Dire qu'il fut un temps (pas si éloigné que cela!) où je doutais du talent d'Abbas Kiarostami... Quelle erreur! D'autant que Kiarostami nous propose à chaque fois des films d'une simplicité et d'une subtilité rares : il suffit juste de se laisser porter par la jolie photographie en couleurs, par les prises de vues inspirées malgré leur dénuement total, par les interprètes tous plus attachants les uns que les autres, par le charme des fables que l'auteur iranien sait si bien nous conter... Avec « Le Choeur », Kiarostami part comme à son habitude d'une idée que l'on pourrait qualifier de toute bête : la traduction cinématographique de l'isolement d'un vieillard sourd au monde qui l'entoure. En un sens, le seul lien qui lui permet de se rattacher à la vie quotidienne est son appareil auditif, qu'il peut fort heureusement enlever à sa guise lorsque les bavards intempestifs ou les marteaux-piqueurs se font trop insistants. Seulement voilà, à trop se couper des désagréments de la vie il en va jusqu'à oublier les siens! A ce titre « Le Choeur » peut très bien faire office de métaphore quant aux affres de l'âge ou au fossé qui sépare toujours les générations, ou encore quant aux revers inévitables du confort, mais il est tout autant à prendre (et apprécier) au premier degré : l'histoire amusante et touchante d'un grand père et de sa petite fille séparés par le son et l'espace. Une admirable petite merveille, d'une délicate et belle harmonie!
[3/4]
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