Finalement il l'a fait. Darren Aronofsky aurait pu continuer sur la voie de « The Wrestler » et son académisme « tendance » (à tendance misérabiliste pour être juste), mais il s'est ressaisi et nous a réalisé un film presque aussi osé que « The Fountain ». « Black Swan » est un véritable choc cinématographique, artistique et physique, le cinéaste américain, comme à son habitude, n'épargnant guère le spectateur... Un choc donc, qui me laisse penser qu'un deuxième visionnement ne sera pas aussi riche. Mais pour le moment évoquons ce premier aperçu : il fut grisant. Depuis longtemps je n'avais vu au cinéma un film fraichement sorti aussi maîtrisé, aussi cohérent, aussi dense dans son propos (malgré ses apparences réductrices)... D'autant qu'à chaque instant il risque de s'effondrer sur lui-même, puis nous surprend et repart de plus belle. Il faut en effet remarquer tout d'abord la maîtrise du rythme d'Aronofsky. Son long métrage est une lente montée en puissance entrecoupée de brefs instants de relâchement qui équilibrent le film, et il parvient à plonger le spectateur dans une fascination quasi-constante pour ce qui se trame à l'écran, fascination au diapason du ressenti de l'audience, viscéralement identifiée à l'héroïne. A ce propos, parlons de Nathalie Portman : elle est ici parfaite. Aronofsky n'est pas tendre avec elle, mais elle parvient à jouer avec la plus grande des subtilités la multitude des sentiments qu'éprouve cette danseuse à la volonté de fer. Vincent Cassel quant à lui n'est pas très à l'aise avec l'anglais et fait un peu trop figure de faire-valoir, mais il s'en sort honorablement. Le reste de la distribution est tout aussi appréciable. Mais revenons au film en lui-même : ce qu'il dit de l'art et de l'artiste n'est que trop vrai, tant il s'agit d'une discipline qui nécessite une implication physique et mentale totale, aux conséquences que l'on sait. Et la façon dont Aronofsky le dit, c'est par les images (et quelles images!) ainsi qu'à l'aide d'une excellente bande-son, ce qui me permet d'avancer qu'il a bien réalisé une oeuvre cinématographique digne de ce nom. On pourra regretter que l'art de la suggestion soit aussi relatif chez lui, c'est certain. Toutefois soyons honnêtes : « Black Swan » est une réussite, et Darren Aronofsky est bien à mon sens l'un des rares cinéastes du moment à suivre, même s'il lui reste encore bien du chemin à parcourir pour faire date dans l'histoire du septième art.
[2/4]
Tiens, c'est drôle, j'ai trouvé ce film d'une placidité pointilleuse. Je devais être fatigué à ce moment, certainement; et je ne l'ai pas vu au cinéma.
RépondreSupprimerJe pense qu'en ce qui me concerne, l'avoir vu au cinéma lui a donné une autre dimension. Je me souviens avoir été bluffé par Aronovsky, dont je n'attendais plus rien... Je trouve qu'il a osé proposer quelque chose à la limite du fantastique, presque surnaturel (créatif pour tout dire), mais pourtant qui marche, et c'est là sa grande réussite. Avec ce film, on peut vraiment dire qu'il maîtrise le matériau cinématographique.
RépondreSupprimer