mardi 16 novembre 2010

« La Voix Solitaire de l'Homme » (Odinokiy golos cheloveka) d'Alexandre Sokourov (1978)

    Dès ses débuts cinématographiques Alexandre Sokourov faisait preuve d'un indéniable talent. « La Voix Solitaire de l'Homme » est un coup d'essai remarquable, un film riche, original et poétique. Par ailleurs Sokourov se garde bien d'expliquer par le langage ce qu'il raconte par les seuls images et sons, et l'on trouve déjà tout ce qu'il développera par la suite dans ses longs métrages ultérieurs : le souvenir, la mémoire, l'homme face à la mort et la vie, l'altérité des choses… Sa démarche est donc tout ce qu'il y a de plus estimable et le « rendu » des plus intéressants. Je ne partage pas en revanche l'enthousiasme sans réserve de certains, pour ma part je ne peux m'empêcher de voir « La Voix Solitaire de l'Homme » comme une oeuvre louable dans ses intentions, moins dans son aboutissement. Il convient de rappeler le contexte de sa création : il s'agit d'un film de fin d'études, comportant d'inévitables défauts inhérents à l'exercice. Sokourov use trop souvent à mon goût de répétitions visuelles, d'inserts assez attendus et « faciles »… D'autant que quand il filme plus simplement ses acteurs la crédibilité et la pertinence de leur prestation (et donc du film) commencent à s'infléchir… Les personnages qu'ils jouent (je ne sais si cela provient du jeu des acteurs ou de l'écriture des protagonistes) s'avèrent être quelque peu artificiels. Par ailleurs ces séquences ont quelque chose de (trop) naturaliste, heureusement qu'elles se voient contrebalancées dans la somme formelle du long métrage! Sokourov aime filmer les gestes les plus banals : ils révèlent en effet beaucoup des personnages, mais ils limitent d'autant plus la portée et l'intérêt de l'oeuvre, du moins à mon sens. Une fois encore j'en attendais manifestement trop d'Alexandre Sokourov, ou peut-être suis-je plus simplement peu sensible à son art, toujours est-il qu'en dépit de grandes qualités son premier long métrage ne m'a pas tout à fait convaincu. Nombre de séquences sont pourtant inspirées! Un film que je qualifierais de beau, à défaut de grand...

[2/4]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire