« Le Maître du logis » est un excellent film de plus à mettre au crédit de Carl Theodor Dreyer, brillant cinéaste danois qui a laissé à la postérité une œuvre sans pareille, caractérisée par la finesse avec laquelle il a su dépeindre l'âme humaine. L'intrigue est simple, mais universelle, malheureusement. Il s'agit d'un maître de maison imbu de lui-même, agissant comme si tout lui était dû envers sa femme, qui courageusement s'attelle sans relâche aux tâches ménagères quotidiennes. John, cet homme que l'on peut qualifier de rustre, se comporte tant et si bien comme un tyran de la pire espèce que sa femme devra prendre du repos à la campagne pour préserver sa santé. Nana, la vieille nourrice de John se chargera de le faire revenir sur le droit chemin et présenter ses excuses pour le retour de Mary, sa femme. « Le Maître du logis » est un kammerspiel, un film de chambre. Tourné majoritairement en intérieur, il brosse le tableau néoréaliste avant l'heure d'un ménage danois du début du XXème siècle, ses heurs et ses malheurs. Plus encore il met en scène l'intériorité d'un couple, la fluctuation des sentiments d'un mari arrogant. Avec une grande humanité, on sent que Dreyer aime ses personnages, même son anti-héros qu'il fera revenir à la raison. Et c'est bel et bien l'amour conjugal le plus noble qui aura le dernier mot. On retrouve cette soif d'amour qui parcourt toute l'œuvre du cinéaste danois, et qui lui a valu de donner vie à tant de chef-d'œuvres. En somme, un film jalon dans le parcours de Dreyer, qui laisse présager les grandes choses à venir, et un talent en germe.
[2/4]
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