Hum... Que dire devant ce véritable suicide cinématographique? Je ne sais même pas si ça vaut la peine que j'en parle, il faut le regarder, tout simplement : le voir pour le croire. Ce n'est ni bon ni mauvais, ou plutôt si, c'est à la fois bon et extrêmement mauvais, et le résultat est à peine moyen. Mais on rit beaucoup, c'est déjà ça! On retrouve tout l'humour godardien, se jouant des codes sociaux comme cinématographiques dans un esprit résolument régressif. « Week-end » est une plaisanterie adolescente, mais quelle plaisanterie! Une sorte de mauvaise farce rimbaldienne, trainant avec elle son lot de tics exaspérants, de bêtise insondable... et de moments réjouissants, et même touchants (bien qu'ils soient rares, je le concède). Je vois dans ce film l'équivalent soixante-huitard (à peu de choses près) du « 99 Francs » de Jan Kounen. Un truc à la fois d'un mauvais goût savamment cultivé, fascinant et vomitif à la fois, et d'une justesse certaine, dans sa capacité à capter l'esprit d'une époque dans ses pire défauts et apparences, et à en faire quelque chose... d'aussi contradictoire. Bon, ce quelque chose vaut ce qu'il vaut, mais malgré tout (et surtout malgré lui) il invite quelque peu à la réflexion, notamment sur ce qui nous entoure et la société dans laquelle on vit : « Week-end » est encore d'actualité, c'est étonnant à quel point, et je ne sais pas s'il faut s'en réjouir... Bref, dans « Week-end » Godard s'amuse comme un sale gosse, et on le suit la plupart du temps. Certains passages sont vraiment ratés, et laissent entrevoir les rouages de la mécanique godardienne (le côté improvisation théâtrale qui n'a rien à dire et fait tout pour attirer l'attention du spectateur. Horrible). D'autres par leur répétition viennent amoindrir la puissance du film (pourquoi cette manie de répéter des passages qui ont bien marché au début du film? C'est une énigme pour moi...). Et puis d'autres encore, sont tout bonnement irrésistibles. C'est loin d'être le meilleur Godard, mais il vaut le coup d'oeil! Attention à l'indigestion toutefois...
[2/4]
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