mardi 2 juillet 2013

« Le Fils unique » (Hitori musuko) de Yasujirō Ozu (1936)

    « Le Fils unique » compte parmi les meilleurs films d'Ozu, et parmi les plus sobres. D'une simplicité exemplaire, d'une retenue aussi bien stylistique que scénaristique sans pareille, il s'agit d'un long métrage terriblement émouvant. C'est l'histoire d'une veuve qui travaille dans une usine de confection de soie dans les années 1920, et qui se tue à la tâche pour offrir à son fils unique de quoi payer ses études. Alors qu'il a 27 ans, vers 1935, et qu'il est parti pour Tokyo, provoquant un douloureux déchirement, sa mère vient le voir. Mais sa vie est loin d'être aussi réussie qu'ils l'espéraient, et la mère semble abattue par la situation peu enviable de son fils. Il faut dire que la crise de 1929 est passée par là, et que ceux qui pensaient réussir à Tokyo ont pour la plupart déchanté. Pourtant, de ce noir constat, Ozu parvient à insuffler de l'espoir à ses personnages. Ce qui est incroyable, et qu'il faut louer, c'est l'abnégation de ses héros, qui traversent des moments difficiles, pleurent même, comme c'est rarement le cas chez Ozu, très pudique, mais qui décident de se battre. Je ne vous raconterai pas le fin mot de l'histoire, ni comment Ozu réussit à dépeindre l'espérance sur un arrière fond de déception. Néanmoins, j'aimerais évoquer le plan final du long métrage, à l'image de tout le film. Complètement fermé, il invite à la résignation. Et pourtant, cette insistance sur ce qui s'apparente à une impasse le rend d'autant plus prêt à s'ouvrir : c'est comme si toute cette frustration accumulée allait aboutir à un avenir meilleur. Ozu nous laisse là, sans en dire plus. Mais il a esquissé le signe que quelque chose avait changé dans le cœur de ses personnages, et que leur sacrifice ne sera pas vain. Ce qui donne une toute autre dimension à son « Fils unique », comme dans les films les plus vibrants de Kurosawa (« Je ne regrette rien de ma jeunesse », mais aussi « Rashômon », où là encore un enfant symbolise l'espoir le plus pur). Ozu n'est pas passé loin du chef-d’œuvre.

[3/4]

30 commentaires:

  1. Chabrol détestait Ozu, je comprends ses arguments, mais je commence à trouver du charme à ses oeuvres dépouillées, comme "Voyage à Tokyo". Je vais de ce pas en regarder d'autres, peut-être celui-ci..... Le scénario semble un peu typique du cinéaste.
    Ne trouvez vous pas le dernier Bresson (en couleur) un peu craneur, poseur et pédant? Contrairement au Bresson en noir et blanc. Le noir et blanc correspond mieux à l'esthétique des Dreyer, Ozu, Bresson. Les deux premiers ont heureusement échappé au passage à la couleur, en tout cas il me semble;

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    1. Ce n'est pas moi qui regretterai Chabrol. Il n'arrivait pas au petit orteil d'Ozu.

      « Le Fils unique » est un très bon moyen de découvrir Ozu. Ce film n'a pas encore la rigueur stylistique des opus à suivre, mais il démontre déjà le savoir faire impressionnant du cinéaste japonais. On retrouve de plus dans ce long métrage l'attrait d'Ozu pour les problématiques familiales, à vrai dire centrales dans notre existence. Et c'est toujours avec une grande simplicité et une grande pudeur qu'il aborde des thèmes majeurs tels que la réussite sociale ou la désillusion, mais aussi la confiance en soi et la soif de vivre.

      J'ai bien aimé le dernier Bresson, quoiqu'il soit une fois de plus d'une grande noirceur. Mais il révèle les ressorts d'une société matérialiste, et je trouve sa dénonciation particulièrement frappante. Quant à le trouver crâneur, il est très esthétisé, certes, comme tout film de Bresson. Mais la forme sied il me semble au message, même s'il s'agit probablement de l'un de ses films les plus démonstratifs, et en cela peut-être pas l'un de ses plus subtils. Toutefois quel talent!

      Et je ne crois pas que ce soit une histoire de couleur. Bresson a plutôt maîtrisé son passage à la couleur, même si les DVDs ne rendent pas toujours grâce à sa maîtrise des teintes. Je ne saurai donc pas dire s'il utilise une palette chromatique terne ou si c'est la dégradation des copies qui me donne cette impression. Pour revenir au côté poseur de l’œuvre, je ne trouve pas le Bresson en couleur plus pédant que le Bresson en noir et blanc.

      Ozu n'a pas échappé à la couleur, ses derniers films ne sont pas en noir et blanc. Ceci dit il n'a tourné que 5 films en couleur, mais très maîtrisés.

      Quant à Dreyer, j'aurais été bien curieux de découvrir l'un de ses films en couleur, si une telle œuvre existait. Nul doute qu'elle aurait été soignée.

      J'ai l'impression que vous n'aimez pas trop les films en couleur, je me trompe ? Il est vrai qu'il est beaucoup plus difficile de réaliser de bons films en couleur qu'en noir et blanc, car il faut doser avec dextérité les teintes, exigence dont bien peu de cinéastes s'embarrassent.

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    2. D'ailleurs je suis curieux de connaître les arguments de Chabrol contre Ozu.

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  2. Chabrol n'aimait pas Bresson car il lui reprochait de tout souligner (chaque geste est accompagné par la caméra, par exemple, il filme en gros plan les poignées qui se tournent pour ne pas faire du théatre filmé). Alors que Bresson veut ne "rien montrer", pour ne pas passer pour un "pornographe" (Bresson le dit lui même), Bresson montre tout. Voilà la controverse Chabrol-Bresson, enfin moi aussi je n'aime pas Chabrol. Chabrol trouvait Ozu monotone et répétitif, ennuyeux, c'est un point de vue que je comprends car les 20 première minutes sont assez difficiles. Mais on s'y plonge très facilement après.
    Enfin le dernier Bresson a des faiblesses: le côté "mauvais acteur" y est très pénible, aussi, on sent que le vieux maître veut tourner avec de jeunes personnes d'un autre temps que le sien, le cocktail est parfois gênant (Le diable probablement). Le Paris de ce film est moderne, post soixante huitard, avec des jeunes écolos, etc..... On dirait du Jean Eustache. Le noir et blanc donne un côté plus grave, austère, intemporel. La couleur est banale dans beaucoup de films, très téléfilm ou film de vacance, sans plus, sans que la beauté de la nature ne soit mise en valeur, sans que l'image ne nous touche. Ou alors c'est du clip ou un spot pour Dior, sans profondeur.

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    1. Je crois au contraire que Bresson ne montre pas tout. Il filme certaines choses pour mieux suggérer l'invisible, mais reste empreint d'une grande pudeur. Ceci dit il n'hésite pas à filmer une certaine noirceur.

      Je ne trouve pas que les acteurs soient plus mauvais dans son dernier film que dans les autres... Du moins la différence n'est pas flagrante : de toute façon sa direction d'acteurs est toujours très particulière et artificielle, même si avec le temps je trouve que ça fonctionne. J'ai bien aimé "Le Diable probablement" justement, je trouve le cocktail efficace.

      Ce que vous idtes sur la couleur est très juste, néanmoins je trouve l'emploi de la couleur plutôt réussi chez Bresson, malgré des couleurs assez ternes.

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  3. Depuis les années 1990= 0 bon film. Point final. Même les films comiques.
    J'ai vu Melancholia de Lars von Trier, c'est d'un nul....
    Je ne sais plus quoi voir parmi les films actuels. La palme 2013 m'a l'air bien cul-cul. Vous adulez Kechiche mais pour moi c'est le degré zéro. On décroche, on perd le gout du cinéma. J'ai tellement envie de réaliser un film. Mais je ne sais pas m'y prendre. Depuis que je viens sur votre blog, c'est ce que je me dis. J'ai écrit un scénario (dans ma tete), je vois ce que le film pourrait être.... Mais c'est de l'ordre du fantasme. Pourtant c'est l'échec de ma vie. Quelle tristesse! Depuis quelques jours, j'ai une "crise" de films, je ne peux plus rien voir, il faut que je fasse, moi. Mais quelle gaminerie, direz vous. Je voudrais filmer la beauté sublime des murs de cette pièce, retranscrire ce violet flamboyant qui transperce le ciel, etc..... Pourquoi ce besoin vital???? Et on se dit que c'est impossible, que ce n'est pas pour nous, surtout que je ne suis plus tout jeune..... Riez de moi maintenant.

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    1. Je vous rejoins. Il y a tout de même les deux derniers films de Kurosawa, d'authentiques chefs-d'oeuvres à mon sens. Il y a aussi certains films de Kiarostami, de Béla Tarr (quoique bien noirs). Il y a aussi les films de Miyazaki, un authentique poète et artiste! Et de son acolyte Kondo. Mais plus pour les enfants.

      Les meilleurs films de Lars von Trier sont ses 4 premiers (inclus son film de fin d'étude, probablement son meilleur). Il a produit de plus en plus d'horreur avec le temps, et "Melancholia" est particulièrement nul. Vraiment, je déteste ce film d'une vacuité et d'une vulgarité abyssales et désespérantes.

      De Kéchiche, j'ai plutôt aimé "La Graine et le mulet", je ne connais pas le reste. Mais vous vous trompez lourdement, je ne l'adule pas. Et son dernier film doit être lui aussi d'une nullité!

      Il est vrai que depuis les années 80, voire les années 60, excepté pour quelques grands réalisateurs, c'est le néant cinématographique. Qui rejoint le néant artistique occidental, et le néant philosophique mondial...

      Quant à votre souhait de faire un film, je le prends très au sérieux! Et je vous rejoins, j'ai moi aussi cette envie quand je vois les nullités qu'on nous sert à tour de bras. Le beau est un idéal inscrit dans le coeur de chaque homme, il n'y a que chez les communistes que le laid a été érigé en canon de beauté... Et dans notre culture consumériste.

      Ce n'est pas impossible! A force de travail et de patience, tout le monde peut aboutir à quelque chose. Et vous bénéficiez d'une expérience de la vie, au contraire de bien des jeunes nombrilistes, donc lancez vous! Vous n'avez rien à perdre, les caméras ne coûtent plus très cher aujourd'hui.

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  4. Quand je disais que vous n'avez rien à perdre, je ne pensais pas seulement aux caméras. Vous n'avez rien à perdre tout court.

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  5. Sinon, je voulais vous faire partager une petite découverte, le cinéaste tchèque Jan Švankmajer. Le connaissez-vous? C'est du film d'animation surréaliste, cela marche plutot bien parfois. Il jouit d'une certaine renommée.

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  6. Oui, je le connais. J'ai vu quelques extraits de son Alice, ça m'a l'air assez sombre...

    Connaissez-vous le russe Youri Norstein ? Il fait de magnifiques films d'animation. La totalité de son œuvre dure à peine 2 heures, mais quelle beauté!

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  7. Je le connais de nom mais je n'ai jamais rien vu de lui!
    Je ne suis pas un grand amateur de films d'animation, c'est souvent niais! J'admire le talent de plasticiens des meilleurs graphistes et réalisateurs, j'avais apprécié, dans le temps, "Le Voyage de Chihiro", un film japonais. Vous parlez sur votre blog du nigérien Moustapha Alassane, je compte le découvrir dans quelque temps. En fait, le côté "simpliste" et "neuneu" est très gênant souvent ("Le Tombeau des Lucioles" qui ne m'a pas fait pleurer du tout alors qu'il est réputé pour cela)

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  8. Je vous conseille vivement Norstein, c'est l'un des plus grands dans ce domaine.

    « Le Voyage de Chihiro » est justement de Miyazaki. Je vous conseille « Le Château dans le ciel », c'est magnifique et très poétique.

    Alassane fait des choses bien plus modestes, ses moyens sont tout à fait dérisoires. Mais c'est néanmoins fort appréciable.

    Pour ma part j'ai fondu en larmes quand j'ai vu « Le Tombeau des lucioles ». Je ne sais pas quel serait mon ressenti si je le revoyais, mais je me souviens avoir bien aimé les personnages, qui me semblaient ô combien plus humains que de réels acteurs en chair et en os, tellement ils étaient bien écrits (et dessinés!).

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  9. Avez vous vu "Le Rouleau compresseur et le Violon" d'Andrei Tarkovsky? Je lui trouve plus de gout que certains films postérieurs du réalisateurs, dans sa photographie.
    En effet, A.Tarkovski aime alterner les différentes photographies dans ses films. Cela est parfois de mauvais gout car superficiel. Par principe je m'y oppose. Je suis aussi fondamentalement contre les larmes factices de ses personnages, par ex dans "Le Miroir". Les larmes sont touchantes quand on les comprend, sinon quel enervement! Quel dommage! Et le fait de réciter de la poésie de son père, en le citant même, dans Nostalghia, cela refroidit le spectateur, surtout si l'on n'est pas russe! Je commence à lui préferer Bergman et Paradjanov.

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  10. Non, je n'ai pas eu la chance jusqu'à présent de voir « Le Rouleau compresseur et le Violon ». Il est en salles en ce moment, mais à une heure impossible, du moins pour moi.

    Je ne vois pas ce que vous entendez pas alterner différentes photographies... Voulez vous dire différentes teintes de la photographie, comme le passage sépia/couleur de « Stalker » ?

    Quant aux larmes factices, je ne m'en souviens plus, ça ne m'avait pas marqué.

    Sinon Bergman est bien plus noir et tordu que Tarkovski. Il n'a pas son espérance et l'aisance avec laquelle il filme l'onirique et le sublime. Il reconnaissait même Tarkovski comme le plus grand. Non, Tarkovski est bien plus lumineux et appréciable de mon point de vue.

    Pour ce qui est de Paradjanov, je l'aime beaucoup mais il est plus formaliste, plus froid. Son film le plus « chaleureux » est sans doute « Les Chevaux de feu », une œuvre intense. C'est un grand artiste, de talent, mais Tarkovski me semble tout de même un cran au-dessus, notamment dans l'usage qu'il fait de toutes les possibilités du cinéma (aussi bien philosophiques qu'artistiques). Tout de même quel chef-d’œuvre que « L'Enfance d'Ivan »! Ces scènes de rêve, l'homme et la femme qui s'embrassent par dessus la tranchée, l'humanité des personnages, la beauté des paysages... Et dire que ce n'est que son premier long métrage!

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  11. "Je ne vois pas ce que vous entendez pas alterner différentes photographies... Voulez vous dire différentes teintes de la photographie, comme le passage sépia/couleur de « Stalker » ?
    "
    Parfaitement.

    Paradjanov est d'un gout constant. Bergman creuse plus la dimension de ses personnages. Voila. Tarkovski s'attarde sur l'expression des acteurs (voir le passeur dans Stalker par exemple) sans dégager d'émotions d'eux. On ne comprend pas les ressorts psychologiques de ses films. L'entendre sangloter est insupportable . On en a marre de ne pas savoir vraiment qui sont ces personnages. La photographie peut être sublime ou devenir plate, en sépia caca à la Jeunet!. Chaque film de Tarkovski a son lot de scènes magnifiques, cela dit. L'enfance d'Ivan est un joli petit film de propagande, je n'aime pas cet enfant acteur, avez vous eu la chance de voir Andrei Roublev en 10 m fois 8? Je le place en N°1 de très loin des films de Tarkovski. La quête du moine nous touche (on pardonne quelques maladresses), le film est beau à en verser des larmes, une grande fresque russe à la Dostoievski, hélas moins complexe, on voit l'avantage de la littérature sur le cinéma, qui ne peut faire ressentir ce que l'on ressent à la dernière page des "Frères Karamazov", les fins sont toujours décevantes, mais ici quand même remuante et mémorable.
    Le sacrifice en N°2 mais on sent que Tarkovski se soumet aux exigences extérieures. Plus putassier dans son sujet, plus racoleur dans sa sexualité débridée, mais épuré, et remarquable tout de même. Je vais de ce pas le voir en grand écran je vais m'en mettre plein la vue croyez moi!
    Le miroir en N°3 les 20 première minutes sont sublimes mais sa construction est alambiquée et son narcissisme! horrible. Description très superficielle de l'espagne.
    Nostalghia en N°4: Histoire mal traitée mais paysages d'une beauté à vous couper le souffle, quelle atmosphère brumeuse italienne, tellement délectable, enchantement absolu. Proche du nanar quand la fille montre son sein en pleurant. Le début est déprimant.

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  12. Je vous en ai déjà parlé, mais je trouve le changement de couleur dans Stalker tout à fait bienvenu et naturel, justifié par et justifiant le passage dans un autre monde. Quoi de plus simple et de plus frappant ?

    Paradjanov est certes d'un goût constant, mais ne peut-on pas en dire autant de Tarkovski (exception faite des petits défauts dont vous faites état) ? Je ne suis pas sûr que Bergman creuse plus ses personnages, il creuse surtout davantage leur côté sombre et tourmenté. Mais que dit-il de leur spiritualité ? C'est plutôt le vide de ce côté là chez lui...

    Quant à comparer la photographie de Jeunet et Tarkoski, c'est je crois aller un peu vite en besogne. Le sépia de Tarkovski est magnifique, celui de Jeunet artificiel et vulgaire.

    "L'Enfance d'Ivan", film de propagande ? Je ne vois pas en quoi...

    Je n'ai pas vu "Andreï Roublev" dans ces conditions, mais ça ne m'a pas empêché de l'admirer. C'est un film remarquable, en effet, mais je lui préfère "Stalker".

    Je concède que vous pointez le doigt sur des défauts réels de Tarkovski : un certain narcissisme dans "Le Miroir" (contrebalancé par un particularisme qui confine à l'universel) et surtout les scènes d'hystéries féminines dans "Le Sacrifice" et "Nostalghia", assez impénétrables... C'est le gros défaut que je trouve à "Nosthalgia", qui est peut-être le film le plus cérébral de son auteur, et que je place derrière "Andrei Roublev", "Stalker", "Le miroir" et "Le Sacrifice".

    Et "Solaris" dans tout ça ? N'est-ce pas un film magnifique lui aussi, malgré là encore certains défauts?

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  13. Je radote. ce sont de très bons films. Nous sommes d'accord :)
    Je n'ai pas vu "Solaris" car le DVD est rayé
    L'enfance d'ivan, malgré ses qualités, devait être un film de propagande communiste, et cela se ressent un peu dans son nationalisme effrené. ce n'est pas un jugement de valeur négatif
    Aimez vous houellebecq? Avez vous lu ses romans?

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  14. « Solaris » est vraiment un beau film, mais c'est le moins intemporel des longs métrages de Tarkovski en raison d'effets spéciaux et d'une esthétique science-fiction assez datée. A découvrir tout de même!

    Ok, on peut voir « L'Enfance d'Ivan » comme ça, même si je pense que ce n'est pas du tout son message. C'est plutôt un plaidoyer contre la guerre, d'où qu'elle se trame.

    J'ai parcouru quelques écrits d'Houellebecq sans me souvenir desquels. Je crois que c'étaient des poèmes à la FNAC et une version électronique de « La Carte et le Territoire ». Dépressif et triste à mourir. Ce n'est pas mon genre de lectures. Je lis sur Wikipédia qu'il est influencé par Schopenhauer... Ça ne m'étonne pas. Houellebecq me semble représenter toute la misère intellectuelle française de notre temps.

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  15. Avez vous vu 2001 de S. Kubrick?
    Pour moi Houellebecq est le pire des écrivains.

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  16. Oui j'ai vu « 2001 ». Bof bof... Très surestimé. Assez fascinant sur le moment (abstraction faite des singes ridicules et de bien des défauts pour le coup), surtout le passage psychédélique, mais il n'en reste rien après l'avoir vu. Le cinéma de Kubrick est clinquant et tape à l’œil. A une époque où le goût artistique a disparu, on peut le trouver doué. Mais l'humanité ressort-elle grandie de l'apport de Kubrick ? Non, je ne le pense pas. Il suffit de voir (le mieux reste encore de ne pas le voir) son dernier long métrage, aussi vulgaire et d'une vacuité abyssale que tout un pan de son œuvre. Vous l'aurez compris, Kubrick ne figure pas dans mon panthéon cinématographique.

    Sur Houellebecq on se rejoint, même si je pense qu'il y a encore pire. Je n'ai jamais lu Sade, mais je crois qu'il figure en pole position. Onfray n'est pas mal non plus.

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  17. Quel est votre panthéon littéraire?

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  18. En fait je lis plus volontiers des philosophes ou des essayistes que des écrivains. De plus, ma culture littéraire est encore bien restreinte.

    Mais je vais essayer de vous faire part de mon panthéon.

    Je placerais tout d'abord Sophocle, par ordre chronologique, mais aussi par importance. Son œuvre théâtrale me semble indépassable, même par Shakespeare. C'est d'une richesse insondable.

    Je mettrais ensuite le récit de Joinville de la vie de Saint Louis, même si ce n'est pas vraiment de la littérature.

    Viennent ensuite les romans de Chrétien de Troyes. Un excellent souvenir de jeunesse, j'aimais beaucoup me plonger dans ses récits de preux chevaliers.

    Certains poèmes de Charles d'Orléans sont magnifiques! Leur mise en musique par Debussy est d'ailleurs géniale.

    Le roman que je préfère à ce jour est peut-être « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre. Un peu trop triste à mon goût, mais quelle beauté!

    J'ai oublié La Fontaine : ses fables sont un grand classique de la littérature française.

    Je ne peux passer à côté de Dostoïveski. Son œuvre est parfois très noire et désespérée, mais il a des élans sublimes et c'est un grand peintre de la nature humaine.

    J'aime beaucoup aussi, dans un tout autre registre, « Les Petites filles modèles » de la Comtesse de Ségur. Ses héroïnes sont adorables.

    Il faut que je relise Michel Strogoff de Jules Verne, mais j'en avais gardé un bon souvenir. Sinon j'aime bien les « Lettres de mon moulin » de Daudet.

    Péguy m'ennuie parfois par son style rabâchant (surtout dans ses essais en fait), mais tout de même, il a écrit des choses extraordinairement belles!

    Quant aux auteurs proprement du vingtième siècle... C'est le néant...

    Toutefois, dans le domaine de la bande dessinée, j'aime beaucoup Nausicaä d'Hayao Miyazaki, Tintin d'Hergé et Corto Maltese d'Hugo Pratt.

    Voilà, je pense avoir fait le tour. J'ai certainement dû oublier des auteurs, mais vous avez un bon aperçu de la littérature que j'aime.

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  19. Vous avez lu du 20ème siècle ou rien? Ce néant c'est parce que vous n'avez pas voulu en lire ou alors vous en avez lu et cela ne vous a pas plu? Je n'ai pas compris le sens de votre phrase

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  20. Oui oui, j'ai lu des auteurs du 20e siècle. J'oubliais Saint Exupéry, un peu triste mais joli tout de même.

    « Les Mémoires d'Hadrien » de Yourcenar n'est pas mal non plus, quoi que le vide spirituel de ses protagonistes soit assez stupéfiant.

    J'ai lu par exemple Camus, Vian, Apollinaire... Sans grand intérêt. Idem pour Thomas Mann (quoique je le connaisse mal), Anouilh (j'ai horreur de son Antigone) et quelques autres.

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  21. J'ai lu aussi des auteurs français comme Modiano, Annie Ernaux, Daeninckx, Pennac... Je n'y ai pas trouvé plus d'intérêt.

    Par contre j'aime assez Raymond Queneau.

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  22. Donc oui, peu d'auteurs du 20e siècle me plaisent. Et vous, quel est votre panthéon littéraire ?

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  23. En vrac, Homère, Molière, Dostoïevski (tout), les auteurs sud-américains du 20ème siècle (Garcia Marquez, Cortazar, un peu Borges), Gombrowicz, Faulkner.
    Tendresse particulière pour Henri Bosco, écrivain français peu connu.
    Balzac aussi, cela fait des années que je n'en ai pas lu.
    Avez vous lu Dostoievski dans la nouvelle traduction qui en a été faite (par un certain Markovitch)?
    Paradoxalement, Shakespeare est trop connu, trop adulé pour vraiment me plaire.
    J'ai un penchant pour la littérature grecque (dans le texte évidemment) du 20ème siècle (comme Pénélope Delta), mais c'est un peu biaisé par le fait que je sois grec (né en France, je me suis mis à cette langue que tardivement, la rendant plus fascinante).

    Côté poésie, Verlaine, Rimbaud (qui a chuté dans votre estime?) et puis les grands versificateurs français de l'époque classique.
    Un des meilleurs livres que j'ai jamais lu était un livre pour enfant, sur lequel j'étais tombé par hasard: "Le Passeur" d'une américaine dont je ne me souviens plus du nom.
    Parfois des romans simples, considérés comme "pour enfants" car assez accessibles sont en fait magnifiques, ce n'est pas une honte de le dire. Je pense aux romans d'Henri Bosco comme "L'enfant et la rivière" par exemple.
    La BD est un univers magnifique aussi, souvent la force de certains dessins est sidérante. Je ne connais pas Hugo Pratt.

    Il ne faut donc mépriser aucun genre de littérature. Il n'y a pas de "sous-littérature". Peu importe les moyens utilisés. Je n'aime pas Camus. Les écrivains français sont de plus en plus pauvres, généralement. C'est indigent. Un peu comme le cinéma français d'aujourd'hui. On peut dire la même chose d'autres pays, bien sûr. Cela fait sans doute "vieux réac" de le dire

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  24. J'avais oublié Homère bien sûr.

    Je connais Henri Bosco de nom mais je n'ai jamais lu l'un de ses livres. En revanche je ne connais absolument pas la littérature grecque contemporaine.

    J'ai été un temps fasciné par Lautréamont et Rimbaud. Mais leur poésie n'est pas « constructive », finalement je n'en ai retenu rien de bon. Ce sont deux « voleurs de feu », certes, mais à quel prix ? Je pense aux vies qu'ils ont menées...

    Je vous conseille vivement Hugo Pratt, commencez par « La Ballade de la mer salée », en noir et blanc de préférence (pour mieux saisir la maîtrise de l'ombre et de la lumière chez Pratt). Puis tentez « Corto Maltese en Sibérie » et « Les Celtiques ». Gardez « Les Helvétiques » et « Mû » pour la fin. C'est peut-être le meilleur.

    Comme vous j'aime les romans simples et beaux. Les romans français actuels sont ternes et alambiqués. Ce n'est pas ça l'art. Vous avez tout à fait le droit et raison de dire que le niveau est indigent en France aujourd'hui (au niveau intellectuel et artistique : les deux sont liés de toute façon). Je connais bien mal la littérature d'aujourd'hui, mais le peu que je connaisse me rebute foncièrement. A quand le retour à quelque chose de réellement beau et qui dise l'essentiel, qui chante l'espoir au lieu de se perdre dans un narcissisme désenchanté ? Je crois que notre époque manque sincèrement d'espoir dans l'avenir et même le présent. Et c'est le rôle des artistes que de nous redonner la foi, pas de nous faire part de leurs tourments existentiels, même s'ils méritent certainement d'être entendus.

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  25. Pourquoi n'y a-t-il pas de nouveaux Ozu aujourd'hui ? De nouveaux Dreyer, Kurosawa, Tarkovski, Paradjanov ? Au début des années 60 tous ces grands artistes exerçaient encore leur art. Qui retiendra-t-on de notre décennie ?

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