drôle, à regarder en famille.

[4/4]

dimanche 28 juin 2015

« Saint-Exupéry – Le Dernier vol » de Hugo Pratt (1994)

    « Saint-Exupéry – Le Dernier vol » est l'avant dernier album de bande dessinée écrit et dessiné par Hugo Pratt avant de mourir. Étonnamment, c'est l'un des plus solaires qu'il ait produits, bien qu'il soit mélancolique et nostalgique. Comme si Pratt voulait se remémorer le meilleur de l'un des plus grands auteurs de la littérature française avant de quitter le monde, le meilleur de l'un de ses nombreux auteurs de prédilection, lui l'homme aux milliers de livres. A vrai dire, cet ouvrage est l'un des plus poétiques d'Hugo Pratt, et dans le bon sens du terme. Lors de son dernier vol, tristement célèbre, Saint-Ex se perd dans ses souvenirs et se remémore toute sa vie, en partie à travers les livres qu'il a écrits. Alternant les teintes entre un présent tragique (l'attaque des chasseurs allemands) et un passé flamboyant, « Le Dernier vol » est un bel hommage, peut-être l'un des tous meilleurs, à l'écrivain et au pilote que fut Antoine de Saint-Exupéry. Il faut dire qu'Hugo Pratt donne à cet album une saveur particulière en distillant le temps par un tempo savamment entretenu. Le compte à rebours est lancé avant une fin que l'on sait certaine, et c'est là toute la tristesse joyeuse du « Dernier vol » : dans un dernier élan, le meilleur de Saint-Ex ressurgit avant de s'éteindre pour l'éternité (du moins pour ce qui est de la partie charnelle du pilote). Ultime voyage avant le passage vers l'autre monde, ultime rappel de ce que fut la vie et l'engagement du célèbre aviateur français, mais aussi du dessinateur italien. Pratt a choisi la mer, Saint-Ex les airs, mais les deux se rejoignent dans une œuvre mêlant le courage physique et moral à la poésie la plus franche, l'expérience de la navigation ou de l'aviation et le rêve, le souvenir, un langage imagé et fleuri : pour l'un ce sera les mots, pour l'autre le dessin... Quoique, n'oublions pas les aquarelles du Petit Prince et les bulles de Corto ou des Scorpions du Désert ! Deux univers qui se croisent, donc, deux destinées tout à fait singulières (Saint-Ex n'est pas Pratt et réciproquement) mais qui partagent le même goût pour l'Aventure humaine. Autant dire que « Saint-Exupéry – Le Dernier vol » est l'un des plus beaux albums d'Hugo Pratt.

[4/4]

vendredi 26 juin 2015

« Capitaine Cormorant », « Billy James » et « L'Assaut du fort » de Hugo Pratt, Mino Milani et Alberto Ongaro (1962)

    La récente réédition de 3 aventures dessinées par Hugo Pratt, sous le titre de « Capitaine Cormorant et autres histoires » permet d'apprécier une autre facette de l'auteur italien. La principale histoire de cet ouvrage est celle du Capitaine Cormorant, écrite et dessinée par Pratt en personne, histoire qui préfigure « La Ballade de la Mer Salée » et le personnage de Corto Maltese, même si les protagonistes de « Cormorant » diffèrent sensiblement.  Le héros éponyme est un être épris de liberté, un peu fou en apparence, mais au fond sûr de lui et de ce qu'il fait (toute ressemblance avec Corto est fortuite, hum). Rusé, courageux, il réussit à se frayer un chemin au gré des îles australes et des coutumes locales pour le moins surprenantes. On retrouve la soif des grands espaces et le goût pour l'océan de Pratt qui feront tout le sel des aventures de Corto. De plus, en bon héros « prattien », Cormorant est entouré de fidèles amis, dont un indigène tatoué que l'on retrouvera peu ou prou dans des albums ultérieurs, et une femme de caractère, autres indices des chefs-d’œuvre à venir. « Capitaine Cormorant » est ainsi une nouvelle graphique accomplie, plaisante, mais qui hélas se finit brutalement car les épisodes devant lui succéder resteront à l'état d'esquisses (quelques unes sont reproduites, sans les dialogues, dans un chapitre au titre un peu trompeur – l'espoir de découvrir un inédit complet étant toujours vif avec les rééditions – intitulé « Capitaine Cormorant - Deuxième Partie »). 

La seconde véritable aventure de cet album s'intitule « Billy James » et nous conte l'histoire d'un trappeur pris à parti lors de la guerre franco-britannique pour la suprématie en Amérique du Nord, au XVIIIe siècle. Le héros qui donne son titre à l'épisode est cette fois-ci un jeune homme, mais qui bien sûr est un fin connaisseur de la région, et est surtout quelqu'un (là encore) de malin et d'habile. Il lui faudra toutes ces qualités pour éviter d'être tué par erreur au milieu de la confusion qui régnait alors. Une jolie jeune femme et un sympathique révolutionnaire viennent pimenter le tout, faisant de cet autre récit une pièce de choix pour tout amateur de bande dessinée qui se respecte. Détail s'il en est, le scénario est écrit par Milani, mais la préface nous fait comprendre que c'est Pratt qui a décidé du cadre et de bien des aspects. Logique quand on connaît l'attrait d'Hugo Pratt pour l'époque et le lieu (cf. « Fort Wheeling »).

Vient enfin « L'Assaut du fort », écrit par Alberto Ongaro, et qui reprend là encore le cadre de l'Amérique du Nord au XVIIIème siècle, cette fois-ci après la victoire des britanniques sur les français. Un fort britannique est assailli par des indiens Ottawas, alliés des français mais surtout ennemis des anglo-saxons, et qui continuent le combat malgré le retrait de nos compatriotes. Un héros providentiel (jeune et rusé, mais je me répète) devra traverser les lignes ennemies pour demander du renfort à la base avancée de Niagara. 

Je ne vous en dit pas plus, pour résumer ces 3 histoires trouvent surtout leur cohérence dans le style graphique assez classique (on est au début de la carrière d'Hugo Pratt) et dans les traits de caractère en germe de nos héros, avec toujours ce goût pour l'aventure et les terres reculées qui feront toute la fortune de notre ami Corto (et de Pratt, bien sûr). En conclusion : une réédition qui vaut le coup, même si décidément la couleur (ici) ne vaut pas le célèbre noir et blanc du maître. 

[3/4]

mardi 23 juin 2015

« Corto toujours un peu plus loin » (Corto Maltese sempre più lontano) de Hugo Pratt (1974)

    « Corto toujours un peu plus loin » prolonge « Sous le signe du Capricorne », qui voit notre marin maltais s'aventurer en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Il est toujours question de magie noire, d'obscures luttes de pouvoir, de folie, de révolutions, et bien d'autres choses encore. On retrouve avec plaisir certains habitués de la série : le professeur Steiner ou Bouche Dorée. Mais une fois de plus (pour le moment du moins), Hugo Pratt parvient à se renouveler et à proposer une suite de brèves histoires qui se suffisent à elles-mêmes, et qui forment un kaléidoscope poétique de ce que pouvait être le début du XXème siècle en ces lieux, sous le haut patronage de Stevenson ou de Conrad. Il y a toujours cette distinction floue entre le rêve et la folie, avec la quête de l'El Dorado et de richesses perdues d'un côté, mais aussi les ravages de la guerre 14-18 de l'autre, qui laissa un grand traumatisme dans l'esprit de bien des combattants. Finalement, seul Corto parvient à toujours s'en sortir, pas complètement indemne physiquement, mais son flegme et son pragmatisme légèrement teinté de romantisme lui permettent d'éviter de croire aux mirages qui rendent fiévreux bien des hommes. On est même surpris par le ton assez émouvant de certains passages, la dernière histoire notamment. Malgré un verni ironique, presque (mais pas) sarcastique, Corto Maltese est finalement une série plus humaine qu'il n'y paraît, portée par un anti-héros moderne, faux dur au cœur tendre. Et « Corto toujours un peu plus loin » compte parmi les meilleurs albums dessinés et écrits par Hugo Pratt, ce qui est d'autant plus appréciable.

[4/4]

dimanche 17 mai 2015

« Souvenirs goutte à goutte » (Omoide poroporo) d'Isao Takahata (1991)

    La première fois que j'ai vu ce film, ça n'a pas manqué : le ton nostalgique, le rythme lent, le manque d'une certaine poésie audacieuse ou de la touche épique miyazakienne, tout cela m'avait déçu. Tout comme pour « Le Château ambulant », maintenant que j'ai donné une seconde chance à ce long métrage sans en attendre la lune, mon avis diffère, et en bien !

Takahata réussit à dépeindre plus que deux époques (les années 1960 et 1980), il évoque avec brio deux âges de la vie d'une jeune femme : l'éveil de l'adolescence et le passage à proprement parler à la vie adulte (fin des études et début du travail). « Souvenirs goutte à goutte » nous conte les vacances d'une tokyoïte de 27 ans, Taeko, qui en prenant le chemin de la campagne, se remémore bien des souvenirs de son enfance, quand elle avait une dizaine d'années.

Les séquences alternent donc entre 1966 et 1982, celles de 1966 étant dessinées à l'aquarelle dans de jolies couleurs, tandis que 1982 est représentée dans les tonalités habituelles et sous le trait caractéristique du Studio Ghibli. Ce qui est intéressant, c'est le côté presque documentaire de l'exercice, car les souvenirs de Taeko rappellent bien des souvenirs qui nous appartiennent : la lutte (à l'usure !) pour obtenir telle ou telle chose de son père ou de sa mère, les cours qu'on juge trop difficiles, l'amour envers son ou sa camarade, les relations familiales avec les frères et sœurs, et bien sûr les parents,... De même pour la jeune femme de 27 ans, quand on approche cet âge, on vit le même genre de problématiques : la question de l'attrait pour un travail pas toujours très intéressant, la question du mariage, le choix de la vie à la ville ou à la campagne,...

Takahata réussit subtilement à aborder bien des thèmes qui nous touchent, et ce sans que l'on se rende compte de l' « artificialité » du dessin (toujours plus que relative chez Ghibli) : en bref, on se croirait devant un film « live » tant c'est bien amené, et plus encore, devant un film d'Ozu, tant ce long métrage respire la lenteur, la nostalgie et le soin apporté aux sentiments les plus fins, sans parler de la qualité toujours aussi prodigieuse de la l'animation. « Souvenirs goutte à goutte » est donc un film hautement recommandable, mais clairement à destination des adultes, sous peine d'endormir les enfants !

[4/4]

vendredi 1 mai 2015

« Le Serpent blanc » (Hakuja den) de Taiji Yabushita (1958)

    « Le Serpent blanc » est le pont entre Disney et Hayao Miyazaki, entre l'animation occidentale et extrême-orientale, entre le début et la fin du XXème siècle. Il s'agit d'un long métrage animé d'une grande qualité et d'une grande poésie, qui commence tout simplement pour s'achever non moins joliment. Les personnages sont bien dessinés, l'animation est fluide, et les petits animaux qui aident nos deux héros dans leurs aventures fantastiques sont fort sympathiques. Il s'agit d'un conte immémorial, l'histoire d'un petit garçon qui découvre un serpent blanc au marché et qui le ramène chez lui, mais dont ses parents veulent qu'il se sépare, ce qu'il finit par faire à son plus grand regret. Toutefois le serpent réapparaît bien plus tard sous les traits d'une jeune fille, et l'on se doute de ce qui va se passer. On retrouve plusieurs effets d'animation à la manière de Disney, et le couple d'amoureux comme les autres personnages secondaires aux traits animaliers rappellent à bien des égards les contes imagés de la firme américaine. Pour autant, c'est l'une des premières fois que l'intrigue se passe en Extrême-Orient, du moins pour un film de cette envergure. Même si l'animation est japonaise, il s'agit d'un vieux conte chinois. De même, un grand soin est apporté aux paysages tout ce qu'il y a de plus locaux. Tout cela ne pouvait qu'inspirer Hayao Miyazaki et lui donner l'envie de se dépasser, constatant qu'il est possible de créer des animés de qualité au Japon. Cependant, si ce long métrage a indéniablement ouvert des portes, il faut bien dire qu'il ne se hisse pas au même niveau de profondeur et de richesse que bien des films de maître Miya. Pour autant, il s'agit d'une œuvre très poétique, qui malgré des maladresses et quelques archaïsmes demeure une indéniable réussite. A voir, ne serait-ce que pour sa culture cinématographique.

[3/4]

« Princes et Princesses » de Michel Ocelot (2000)

    Comme tous les artistes dignes de ce nom, Michel Ocelot a compris ce qui fait l'essence des belles œuvres d'art : leur sens. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? Que peu importe la forme, un riche et beau sujet est inépuisable. Et quel sujet plus intemporel que l'amour ? Quels héros plus antiques et modernes à la fois que l'homme et la femme, le couple : le prince et la princesse ? Peu importe la forme, certes, encore que... Mais si la forme est sublime, comment ne pas se réjouir de l'idée toute simple et pourtant géniale de reprendre un même thème, subtilement décliné à l'infini, telles les variations d'un Bach ou d'un Vivaldi ? « Princes et Princesses » c'est cela : des histoires toutes simples servies par un visuel épuré mais néanmoins de choix, à la manière des théâtres d'ombres chinoises. Un sujet intemporel, une forme intemporelle, et le tout d'une beauté... On y sent toute la sensibilité de Michel Ocelot, mélange harmonieux de poésie, d'audace et d'humour. Ça aurait pu confiner à l'exercice de style, c'est finalement éclatant, passionnant, et beau, tout simplement. Certes, c'est parfois maladroit, mais c'est ce qui rend ces dessins, ces héros en deux dimensions d'autant plus humains. Chaque conte se distingue par son originalité, une approche et une époque différentes. Chaque conte est construit avec le même soin et la même « patte Ocelot ». Oui Michel Ocelot est un grand monsieur de l'animation française et mondiale. Merci à lui !

[3/4]

lundi 6 avril 2015

« Interstellar » de Christopher Nolan (2014)

    J'ai relevé quatre qualités à ce long métrage. Tout d'abord il rend hommage aux pionniers en tous genres, qu'ils soient astronautes ou simplement navigateurs du XVème siècle (ou encore pionniers du Far West). « Interstellar » est l'histoire d'un équipage humain perdu dans l'espace, espérant fonder une colonie pour y emmener des hommes et des femmes qui ne peuvent plus rien tirer d'une Terre dévastée par un environnement hostile. Et Nolan arrive à nous faire ressentir cette crainte mêlée d'espoir de ces aventuriers au courage hors norme. On suit l'intrigue sans jamais ressentir d'ennui, et l'on se dit que l'on pourrait être aussi bien dans une caravelle de Christophe Colomb que dans un vaisseau spatial tant ce genre de situations confine à l'universel, un universel de temps et de lieu. Bravo donc. Ensuite, second point positif, en nous faisant quitter la Terre, Nolan ne nous la fait que mieux aimer. Cela dit je ne sais pas si c'était voulu. Mais c'est un fait, quand le long métrage s'achève, on se dit qu'on est bien, et même très bien sur notre bonne vieille planète, si belle et si riche, si fragile aussi. Puis, troisième qualité que j'ai décelée : une certaine émotion que je ne pensais jamais pouvoir trouver dans un film de Nolan. Matthew McConaughey n'est pas trop mal même si pas toujours crédible malgré son expressivité parfois un peu excessive. Et il parvient tout de même à nous transmettre quelques sentiments touchants, notamment au début et à la fin de son aventure, aidé en cela par plusieurs acteurs de seconds rôles plutôt convaincants. Enfin, la musique. Hans Zimmer s'est vraiment dépassé, pour créer quelque chose d'original et de prenant. Elle donne vraiment une autre dimension, une profondeur à l’œuvre de Nolan.

    Maintenant que j'ai passé en revue les qualités de ce long métrage, passons aux défauts, qui sans être trop pesants, sont bien réels. Tout d'abord, difficile de faire un long métrage sur l'espace après « 2001 : L'Odyssée de l'espace », surtout quand on prétend marcher sur ses plates bandes ésotérico-philosophiques, et ce en dépit des défauts eux aussi bien réels du film de Kubrick. Nolan ne tombe pas dans l'écueil des effets spéciaux en toc (je pense à la séquence d'introduction kitchissime et pompeuse dans le Kubrick) : un point pour lui. Par contre il recrée quelque peu la même atmosphère oppressante dans l'espace, sauf que chez lui les robots sont gentils (à noter quelques clins d’œils à l'humour ravageur). Et la valse des vaisseaux spatiaux reprend celle de « 2001 ». Un point pour Kubrick donc. La musique de Zimmer a beau être réussie, elle ressemble étrangement à la célèbre musique viennoise de « 2001 » par moments... Et difficile d'éclipser l'originale. Un point pour Kubrick. Heureusement les émotions que l'on éprouve face à « Interstellar » dépassent de loin l'inhumanité qui règne dans « 2001 ». Un point pour Nolan. On se retrouve ainsi à deux partout. Là où je veux en venir, c'est que « Interstellar » ne dépasse pas « 2001 », et ne peut donc pas prétendre au titre de chef-d’œuvre absolu de la science fiction (d'autant que « 2001 » ne mérite pas le nom de chef-d’œuvre à mon sens, bien que ce soit indéniablement un film marquant). Ce qui me gène aussi dans le long métrage de Nolan, c'est son scénario tellement bien huilé que les personnages restent en deux dimensions. Nolan humaniste ? Rien n'est moins vrai. N'est pas John Ford ou Frank Capra qui veut. Non, Nolan est un entertainer de grand talent, tout comme un Cameron ou un Ridley Scott, mais ça s'arrête là. Ses personnages n'ont aucune épaisseur, ils servent le scénario alors que chez les « grands », le scénario, avec toute sa profondeur, sert les personnages. Et puis ce côté chien savant, petit génie du scénario en poupée russe m'agace. Lorsque j'avais critiqué « Inception », j'avais déjà cité Will Self qui disait à son propos : « Un film qui, loin d'être intelligent, n'est que l'idée que se fait un imbécile d'un film intelligent ». Je n'irai pas jusque là avec « Interstellar », qui pose avec un certain aplomb (et un certain succès) la question du futur de l'humanité sur Terre. Il n'empêche que le goût de Nolan pour les intrigues excessivement tordues est exaspérant. Et finalement, on ne retrouve pas dans ce film le souffle des grands chefs-d’œuvres du Septième art. Quand « Interstellar » s'achève, on reste avec un certain goût amer dans la bouche, et pas avec l'enthousiasme que nous transmettent les grands films dignes de ce nom.

Conclusion : sans être un grand film, « Interstellar » est un bon long métrage de science-fiction. Une réussite donc, et là encore je ne pensais pas pouvoir dire un jour cela d'un film de Christopher Nolan. Mais ça reste une œuvre de science fiction qui ne transcende pas le genre, à l'inverse du Tarkovski de « Stalker » et de « Solaris ». En effet, chez Tarkoski, la science-fiction est un moyen et pas une fin, contrairement à Nolan. Un moyen pour dire toute la beauté et la richesse de la vie humaine. Une richesse que l'on ne retrouve pas chez Nolan. Il ne reste plus qu'à lui offrir un exemplaire de chacun de ces chefs-d’œuvre, pas seulement de la science fiction, mais aussi du cinéma, voire de l'art du XXème siècle.

[2/4]

samedi 21 mars 2015

« Tokyo Fiancée » de Stefan Liberski (2014)

    Je ne connais Amélie Nothomb que de nom et de réputation, et je serai donc bien en peine d'évaluer la fidélité de ce long métrage à l’œuvre d'origine (si tant est que ce soit une question pertinente). A première vue, il semble que le réalisateur ait tenu à s'en démarquer quelque peu, ne serait-ce que par le choix de son héroïne, qui ne ressemble pas beaucoup à l'auteure belge malgré quelques traits en commun. Ce choix me semble bienvenu tant Pauline Etienne joue à merveille l'ingénue et la fan du Japon, tout en donnant vie à son personnage avec entrain. La réalisation fait très fabriquée au premier abord, voire artificielle (interludes avec ralentis, voix-off, cadrages méticuleux), mais c'est tellement bien amené que ça en devient évident et plaisant. Pour tout dire, il y a beaucoup d'humour dans ce film, et c'est ce qui fait sa force première. C'est un condensé de fraicheur, malgré ses thématiques un peu mélancoliques : comment s'adapter à un pays si riche de coutumes et de traditions que le Japon quand on vient de l'autre côté du monde, voilà la question centrale de « Tokyo fiancée ». Beaucoup de séquences sont très drôles et assez anthologiques, jouant de ce ton aigre-doux particulier qui baigne tout le long métrage. En bref, acteurs, réalisateur, directeur de la photographie, compositeur, tous tiennent leur rôle avec talent et réussissent à faire de ce film un joli instantané mi-joyeux, mi-nostalgique des relations fascinées (et assez fantasmées) qu'entretiennent le Japon et la France. Une bonne surprise !

[3/4]