mercredi 29 juin 2011

« Une Séparation » (Jodaeiye Nader az Simin ) d'Asghar Farhadi (2011)

    D'emblée, Asghar Farhadi nous place en position de juge : au tout début du long métrage, nous sommes au tribunal, le couple des protagonistes principaux nous faisant face, tandis que l'on entend en voix-off parler le magistrat chargé de régler leur différend. Et tout au long du film, nous serons à la fois témoins des événements : que s'est-il passé? disent-ils la vérité? sont-ils sincères? et juges des personnages : qui punir? pourquoi?... « Une Séparation » rappelle à notre bon souvenir « Rashômon » et plus proche encore par bien des aspects « Close up », d'Abbas Kiarostami. Différence de taille : « Une Séparation » accorde moins de place à la beauté de l'image, pour se centrer sur la dramaturgie de l'intrigue, excellente soit dit en passant. De plus, les interrogations qui nous assaillent ne sont pas du même ordre, même si bien des points communs sont dénombrables : les questions relatives à l'homme et à la femme, à l'état, à la justice, à la bureaucratie, au travail, à l'enfance, à la famille, et bien sûr, entre autres, à la vérité sont soulevées, mais surtout pour en faire un état des lieux de l'Iran d'aujourd'hui (par extension, la suggestion étant de mise ici). « Rashômon » et « Close-up » sont des films relativement abstraits, l'un dans le temps et l'autre dans sa narration. Ici Asghar Farhadi nous livre un film extrêmement réaliste quoique pudique, explicitement contemporain, et difficile de ne pas se retrouver parmi tous ces tracas qui accablent les protagonistes, tant la vie d'aujourd'hui n'est guère différente de celle qui se déroule à l'écran. De surcroît le réalisateur se garde bien de tirer des conclusions : les faits parlent d'eux-mêmes, du moins parlent-ils jusqu'à un certain point, et c'est là tout le problème. Je ne sais si « Une Séparation » méritait son Ours d'or, n'ayant pas pris connaissance de la sélection, mais une chose est sûre : il mérite le coup d'oeil. Quant aux interprètes, je ne crois pas non plus qu'ils aient volé leur prix, sans être extraordinaires ils sont très justes!

[3/4]

2 commentaires:

  1. Tu attises ma curiosité.
    Ce film ne m'attirait pas du tout, je le pressentais comme un film extrêmement consensuel, ce que l'on est en droit d'attendre d'un cinéaste iranien aujourd'hui, labellisé "France Inter" (en bas à droite). Bref, de quoi me repousser franchement...

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  2. Honnêtement c'est un film qui n'apporte pas grand chose à l'art cinématographique, mais qui est très bien ficelé et arbore un ton juste je trouve. Un bon petit film en somme, et une bonne surprise par la même occasion! Pas de quoi faire des kilomètres pour aller le voir en salle, mais s'il y a un film à l'affiche en ce moment qui mérite de s'aventurer dans un cinéma, c'est peut-être bien celui-là. A noter que je ne suis plus allé rien voir depuis un bout de temps, mon avis n'est donc pas des plus éclairés! Mais j'ai comme l'intuition que je ne me trompe guère sur l'actualité cinématographique et sa morosité... Vivement la sortie des Béla Tarr, von Trier et autres Sokourov!

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