Un drame familial d'une grande profondeur. Andreï Zviaguintsev approfondit la figure du père que l'on retrouvait dans « Le Retour », son film précédent. Ici, le cinéaste russe nous présente un couple rongé par le doute et l'absence, au cœur d'une nature magnifiquement photographiée, et de grands espaces qui ajoutent un peu plus au vide que ressentent les personnages. La retenue avec laquelle filme Zviaguintsev est fort appréciable de nos jours, et lui permet de ne pas tomber dans un misérabilisme hâtif ou dans le psychologisme de bas étage que l'on serait en droit d'attendre d'une histoire pareille en France. Il s'inscrit dans la droite lignée du cinéma de Tarkovski, moins onirique et moins puissant, mais tout aussi captivant malgré de longs silences. Il est vrai qu'Andreï Zviaguintsev peine encore à trouver un ton et une esthétique qui lui soient propres, en revanche il fait montre d'une indéniable maturité artistique. L'histoire qu'il nous conte s'avère déchirante, et fait résonner en nous bien des choses. Il parvient en effet à alterner moments de grâce, sous un soleil lumineux, et moments tragiques, sous une pluie drue. Il alterne entre la campagne et la ville, industrielle et triste, avec un grand talent. Bref, un excellent film.
[3/4]
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