samedi 23 novembre 2013

« Messe de Requiem » de Gabriel Fauré (1888)

    Le « Requiem » de Fauré compte parmi les plus belles messes des morts jamais écrites. La vision de la mort chez Fauré est très apaisée, très douce. Pour lui, il s'agissait plus d'une transition heureuse vers un au-delà (bien qu'il n'était pas croyant) qu'un passage douloureux, dont on pouvait craindre le surgissement. Son « Requiem » est donc radicalement opposé à celui d'un Verdi. Alors que l'Italien offre une vision grandiloquente et théâtrale de la mort, le Français propose une partition toute en sérénité et délicatesse, personnelle, profondément intimiste, comme nombre d’œuvres françaises de l'époque. Les mélodies de Fauré, celles du « Requiem » j'entends, sont très finement sculptées dans le matériau sonore, et proprement inoubliables. L'Introït, et surtout le Kyrie est extraordinairement beau. Profondément original, il inaugure le parti pris musical de ce requiem. Le Sanctus prolonge l'impression de douceur sans pareille qui émane de la musique de Fauré : il est magnifique. Mais le sommet absolu de cet opus est le fameux Pie Jesu, qu'un garçon ou une femme peuvent chanter. Saint-Saëns ne s'y trompait pas : la postérité retiendra cet air, et en fera peut-être bien LE seul Pie Jesu. Le reste de l’œuvre conserve la même qualité d'écriture. L'Agnus Dei, le Lux Aeterna, le Libera Me sont de bien belle facture. Et la messe s'achève sur un In Paradisum angélique. Après l'indétrônable « Requiem » de Mozart, celui de Fauré figure en très bonne position parmi les réussites magistrales du genre, non loin de celui tellement différent de Verdi. Je vous conseille d'écouter le « Requiem » de Fauré dans sa version enregistrée par Philippe Herreweghe et La Chapelle Royale en 1988... car le Pie Jesu chanté par la soprano Agnès Mellon est d'une rare beauté. Sa voix très claire et très pure sied à merveille à ce chef-d’œuvre de sensibilité. Ceci dit, le reste de l'interprétation, instrumentale comme vocale, est d'un niveau comparable. C'est-à-dire excellent.

[4/4]

4 commentaires:

  1. Cette messe est une des oeuvres que je n'aime pas d'un compositeur que j'aime beaucoup. Pourquoi? trop neurasthénique, sans la richesse harmonique des autres oeuvres de Gabriel Fauré. Avis personnel. Comme certaines de ses musiques de chambre: de l'eau un peu tiède. Regardez donc sa production pour piano, plus passionnante.

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  2. C'est vrai que cette œuvre est parfois trop douce, limite sirupeuse. Mais tout de même, le Kyrie et le Pie Jesu sont formidables. Je reconnais toutefois que tout son Requiem n'est pas du même acabit que ces fameux passages.

    J'aime aussi son œuvre pour piano. A ce jour je ne connais que certaines de ses Nocturnes, mais c'est superbe.

    PS : Ai-je toujours affaire au même Anonyme avec qui j'ai déjà tant discuté ?

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  3. Nous avions parlé de cinéma il y a quelques mois, ici meme, effectivement (nous partageons une meme passion pour Tarkovski).
    J'ai écouté aujourd'hui un compositeur influencé par Fauré, méconnu, mais intéressant, Gabriel Dupont. Il est mort assez jeune mais laisse une oeuvre pianistique très belle.

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