Trop. Trop d'images, de sons,... Trop de plans, de choses inutiles, répétitives, forcées, trop de symboles, de pellicule, de musique (le grand Bach côtoie... la soupe signée Alexandre Desplat)... Et trop de déjà-vu. « The Tree of life » est un film raté, profondément raté. Pour faire simple, c'est le « Miroir » de Terrence Malick revisité par Gaspard Noé (cette caméra omnisciente qui plonge à n'en plus finir). Mais ce qui a été fait une fois ne peut l'être une seconde (en ce qui concerne « Le Miroir » j'entends), « The Tree of life » n'est donc qu'un film d'un réalisateur qui cherche à être autre, à être « le plus grand » : les seuls moments réussis et vraiment bouleversants du long métrage, ce sont certains moments dramatiques, concernant la famille, réellement « créés pour le film » (ou du moins ce sont les seuls passages à sembler l'être). Le reste est de l'art pour ceux qui ne croient que ce qu'ils voient. Malick choisit alors de montrer, beaucoup. Mais il est certaines choses que l'on ne peut pas montrer, que l'on ne peut, humblement, que suggérer. Qu'il emprunte (là aussi beaucoup) à Yann Arthus Bertrand (sic), à Brahms, à Tarkovski ou à Kubrick rien n'y fait, Malick s'est perdu dans ce projet gargantuesque, exactement le type de projets infaisables sur le papier, et qui gagnent à ne rester qu'un rêve. Une fois à l'écran, il s'agit d'une mécanique rutilante, de la poésie pour mangeurs de pop-corn (passez moi l'expression, mais l'on se demande souvent si Malick ne cherche pas trop à se faire comprendre, surtout d'un certain public). En fait, son chef-d'oeuvre, il l'a réalisé depuis bien longtemps. C'est « La Balade sauvage ». Question de forme et de concision sans doute, de sincérité et de spontanéité surement. Depuis, chacun de ses films n'a fait que ternir un peu plus son aura de réalisateur mythique. Le voilà en passe de devenir ringard, commun, vidé de toute émotion, embourbé dans une esthétique new age fatigante, et des tics de réalisation aujourd'hui clairement ostensibles... Dommage, vraiment. Il aurait mieux fait de ne pas sortir de son silence, et d'en rester à ce qu'il avait fait, et bien. Car oui, Terrence Malick est, ou était un grand cinéaste, mais peut-être ne le sait-il pas, et court-il après autre chose que du cinéma... Pour revenir à « The Tree of life », c'est un film non fini, auquel il faudrait retirer des heures et des heures (je vous l'accorde, il n'en resterait pas grand chose), et oui ce serait un grand film, immense même. De toute évidence Malick n'a pas su où couper, car tout aurait été à refaire en ce cas, ou d'un autre point de vue. La structure même du film le plombe, sans compter qu'elle n'est pas rattrapée par l'esthétique façon National Geographic ou pub pour voitures d'une « beauté » toute relative... En somme, un échec cinglant.
[1/4]
J'en étais sûr... Pas vu le film mais pas besoin de l'avoir vu pour approuver ce que tu dis.
RépondreSupprimerEt "La ballade sauvage", qui n'est pas pour moi un chef d'oeuvre, mais un relatif bon film, est effectivement son meilleur.
Oui, c'est vrai que chef-d'oeuvre c'est peut-être aller un peu vite en besogne, en tout cas j'en garde un bon souvenir, qui gagnerait sans doute à rester en l'état!
RépondreSupprimerJe viens de découvrir le film.
RépondreSupprimerAlors je ne m'attendais pas à un bon film, mais je ne m'attendais pas non plus à quelque chose d'aussi mauvais...
Pour être clair, il s'agit à mes yeux d'un véritable nanar! J'ai du me faire vraiment violence pour tenir jusqu'au bout (j'avoue d'ailleurs avoir parfois décroché pendant les séquences "National Geographic", comme tu les qualifies fort justement).
Mais tout est affreusement mauvais ici. Le montage est totalement bordélique et rend le film, visuellement, à la limite du regardable. Un enchaînement de plans de 2 secondes que l'on croirait montés aléatoirement par une machine, montage aléatoire qui par ailleurs ne fait jamais sens ou n'engendre aucune impression poétique. Comment, de toutes façons, avoir la moindre impression ou émotion face à un tel défilement d'images? Le film ressemble en cela à une vaste bande annonce américaine (de plus de 2h tout de même), conçue comme un enchaînement extrêmement rapide de plans.
Le film est affreusement monté, mais aussi affreusement filmé. Malick use et abuse de ce que j'appellerai le plan "balançoire": on pose la caméra sur une balançoire pour, je suppose, donner du dynamisme au plan. Résultat: ça bouge dans tous les sens et plutôt que de nous offrir une mise en scène "aérienne", Malick réalise un film totalement indigeste.
Encore faut-il parler de ces voix off, tout en murmures, avec un effet d'écho qui m'a rappelé les films d'Heroïc Fantasy (je pense à la voix off de l'elfe Galadriel dans "Le Seigneur des anneaux" de Peter Jackson, une référence hautement artistique!). Quand aux propos tenus, et qui se veulent d'une insondable profondeur, leur manque cruel de profondeur philosophique (alors que tous les moyens sont déployés pour y focaliser notre attention) fait de la peine...
Sur le fond maintenant, le film traduit une sorte d'angélisme béatifiant assez misérable. Une histoire familiale et plus particulièrement une relation père-fils traitée de manière fort convenue, doublée d'une leçon de catéchisme un peu crétine pour gamin de 3 ans, le tout enrobé d'un voile de mysticisme et de la spiritualité non pas suggérée, mais imposée aux forceps...
Et je passe encore sur ces 2 interminables séquences mélangeant plans aériens de la nature, images du cosmos, dinosaures de synthèse (!), etc..., séquences dont certaines images sont directement empruntées aux rushs du "Home" de l'écolo-buinessman Yann Arthus Bertrand (et son commerce frauduleux des compensations carbone) et les autres qu'on croirait sorties d'une pub Orange Telecom...
Consternant. Et dire que ce machin a obtenu une palme d'or à Cannes... (ok, d'accord, avec un jury présidé par De Niro, mais tout de même, cela ne suffit pas à justifier une telle absurdité).
Il est vrai qu'une Palme d'or pour ce film, c'est excessif. Mais vu la « qualité » pour le moins décevante de la sélection, ce n'est guère étonnant. A croire qu'on ne sait plus faire des bons films de nos jours...
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