Affichage des articles dont le libellé est Linklater Richard. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Linklater Richard. Afficher tous les articles

vendredi 21 novembre 2025

« Nouvelle Vague » de Richard Linklater (2025)


Le « Nouvelle Vague » de Richard Linklater est un film assez chiant, comme tous les mauvais biopics... Il pompe tout d'« A bout de souffle », dont 10 minutes de film contiennent bien plus d'idées de cinéma que dans tout le long métrage de Linklater. Dommage de rendre hommage à un film révolutionnaire à travers un résultat aussi convenu. Tout est très lisse sur le fond et la forme, comme dans tout long métrage hollywoodien contemporain. Un bon cliché de carte postale de ce que fut la Nouvelle Vague.

Néanmoins je ne peux pas haïr ce film. Déjà car l'hommage est sincère. Ensuite car on rit pas mal, notamment de Jean-Luc Godard, génialement horripilant, très probablement égal au personnage qu'il fut dans la vraie vie. Je dois dire que Guillaume Marbeck est très bon en JLG. Il restitue bien son intonation de voix et son phrasé, si reconnaissables... et si énervants haha... Zoey Deutch est plutôt bien en Jean Seberg. Si Aubry Dullin fait illusion en Jean-Paul Belmondo au début, bien assez vite il se révèle agaçant en surjouant, trop dans le pastiche à côté de la plaque, Belmondo étant de toute façon inimitable. Je me suis toujours demandé pourquoi ils n'ont pas fait jouer Victor Belmondo pour ce rôle... Outre la ressemblance physique avec son grand-père, ça aurait eu davantage de sens... Il semble qu’il ait candidaté pour le film mais que Richard Linklater ne l’ait pas retenu. Vu le résultat du film, je me dis que ce n’est peut-être pas plus mal pour Victor de ne pas s’être embarqué dans cette galère.

Le « Nouvelle Vague » de Linklater est aussi un long métrage sur un film en train de se faire, restituant en partie l'énergie et l'ingénuité d'un tournage : en cela il est réjouissant. Au point de donner envie de tourner son propre film ! On sent que le cinéaste américain, malgré une carrière assez longue derrière lui, reste passionné. Ça fait plaisir à voir ! Malgré tout, son film est un peu trop empesé et enfermé dans le carcan d'un mimétisme avec ce qu'a semblé être le tournage d'« A bout de souffle » pour nous emporter totalement. L'essai est sympathique, mais n'est pas transformé. A la fin du film, on veut juste revoir le film original de Godard. Signe du semi-échec de Linklater : il donnera envie aux jeunes (ou moins jeunes) spectateurs de revoir la filmographie du réalisateur français, ce qui est plutôt une bonne chose (même si celle-ci est très inégale, soit dit en passant). Mais jamais Richard Linklater n'arrive à justifier l'existence de son film. Comme bien souvent, l'original est mille fois préférable à la copie...

Et puis c'est quoi cette manie de faire des films sur les grands chefs-d'œuvre du cinéma, pour mieux les vampiriser... Après le « Mank » tout aussi raté de David Fincher sur « Citizen Kane », et ce « Nouvelle Vague », à quoi va-t-on avoir le droit ? Un film sur « Casablanca » ? Un autre sur « La Dolce Vita », avec des pseudo sosies de Marcello Mastroianni et Anita Ekberg ? Et on rejouera la scène de la Fontaine de Trevi ? Ah, on me dit dans l'oreillette que Christophe Honoré l'a déjà fait... C'est donc bien une mode actuelle... 

Déjà, ces grands chefs-d’œuvre se suffisent à eux-mêmes, en montrer les coulisses aussi platement, ça n'a rien d'intéressant. Si Linklater et compagnie n'ont rien à dire de plus que ce qui est déjà dans ces films, alors qu'ils s'effacent sans amoindrir les œuvres d'origine avec leur vision étriquée... Et puis quand le cinéma se regarde le nombril à ce point, c'est le signe qu'il ne va plus très bien... Quand les copieurs pullulent aux dépens des artistes, ça n'est pas bon signe... Je suis un peu dur avec Richard Linklater, qui a l'air très sympathique et francophile. Mais s'il veut rendre hommage à la France et à la Nouvelle Vague, qu'il fasse plutôt des films personnels, qu'il crée de vraies œuvres originales, pleines de vie et d'imagination ! C'est ça l'esprit de la Nouvelle Vague !

[2/4]