dimanche 25 octobre 2015

« Chien Enragé » (Nora inu) d'Akira Kurosawa (1949)

    « Chien Enragé » est le premier grand film d'Akira Kurosawa, en ce sens qu'il est totalement abouti aussi bien sur le fond que sur la forme, magistralement filmé, magistralement interprété. Il s'agit tout d'abord d'un film éminemment visuel. Tout en jeux de regards, en suggestions, en significations. Le jeu de l'ombre et de la lumière, l'effet de la chaleur sur les corps, les détails qui délivrent les réponses de l'enquête, le mouvement des personnages, et bien sûr leur regard. Le regard fiévreux de Mifune, jeune inspecteur qui s'est fait voler son arme de service, ce damné revolver qui le rend malade. Et puis la composition du plan, toujours aussi parfaite, souvent construite autour de trois acteurs : tantôt pyramidale, tantôt avec le personnage central en évidence, parfois l'un de dos, toujours avec ce soin, cet art du beau, et cette force picturale. Ensuite l'interprétation de Mifune et de Shimura force le respect : crédibles à 200%, ils sont véritablement leurs personnages. Mais les seconds rôles, comme toujours chez Kurosawa (et les Grands du 7e art) ne sont pas en reste, de la danseuse au maudit voleur de pistolet. Enfin et surtout le fond, le scénario. Dans ce film, Kurosawa se fait le témoin et le peintre de l'après guerre. Dans ce pays et ce contexte apocalyptiques, il oppose deux voies : la droiture, la vertu, le courage et la ténacité, incarnés par Mifune, et la chute, le désespoir, la violence, le néant, personnifiés par Yusa, le voleur de revolver. Mais ce qui fait la force exceptionnelle de ce long métrage, c'est qu'un rien les sépare. Tous deux se sont fait voler leurs affaires en rentrant de l'armée, tous deux ont vécu la guerre et ses traumatismes. Mais l'un a tenu, l'autre s'est effondré. Pourtant tous deux sont comme des frères jumeaux, presque des égaux, tels que représentés dans un fameux plan en fin de film, où ils se jettent dans un champ, presque dans les bras, épuisés, moralement et physiquement, l'un à la poursuite de l'autre, mais semblables par bien des aspects, l'un n'allant pas sans l'autre, à l'image de ce Japon qui se relève difficilement de la guerre, avec sa face lumineuse et sa face obscure. Tout ça est dit en un plan. Toute la force du cinéma de Kurosawa réside dans ce plan, où le fond se coule dans la forme pour ne faire qu'un seul et même matériau cinématographique. C'est la grandeur de son art, de son cinéma. Mais « Chien Enragé » ne se limite pas à ce plan. C'est avant tout une enquête trépidante, inlassable. Ce sont deux courses poursuites d'anthologie. C'est un Tokyo chaotique, agonisant sous la chaleur. C'est un des plus grands films noirs de l'histoire du cinéma. Oui, le premier grand chef-d’œuvre d'Akira Kurosawa, et loin d'être le dernier.

[4/4]

10 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je suis votre blog depuis maintenant plusieurs années et prends toujours autant de plaisir à vous lire, d'autant que je partage vos goûts artistiques sur à peu près tout.
    Il existe certains réalisateurs dont je suis certain que vous les tenez en haute estime, et qui n’apparaissent que trop peu ou pas du tout sur votre blog : en vrac, Murnau, Dreyer, Mizoguchi, Kobayashi, Béla Tarr... et pas une seule critique d'un Tati ! Vous feriez un heureux en en ajoutant !

    Je souhaitais vous poser deux questions :
    - Si vous deviez faire votre panthéon des réalisateurs, quels seraient les 5 premiers (exercice difficile j'en conviens !)
    - lisez-vous des essais de philosophes contemporains, et si oui lesquels ?

    Merci d'avance de vos réponses

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    1. Bonjour,

      Tout d'abord merci pour votre soutien. Vous m'avez bien cerné :-), en effet je suis également un inconditionnel de Murnau, Dreyer, Mizoguchi, Kobayashi, Tati, Béla Tarr (avec peut-être une petite réserve sur le dernier). Pour tout vous dire, Dreyer est peut-être le réalisateur que j'apprécie le plus, du moins Ordet est un des plus grands films du cinéma à mon sens (le plus grand pour moi).

      En fait, pour vous faire un peu l'historique de ce blog, je publiais d'abord des critiques sur Allociné, d'abord sous un autre pseudonyme, puis sous celui d'Arthur de Bussy (contraction d'Arthur Rimbaud et Claude Debussy). Vous pourrez donc retrouver de nombreuses critiques que j'avais écrites à l'époque sur des films de tous ces réalisateurs en cherchant le profil Arthur de Bussy sur Allociné. Il est d'ailleurs en lien sur la droite de cette page (rubrique Liens cinéma). Par contre, je vous préviens que ces critiques sont à prendre avec des pincettes, j'étais plus jeune à l'époque et depuis mon avis a évolué, de plus la notation d'Allociné a changé en cours de route donc parfois les étoiles (ou notes) sont décorrélées des critiques. J'ai le projet de migrer un jour toutes mes critiques sur une même plateforme. Mais ce ne sera peut-être pas sur Blogger :-). Dans tous les cas, ce ne sera pas pour tout de suite.

      Sinon pour répondre à vos questions :
      - mes 5 plus grands réalisateurs :
      1. Carl Theodor Dreyer
      2. Akira Kurosawa
      3. Hayao Miyazaki
      4. Andreï Tarkovski
      5. John Ford et Frank Capra ex-æquo (désolé je triche mais impossible de les départager ^^. D'ailleurs je les mettrais presque ex-æquo avec Tarkovski)

      En fait je viens de réfléchir à ce classement il y a peu donc vous ne me prenez pas tant que cela au dépourvu ;-).

      - Et oui je lis des essais de philosophes contemporains, principalement ceux de 2 philosophes chrétiens mais à portée universelle : Paul Valadier et Rémi Brague. J'apprécie leur rigueur d'analyse et l'humanité de leur pensée. Tous deux sont de grands penseurs de l'époque actuelle, reconnus dans leur domaine, mais pas assez connus du grand public, hélas... Je lis aussi parfois tel ou tel essai d'autres philosophes, mais je n'en trouve pas du même acabit...

      Maintenant, si je puis me permettre, je vous propose de répondre également à ces 2 questions, ce qui me permettra de mieux vous connaître :-).

      Arthur

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  2. C'est assez incroyable comme nos avis sont semblables alors. Le classement que je donnerais est le suivant :
    1. Akira Kurosawa (pour moi indétrônable)
    2. Andrei Tarkovski (subjectivement 2e, mais objectivement devrait être 1er)
    3. Frank Capra
    4. John Ford
    5. Kenji Mizoguchi. Et Yasujiro Ozu et Béla Tarr ne sont pas loin derrière.
    Pourquoi émettez-vous des réserves sur ce dernier ?

    Je n'ai jamais rédigé de critique pour ma part mais je me suis essayé à un classement des mes films préférés, dont voici le lien : http://www.vodkaster.com/listes-de-films/mon-top-50/853695

    Pour ce qui est des philosophes j'en lis en ce moment surtout deux, mais dont les thèmes qu'ils abordent sont complètement distincts : Martin Steffens, dont les idées sont proches de celles de Simone Weil sur de nombreux points, et Jean-Claude Michéa, pour sa critique de l'idéologie libérale.

    Les deux philosophes que vous avez cités m'intéressent, quels seraient selon vous les ouvrages à lire en premier pour les découvrir ?

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  3. Assez incroyable en effet, nos avis sont très proches :-). D'ailleurs Kurosawa pourrait être n°1 ex-æquo avec Dreyer pour moi. En fait, j'ai réellement découvert le cinéma digne de ce nom avec Rashômon. C'est le premier grand choc cinématographique de ma vie, le film qui m'a fait comprendre que les possibilités du cinéma étaient grandes, et qui m'a décidé à découvrir d'autres films d'une même envergure. Et après toutes ces années de construction de ma cinéphilie, je reste toujours un inconditionnel de Kurosawa. En fait j'aime tous ses films (une trentaine). Pas un qui me gène, tous me parlent et me touchent vraiment, ce que je ne peux pas dire de beaucoup d'autres réalisateurs.

    Pour ce qui est de Béla Tarr, j'aime beaucoup Satantango, un peu moins les Harmonies Werckmeister ou Damnation, mais ce sont de grands films. Disons que son regard pessimiste ne me poussent pas à regarder ses films trop souvent. Le Cheval de Turin m'a semblé un poil en deçà, même si de qualité. Disons qu'à petite dose j'apprécie son cinéma, mais je ne me ferais pas un de ces films comme ça, sur un coup de tête. Je suis content de les avoir vu pour ma culture personnelle ceci dit.

    Quant à parler philosophie, Simone Weil est une très grande philosophe, très originale, que j'apprécie et surtout que je respecte beaucoup.

    Pour les 2 philosophes dont je vous ai parlé, de Rémi Brague je vous conseille Modérément Moderne, qui est un ouvrage critique sur la modernité (un de ses ouvrages maîtres d'ailleurs) : sans être rétrograde, Brague critique certains travers de notre temps. Moderne donc, mais modérément, et non pas résolument tel que le disait Rimbaud :-). Et il plaide pour la réhabilitation des humanités : je ne peux que le suivre.

    De Valadier, plusieurs ouvrages sont de très grande qualité, même si certains sont difficiles d'accès.
    Je vous conseille :
    - sur l'art : « La Beauté fait signe », très bel ouvrage qui loue notamment la capacité du cinéma (et sa beauté neuve, titre d'une de ses conférences) à renouveler l'art actuel. Le cinéma est clairement pour lui un art d'avenir.
    - sur la politique : « Du spirituel en politique », bref ouvrage passionnant, qui dépeint les intrications entre sphère politique, publique, et sphère religieuse, spirituelle
    - sur la morale : « Rigorisme contre liberté morale. ‘Les Provinciales’ : actualité d’une polémique antijésuite » : bref ouvrage là aussi ; derrière ce titre nébuleux, se cache en fait la défense de la pensée jésuite face au jansénisme, c'est-à-dire la défense d'un christianisme à visage humain, à l'inverse d'une morale froide, aride, inatteignable, de principe. Clairement Valadier est un jésuite qui bénéficie de toutes les qualités de son ordre : intelligent, humain, il n'est pas pour autant « jésuitique », c'est-à-dire prêt à justifier tout et n'importe quoi par de savants montages intellectuels.
    - et enfin « L'Intelligence de croire », qui est à ce jour une synthèse de sa pensée et de ses ouvrages, sous la forme d'entretien. Un livre là encore très intéressant, qui pousse à réfléchir à notre temps, toujours avec cette humanité du regard qui me plaît tant.

    J'ai regardé votre classement des 50 films que vous préférez, il est proche du mien ;-). J'ai d'ailleurs reconnu votre pseudonyme, il me semble en effet que vous me suivez depuis un moment, peut-être même depuis Allociné :-). Si jamais cela vous dit, je suis à présent sur le site Sens Critique, où je fais toutes sortes de classements, un site qui permet de noter également des œuvres d'autres arts (musique, littérature, bande dessinée principalement), toujours sous le pseudonyme Arthur de Bussy. Il y a d'ailleurs un lien vers mon profil Sens Critique dans la colonne de droite du blog. Dans tous les cas je suis heureux de retrouver quelqu'un qui partage mon intérêt pour de grands réalisateurs et de grands films :-) !

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  4. Merci pour vos conseils sur ces deux auteurs, je vais m'y mettre !
    Tout comme vous, j'ai découvert le cinéma avec Kurosawa, mais avec "Barberousse". Encore une fois, pas loin :-).

    En revanche j'ai noté un désaccord entre nous, qui porte sur Sergio Leone. Certes nous savons qu'il a copié Kurosawa ("Une Poignée de Dollars", c'est un copier/coller pur et dur, plan par plan !) et n'a jamais voulu le reconnaître, mais tout de même, ne trouvez-vous pas que le genre du western se prête tout à fait à ces ambiances, et qu'il a très bien adapté cette mise en scène, avec de bonnes idées ? Eastwood n'a pas à rougir devant Mifune (que pourtant j'adule), et la musique de Morricone prend parfois aux tripes !...

    Suivez-vous l'actualité de quelques réalisateurs contemporains qui vous intéressent ? A notre époque qui privilégie la fabrique de divertissement (parfois de qualité cela dit) plutôt que la culture et l'Art, ils se font rares... Par exemple, quels sont les tout derniers films sortis en salles que vous avez appréciés ?

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  5. En effet, pas loin :-). Barberousse est un des meilleurs Kurosawa au passage.

    Oui en effet vous l'avez bien noté, je préfère de loin Kurosawa à Leone, surtout car le cinéma de Leone a beaucoup plus vieilli que celui de Kurosawa, car il demeure de qualité moindre. Ça reste du bon divertissement (« Le Bon, la Brute et le Truand » au premier chef), mais de là à parler d'art... Mais oui, si l'on parle de divertissement, ça reste fort appréciable, surtout les films avec Eastwood, qui soit dit en passant est plutôt bon acteur, sans non plus atteindre les sommets d'un Mifune. Nous savons que Kurosawa avait pour maître John Ford : et bien le passage de Ford à Kurosawa n'a pas pâtit du transfert, si j'ose dire, Kurosawa valant bien Ford, qui est tout de même un géant du cinéma, par contre le passage « retour » entre Kurosawa et Leone (et du film de samouraï au western) n'est pas du même acabit : Leone reste fortement influencé par Kurosawa, et si je lui reconnaît une « patte » propre, il n'a pas à mon sens le génie de son illustre maître inavoué. D'ailleurs je trouve également que le cinéma de Leone a beaucoup plus vieilli que celui de Ford. Ford est parfois cliché, mais Leone souvent, je pense que c'est ce qui lui a fait du tort. Et ses personnages (point central de tout film de mon point de vue) sont en deux dimensions, quand ceux de Ford ou Kurosawa sont en 3, voire 4 dimensions :-). Le point fort des films de Leone est peut-être la musique de Morricone, que vous avez justement évoquée.

    Quant à des films récents qui m'ont plu, je suis obligé de remonter un peu en arrière, en vrac : Timbuktu (réalisateur à suivre), Le vent se lève de Miyazaki (hélas son dernier long métrage paraît-il), There will be blood (mais ça fait déjà quelques années), Le Conte de la princesse Kaguya (même remarque que pour Miyazaki), Tokyo fiancée (film simple mais plutôt réjouissant), Love is all you need de Suzanne Bier, Une séparation de Farhadi (le cinéma iranien se porte bien), Policier, adjectif (film roumain), Copie conforme (mais le dernier Kiarostami ne m'a pas plu), quelques Eastwood, Achille et la tortue de Kitano, Le Retour et le Banissement de Zviaguintsev, The Way (réalisé par le fils de Martin Sheen)...

    Si l'on continue un peu plus loin : Sparrow (très bon film asiatique genre Nouvelle Vague, avec légèreté et humour), A l'Ouest des Rails, Yi Yi (franchement super), Persepolis (mais les autres Satrapi ne m'ont pas convaincu), No man's land, Memories of murder, Tropical Malady (mais je n'aime pas les autres Weerasethakul)...

    Voilà quelques pistes, sans doute connaissez vous certains de ces films :-). Mais je vous avoue que les films récents ne m'inspirent pas ou très peu, sauf exception bien sûr. A vrai dire, j'estime qu'il ne sort pas un chef-d’œuvre (ou presque) toutes les semaines, or c'est des films de cette qualité qui m'intéressent, donc je ne vais pas souvent au cinéma. Après il y a les films de divertissements, car hélas ces derniers ne sont plus guère à prétention artistique, donc il est plus aisé de les différencier de nos jours. Pour ce qui est des films de divertissement donc, je pense voir le prochain James Bond, que je suppose fade et sans grand intérêt, et le prochain Star Wars, histoire d'écouler quelques places. J'avais plutôt bien aimé Kingsmen dans le genre. Mais même pour avoir un divertissement d'un minimum de qualité, il faut chercher... J'aime bien les 3 premiers Pirates des Caraïbes (genre de cinéma à la Indiana Jones), mais depuis je n'ai pas trouvé grand chose d'intéressant.

    Voilà. Et vous, quels sont vos derniers coups de cœurs cinématographiques ? Ça m'intéresse car je suis toujours heureux de découvrir de bons films récents : je préfère défendre le cinéma actuel quand j'en ai l'occasion que râler sur la qualité médiocre de certains films d'aujourd'hui...

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  6. De ces dernières années je citerais comme vous les derniers films de Miyazaki et Takahata. Je suivrai de près aussi les prochains films de Xavier Dolan car il est indéniable que ce réalisateur, si jeune, a énormément de talent, notamment sa finesse d'écriture. En tout cas il excelle à traiter le thème qui lui est cher, les rapports mère/fils. J'ai surtout aimé de lui "Mommy" et dans une moindre mesure, "J'ai tué ma mère".

    Je vous conseille également vivement un film québécois qui m'a beaucoup plus, "Le Démantèlement" de Sébastien Pilote (2013), film très touchant sur le crépuscule du monde paysan, et dont l'histoire rappelle celle du Père Goriot. Je ne pourrai pas encore dire que ce réalisateur a une "patte", mais ce n'est que son 2e film donc à suivre.

    Sinon dans le type "divertissement", j'ai trouvé très enthousiasmant "La Vie rêvée de Walter Mitty", et j'attends de voir le prochain film de Sean Penn (réalisateur), car j'avais beaucoup aimé "Into the Wild".
    Sinon je continuerai de suivre les prochains films de Kitano ou Kusturica, j'aime leurs films grosso modo une fois sur deux.

    Voilà, enfin ça fait peu. Comme vous je ne vais pas tant que ça au cinéma, car je suis trop souvent déçu... Et dans ce cas comment faites-vous aujourd'hui vos choix pour sélectionner des films à voir ? Y a-t-il d'ailleurs d'autres blogs ou sites web que vous consultez ?

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  7. Pour répondre à votre dernière question, 2 options :
    - ou l'on parle de films anciens, et là il y a pléthore de sources d'informations sur le net, les miennes étant quelques critiques d'Allociné et de Sens Critique, et des sites comme DVDClassik pour les sorties en DVD des « classiques », voire même des avis sur la Fnac ou Amazon
    - ou l'on parle de films actuels (je suppose que c'est davantage l'objet de votre question), et là je vous avoue que je sèche un peu. Je me fie aux réalisateurs actuels que j'estime (une poignée), et que j'espère continuer sur leur lancée, ou aux avis de personnes que je suis sur Sens Critique. Je n'ai pas trouvé de blog correspondant à mes goûts (d'où l'objet du présent blog :-)), même si de temps en temps je fais un tour sur Il a osé : je ne partage pas tous leurs avis, mais ils ont un ton décapant que j'apprécie :-). Sinon j'avoue ne pas suivre les recommandations des critiques professionnels, principalement car je les connais très peu, et d'autres part car d'un média à l'autre (journal, magazine, webzine), les avis sont souvent contraires, et je perçois une fâcheuse tendance à acclamer le moindre film qui sort comme si c'était le nouveau Citizen Kane... Ce qui fait qu'on retrouve sur toutes, je dis bien toutes les affiches des films qui sortent les mêmes expressions dithyrambiques voire franchement pompeuses et ridicules ("le film du siècle", "génial", "jouissif", "émouvant".... et j'en passe). Difficile de faire son choix de cette façon...

    En fait, il y a matière à en faire une thèse. Je m'explique, les grands films se découvrent avec le temps, selon moi il faut laisser le temps faire son œuvre, et 5 ou 10 ans après, on peut juger de la qualité d'un film de façon plus objective. Là il ne reste que quelques élus, mais le choix se fait de lui-même. Maintenant, quand on est « dans le feu de l'action », je dirais qu'il faut faire principalement confiance à son instinct : telle recommandation d'un proche, telle bande-annonce, tel acteur ou telle actrice que l'on aime bien à l'affiche du film... Il n'y a pas de règle figée dans le marbre. Après on peu se fier aux critiques de certains journaux jugés plus « sérieux » que d'autres, genre Les Cahiers... Mais même là je suis rarement d'accord avec eux, surtout qu'ils sont les héritiers de cette Nouvelle Vague nombriliste et mort-vivante que j'exècre (Desplechin, Honoré et consorts). Et même parmi les critiques professionnels ou amateurs que l'on suit, ils peuvent émettre un avis différent du nôtre (après coup) sur un film (et plus probablement sur plusieurs), donc je dirais pour finir que juger des bons films à voir du moment réside en une savante alchimie, un mélange d'influences les plus diverses possibles.

    Et puis il faut surtout se dire une chose, avec les moyens technologiques actuels, il est toujours possible de se faire des séances de rattrapage en DVD ou VOD, et comme ce rattrapage a des chances de se faire une fois que le temps a fait son œuvre « révélatrice »... CQFD :-) !

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  8. Merci pour toutes vos réponses et vos conseils. C'est drôle, je ne connaissais pas l'existence de Paul Valadier avant votre message, et j'apprends par hasard aujourd'hui qu'il organise un colloque le 27 novembre au Centre Sèvres à Paris.
    Je ne sais pas si vous êtes parisien mais je me devais de vous en informer :-).

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  9. Je vous en prie !

    Merci pour l'information ! Je suis parisien, en effet, malheureusement je ne pourrai pas me libérer pour le colloque, mais nul doute que ce sera intéressant.

    Il donne cours au Centre Sèvres donc il est possible de le croiser là-bas. Il écrit aussi dans la revue Etudes, mais malheureusement il a été mis à l'écart, alors qu'il était son rédacteur en chef pendant un certain moment : aujourd'hui il n'y écrit que quelques articles de temps en temps. Mais ses prises de position sont souvent très intéressantes. Ses domaines d'études sont principalement la philosophie politique et la philosophie morale (en fait c'est un spécialiste de Nietzsche), et il se permet aussi quelques incursions dans le domaine de l'art.

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